Dossier FIFF: les conférences

À l’occasion de la 36ème édition du Festival international du film de Fribourg (FIFF), Spectrum vous propose une couverture des différents films et autres conférences qui parsèment le festival: Tour d’horizon des conférences du FIFF.

 

Le monde après l’apocalypse

“Pourquoi la science-fiction doit-elle être aussi sinistre ?” Voilà la question à laquelle Marc Atallah, le directeur de la Maison d’Ailleurs à Yverdon, a tenté de répondre au cours de cette passionnante conférence sur le pouvoir d’évocation des récits. Car il est vrai que de Mad Max à Matrix, en passant par Blade Runner, Malevil ou encore Akira, le futur sur nos écrans a rarement pris la forme d’une utopie. Mais est-ce bien du futur dont il est question dans ces œuvres ?

En lien avec la section “cinéma de genre” du Fiff  qui est, cette année, centré sur le récit post-apocalyptique, Marc Atallah interroge et remet brillamment en question le rôle des œuvres science-fictionnelles.

De prime abord, ces histoires post-apocalyptiques se présentent  comme des représentations plus ou moins plausibles  d’un futur extrapolé à partir de notre présent, mais elles se révèlent plutôt être des métaphores de notre propre monde contemporain, de notre propre humanité et de ses dérivés ainsi que de nos angoisses sociétales et métaphysiques. L’apocalypse au cinéma et ailleurs représente tour à tour le néo-libéralisme sauvage, l’instrumentalisation des êtres-humains ou le constat d’une humanité qui disparaîtra nécessairement, pour s’éteindre ou, qui sait, se transcender.

En somme, Marc Atallah nous pose cette simple question: Et si nous vivions déjà après l’apocalypse ?

 

C’est quoi ces métiers au génériques:

Dans ce workshop animé par Fribourg Film, plusieurs professionnel.le.s du cinéma suisses nous ont présenté les “métiers de l’ombre” qui permettent aux films de devenir ce qu’ils sont. Au-delà des projecteurs et à l’ombre des réalisateur.trice.s, scénaristes  et des acteur.trice.s, nous avons pu découvrir la logistique interne, complexe et concrète de la création d’un métrage. Petit tour d’horizon des métiers du cinéma:

Directeur.ice de la Photographie :

C’est un métier d’une très grande importance et exercé en étroite collaboration avec le.la réalisateur.trice. Iel est responsable de tout ce qui concerne l’imagerie d’un film au niveau technique ( la lumière, la caméra et la machinerie) et ce, du début de la production jusqu’à sa fin. Iel donnera des instructions au chef électricien afin de gérer la lumière  La décision d’employer des spots, des leds, ou même les sources de lumière naturelle lui revient afin de contribuer au à l’identité visuelle des images du film. Il donnera également des indications aux machinistes, responsables des mouvements de caméra. Il s’agît pour le.la directeur.trice de la photographie de déterminer si un plan a plutôt besoin d’un mouvement de grue, de l’utilisation d’un steadycam ou encore d’un drône. Iel s’occupera également de déterminer les objectifs  à utiliser sur la caméra en compagnie du premier assistant-opérateur..

Premier.ère assistant.e opérateur:

Iel s’occupe principalement de la préparation de la caméra et sélectionne le matériel adapté aux choix esthétiques du réalisateur.trice et du.de la directeur.trice de la photographie.  Iel s’assure que la caméra soit prête pour le début du tournage afin de ne pas perdre de temps. Cela représente un grand travail en amont qui se poursuit sur toute la durée des prises de vue. C’est l’assistant.e opérateur qui  ajoute les accessoires à la caméra pour qu’elle soit la plus adaptée aux objectifs du planning. Plus important encore, iel change les objectifs. Outil extrêmement coûteux, il doit être manié avec grande précaution en compagnie du deuxième assistant.e opérateur. Personne ne doit d’ailleurs jamais courir avec un objectif à la main. Enfin, l’assistant.e opérateur devient, lors de la prise d’image, également le.la pointeur.euse du film. Iel contrôle l’objectif manuellement afin que l’image soit toujours nette là où il le faut. Une dernière tâche qui s’accompagne d’une énorme pression…

L’étalonneur.euse :

L’étalloneur.euse arrive en bout de chaîne de la production d’un film. Son rôle est d’équilibrer les couleurs et la luminosité des rushs (image brutes du tournages) afin d’avoir un résultat homogène et uniforme: Passer de teintes bleus claires à du jaune foncé d’une scène à l’autre peut porter un grand préjudice au film si cela n’est pas souhaité.  Si les étalloneur.euses existent depuis les débuts du cinéma et du travail sur pellicule, leur rôle se limitait à uniformiser le rendu des images brutes que les chef.fe.s opérateur et leurs équipes avaient filmées. L’arrivée du numérique a néanmoins vu la profession exploser. Désormais, les étalloneur.euses bénéficient d’une plus grande marge de manœuvre dans la création de l’identité visuelle d’un film et peuvent collaborer directement avec le réalisateur lors de la post-production pour travailler la couleur et la lumière…

Opérateur.trice.s son :

Iel va créer l’habillage sonore du long-métrage. Il faut savoir qu’en général, plus du 90% des sons d’un film sont enregistrés. Cela concerne autant les films de fiction que les documentaires. L’opérateur.trice son devra redoubler d’ingéniosité pour évoquer et recréer une ambiance sonore qui soit cohérente avec l’histoire qui est racontée et le message que le réalisateur.trice veut faire passer. Toute idée est bonne à prendre ! Ainsi, les bandes magnétiques de vieilles cassettes vidéos imiteront merveilleusement bien le bruit des feuilles mortes d’un petit sentier. Il faudra enregistrer des bruits de pas ou encore frotter du cuir contre un micro pour donner vie à un sac qui ne fait pas de bruit dans les prises de vue originelles. L’opérateur.trice son est vraiment l’élément de la chaîne qui permettra de rendre un film véritablement immersif.

Premier.ère assistant.e réalisateur

On connaît bien-sûr le réalisateur.trice mais beaucoup moins son ou sa première assistant.e.  La responsabilité leur incombe pourtant de gérer toute l’organisation du tournage. Iel s’occupe du plan général, de l’ordre de tournage des séquences et fait le lien entre tous les départements. Le tout afin que le.la réalisateur.trice puisse se concentrer sur l’aspect artistique de la production.

Secteur HMC :

Acronyme d’Habillage, Maquillage, Coiffure, c’est de ce secteur que va naître l’identité visuelle et l’apparence des personnages. C’est un département extrêmement technique qui demandera toujours un énorme travail de préparation, que le style du film soit naturaliste ou, au contraire, complètement surréaliste. Les employé.e.s du secteur HMC doivent également bénéficier d’une grande culture générale afin de correctement représenter les différentes périodes historiques qu’un film peut évoquer. Il faut également faire preuve d’un grand savoir anatomique, en particulier pour ce qui concerne les maquillages en effet spéciaux: “Quand nous faisons de la recherche d’images, certaines nous restent bien en tête” a-t-on même pu entendre à la conférence. En effet, blessures, cadavres et autres difformités sont au cinéma le fait des maquilleurs et des maquilleuses. Ces dernier.ère.s se doivent également d’être extrêmement patients et à l’écoute afin de rendre les sessions de maquillages- qui peuvent parfois durer plusieurs heures- le plus agréable possible…