Le « oui » à l’initiative populaire fédérale « Contre l’immigration de masse » (IIM) en 2014 a coûté à la Suisse la participation au programme de mobilité Erasmus+. Ce qui avait été présenté comme un remplacement provisoire de trois ans risque bien de devenir une situation permanente. Et les étudiants suisses en sont les premières victimes.

La réaction de l’Union européenne, après le « oui » à l’initiative populaire fédérale « Contre l’immigration de masse » du 9 février 2014, n’a pas tardé. Bruxelles suspendait les relations avec la Suisse concernant le programme Erasmus+. La Suisse recevait alors le statut d’Etat tiers dans le programme. Afin de sortir de cette impasse, le Conseil Fédéral approuvait en avril 2014, seulement deux mois après la votation, une solution temporaire : le Swiss-European Mobility Programme (SEMP).

Il est censé permettre aux étudiants suisses d’avoir toujours la possibilité de faire une partie de leurs études à l’étranger. Cependant, l’argent nécessaire au programme ne provient plus de Bruxelles, mais directement de Berne. Ainsi, moins d’argent est octroyé et il y a des restrictions à tous les niveaux.

« L’offre a été considérablement réduite. […]»

-Yahsmina Coutaz

Le programme Erasmus+ se décline en trois actions clés :

  1. Mobilité des personnes pour étudiants et stagiaires
  2. Partenariat avec des organisations pour la promotion de l’innovation et de la formation professionnelle
  3. Promotion de l’éducation politique et des réformes à travers la coopération internationale dans l’enseignement supérieur.

La solution provisoire SEMP, elle, ne se préoccupe que de la première action clé. Mais, même à ce niveau, le programme SEMP ne peut remplacer complètement Eramus+ : « L’offre a été considérablement réduite. Seule, la Suisse peut logiquement négocier avec beaucoup moins d’universités étrangères que l’union européenne. Ce n’est qu’une question de ressources », nous explique Yahsmina Coutaz, co-présidente de l’Association générale des étudiants de Fribourg (AGEF). Par ailleurs, la Suisse reçoit, avec le SEMP, beaucoup moins d’étudiants étrangers, car sans l’aide financière de Bruxelles, cet échange est devenu beaucoup plus cher.

«[…] , la solution temporaire apporte l’incertitude financière […]»

-Yahsmina Coutaz

Incertitudes

La solution temporaire est également associée à une certaine incertitude chez les étudiants. Yahsmina Coutaz voit en cette relation deux problèmes : « D’une part, la solution temporaire apporte l’incertitude financière. En effet, le gouvernement fédéral peut réduire les contributions pour le SEMP beaucoup plus tôt et avec moins de complications administratives qu’avant, lorsque la Suisse était membre du programme Erasmus+. »

La deuxième incertitude réside, selon elle, dans le fait que l’accord des universités suisses avec leurs partenaires étrangers doit être constamment renégocié. Et lors de chaque nouvelle négociation, il y a un risque que l’université partenaire parte.

Bureaucratie et avenir incertain

Comme toutes les conventions avec les universités partenaires suisses doivent être négociées individuellement, il y a une hausse massive du travail bureaucratique. Cependant, la source de ce phénomène se trouve dans la IIM, qui occupe une position politique et qui s’investit pour une réduction de la bureaucratie.

 « Comment prendre au sérieux le SEFRI, qui assure reprendre les négociations avec l’UE depuis 2014 pour parvenir à une association complète et qui au lieu de cela maintient une situation provisoire comme une situation permanente ? »

-Yahsmina Coutaz

En résumé, Yahsmina Coutaz nous explique qu’il est logique d’avoir une perte à tous les niveaux en essayant de remplacer un programme de réseau international tel que Erasmus+, avec une organisation nationale. En février 2017, le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) a annoncé que la solution provisoire serait prolongée jusqu’au 2018.

La confiance en le SEFRI concernant Erasmus+ est, de ce fait, anéantie aux yeux de Yahsmina Coutaz : « Comment prendre au sérieux le SEFRI, qui assure reprendre les négociations avec l’UE depuis 2014 pour parvenir à une association complète et qui au lieu de cela maintient une situation provisoire comme une situation permanente ? ».

Selon la Co-présidente de l’AGEF, la seule chose qui nous reste en tant qu’étudiants, c’est de s’engager dans le problème afin de le résoudre. S’informer, comprendre, prendre position – afin que tous les élèves puissent faire en sorte que cette question reste à l’ordre politique du jour.

Traduction : Sharon Carminati