A Singapour, la peine de mort est un thème tabou. La pendaison est une partie intégrante du quotidien d’une prison, et pourtant, la discussion reste close. Punishment cells, condemned cells. Elles participent de manière égale à la concrétisation de l’administration pénitentiaire.
Aiman a 28 ans. Dans sa jeunesse, il a vécu au rythme de gangs. Il s’est ensuite plongé dans la monotonie de l’armée pour chercher un cadre, une structure. Aujourd’hui, Aiman est gardien de prison et vit chez sa sœur qui est impatiente de s’éloigner du monde dans lequel ils ont toujours vécu. Grâce à sa curiosité perpétuelle, Aiman accède au lieu de pendaison. L’exécuteur bientôt à la retraite, lui propose sa place. Sera-t-il le prochain Hangman ? Troublé par son passé, et par son père d’il y a bien longtemps, Aiman sera-t-il capable de pendre ?
“Do you remember the people you hang ? Do you speak to them ?”
“My job is to make sure they die instantly. Here, we are humane.”
Un film lent, imprégné de silences et de pauses. Une source d’ennui, donc ? D’impatience ? Non, bien au contraire : source de réflexion et de méditation. Sa lenteur est peut-être sa caractéristique la plus puissante. Boo Junfeng nous incite à réfléchir activement. Pas seulement après la projection du film, mais plutôt, tout au long de l’histoire.
“Do you feel bad for him ?”
“What’s the point in that ?”
Voilà la place que l’on donne aux pendaisons dans la société Singapourienne.
Ce chef-d’œuvre s’est vu décerner le « GRAND PRIX » ainsi que le « Critics’ Choice Award » lors du festival. Quelle magnifique manière de récompenser ce jeune réalisateur qui a osé aborder une thématique complexe de manière digne et élégante !
Crédits Photo:FIFF