Le 12 avril 2021, le quotidien « La Liberté » a publié un courrier de lecteur qui a suscité de vives réactions. Réponse de notre rédacteur Joan Laissue.

Si le printemps fut chez nos voisin·e·s synonyme de liberté, je dois avouer que la (L)liberté se revêt d’effluves méphitiques en notre neuve période vernale. En effet, je ne puis contenir davantage mon hypersalivation qui précède l’expectoration stomacale lors de la parution d’un quasi-pamphlet dans la rubrique forum de « La Liberté ». Du balbutiant essai littéraire cherchant un esthétisme chimérique à l’inénarrable plaidoyer de l’intercesseur, le printemps n’a donc su que faire apparaitre des tulipes putréfiées.

Il serait alors bien inopiné de vouloir qualifier ce texte d’opinion, où nulle subjectivité ne saurait venir entraver la vérité toute relative. Il est bien inconvenant ici d’abattre l’ultime joker, celui de l’éternelle et intouchable liberté d’expression. On peut dès lors se demander si renvoyer sur le plan de l’idéologie une telle tentative, n’est pas la traduction de l’incompréhension entre censure et médiation. Ici, l’irritation ressentie n’est point issue d’une espèce d’hystérie morale mais bien d’une incompréhension profonde de laisser place aux inclinations sexuelles effrénées et incontrôlables d’un libidineux personnage portant ses ennuis pulsatifs en véritables vertus contemplatives.

Le courrier des lecteurs publié par le quotidien « La Liberté », le lundi 12.04.21. © La Liberté.

 

En effet, notre écrivain en herbe ne s’efforce pas de faire une quelconque Matzneff ou un enjolivement de la sexualité juvénile, mais s’applique avec conscience au plus grand des sophismes, l’élaboration du procès d’intention de la volonté dépravée d’une enfant de se dénuder pour susciter les réactions de ses paires.

Laissons dès lors, si vous l’acceptez, nos giboulées printanières nous ramener un peu à la réponse inexorable de la « liberté d’expression », voulant ôter l’aspect querellé du débat. Si on peut se permettre de rétorquer que « Toutes les opinions y ont droit d’être citées, à condition de s’exprimer dans le respect de la dignité des personnes », faut-il seulement s’assurer qu’il s’agisse d’une opinion (ensemble d’idées savamment construites) et non de l’éthique d’un particulier à l’appétence exaltée par la chair juvénile. L’idée de la liberté d’expression, est peut-être simplement de laisser tous les vigoureux criquets chanter, sans déposer sur le Corymbe champêtre, celui qui pousse le cri le plus strident.

Le cocon de la nymphe se déchirant alors sous un été précipité, n’a de choix que de se laisser dépérir. Les volatils charognards ne savent que trop bien tournoyer autour de la chrysalide fraichement rompue. Entre les éternels coassements amphibiens qui ne cessent de porter la tenue d’une jeune fille tantôt en symbole politique, tantôt en objet de leur fantasme et le craquètement du coq au torse bombé trônant sur sa bassecour à la probité morale frôlant la frivolité, je vous avoue mon désarroi total. S’il semble bien moderne d’élever toute sa bestialité au rang de nature humaine, je crois vouloir préférer appartenir à l’arbre sénescent, dont on ne peut convoiter les fruits.

Suite aux nombreuses réactions à cette publication, le rédacteur en chef Serge Gumy s’est exprimé. © La Liberté.