Située dans le Jura bernois, la Maison-Matrice offre un espace pour la création d’un tissu social pour soutenir la production de la culture au sens large.
Le concept
« L’idée est de créer un espace de développement créatif, dans lequel toute personne peut participer aux réunions, ainsi qu’aux décisions concernant le développement de la structure et de sa mission », nous explique Claire Huguenin, membre du comité de la maison depuis 2 ans. À la Maison-Matrice l’organisation est horizontale, toutes et tous suivent la règle d’or : de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins. Ceci pour qu’il n’y ait pas de discrimination par rapport au prix, le comité désirant avant tout que chacun et chacune puisse accéder à la maison. La mission de la Maison-Matrice n’est pas seulement la création d’un espace respectueux de l’environnement et ouvert, mais aussi de protéger, favoriser la culture et l’art ainsi que promouvoir la création de liens forts : « Nous créons des liens non seulement avec les artistes qui passent par la Maison-Matrice, mais aussi avec le village de Crémines par exemple en créant un service qui permet aux villageois d’emprunter nos jeux de société ».
La Maison-Matrice
Le projet de créer un espace de partage est né suite à la fermeture du Phonographe (centre culturel de Moutier). Il y a un an et demi la structure a ainsi développé sa propre identité en s’affirmant comme une association à but-non lucratif, mais aussi en changeant de nom, passant de La suite du Pantographe à Matrice. Le choix du nom rappelle d’une part le mot « utérus » en français et d’autre part, le terme anglophone signifiant « environnement politique et social », ainsi que bien entendu la définition mathématique du mot « Matrice ».
Toutes ces interprétations appellent à une interprétation d’un endroit favorable au développement et à la transformation, maître mot de la maison : un développement artistique, personnel, politique, social et économique, comme nous l’explique Claire Huguenin. Des appartements situés tout près de la structure, dans lesquels il est possible de passer la nuit dans une des chambres. Pendant la journée les visiteur∙euse∙s ont à leur disposition une salle d’enregistrement, un piano, une ludothèque, un espace créatif équipé d’un bar réalisé avec des livres et du bois. Claire Huguenin nous explique que le concept de propriété privée est réduit au minimum : chaque objet est mis en commun, et chacun∙e se doit d’avoir du respect pour les objets et surtout pour les individus avec lesquels l’espace commun est partagé.
Une journée à la Maison-Matrice
« Quand quelqu’un arrive nous l’accueillons avec le sourire et ensuite nous lui faisons faire un tour de la Maison. On lui explique les quelques règles à respecter, comme le recyclage. Nous n’offrons pas un service hôtelier. Puisque tu es chez toi, si tu as envie de laver les draps ou les vêtements, tu le fais comme si tu étais à la maison ! Pendant la journée la personne peut faire tout ce qu’elle veut : registrer, lire, se promener, rencontrer de nouvelles personnes (…). Peut-être arrives-tu un jour où nous devons aller chercher les invendus de la Migros, ou peut-être faudra-t-il couper des arbres et nous te demanderons alors si tu as envie de donner un coup de main. Peut-être tombes-tu dans une soirée à thème ou une activité que quelqu’un propose. Ensuite il y a des activités aussi bien dans la journée qu’au milieu de la nuit. La dernière fois, par exemple, les jeunes qui étaient là ont pris le thème « canapé et matelas ». Ils sont sortis dehors pour écouter John Coltrane. Ensuite, vue la situation, beaucoup de choses ont changé et on a dû s’adapter. »
L’organisation et la gestion de la maison prend beaucoup de temps et d’énergie, toutefois Claire Huguenin est sûre et certaine que ce qu’elle est en train de réaliser est une bonne chose : il faut préserver l’être humain dans un monde avec si peu d’humanité.