Une fois n’est pas coutume, le FIFF nous emmène dans le sillage d’un western sud-africain dont les protagonistes font partie des opprimés.

« D’abord, sont venus les trains et avec eux les colons. Puis, ils l’ont appelée leur terre.»

Afrique du sud, durant l’apartheid, une bande de cinq jeunes tentent de se révolter contre l’oppression des colonisateurs. Leurs jeux s’avèrent innocents, jusqu’au jour où Tau, dit Le Lion, tue deux policiers blancs après que ceux-ci aient tenté d’enlever un autre membre de leur clan. Sentant qu’il a dépassé les limites et que les conséquences seront lourdes, il s’enfuit. Nous retrouvons Tau, vingt ans plus tard à sa sortie de prison. Il décide alors de retourner dans sa ville natale « Marseilles », mais les choses ont bien changé et il n’y est plus vraiment bienvenu.

Jouant sur les codes typiques des westerns, son réalisateur Michael Matthews arrive pourtant à rafraîchir un concept suranné. C’est un véritable travail de cinéphile comme le démontre ses multiples références à des films tels que « Mad Max : Fury road » avec ses « Night Runners », qui ne sont pas sans rappeler les membres motorisés de l’armée d’ « Immortan Joe », « Le Bon, la Brute et le Truand» pour ses combats épiques précédés d’une tension palpable, « ça » de par la composition du groupe, leurs retrouvailles après plusieurs années et leur combat contre un ennemi commun, sorte de monstre légendaire, « Pennywise » pour les uns et « The ghost » pour les autres.

Pourtant, il ne manque pas de s’écarter de ses œuvres, en laissant la part belle à des minorités sous-représentées à l’écran et en abordant des sujets sensibles : colonialisme, discrimination raciale, oppressés devenant oppresseurs… bref, un véritable bijou cinématographique qu’il ne faut laisser passer sous aucun prétexte.

Five Fingers for Marseilles de Michael Matthews
Afrique du Sud
120 minutes

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