La deuxième édition du magazine fribourgeois État Des Choses vient de paraître récemment. Point sur une nouveauté culturelle locale dédiée à la jeunesse.

© Séraphine Sallin-Mason

État des Choses est un magazine offrant des réflexions littéraires et artistiques sur la société contemporaine, et plus précisément celles de la jeunesse actuelle de Fribourg. Il se veut porteur des idées, des peurs, des pensées, des frustrations et des évènements.

Le premier numéro, paru en août 2020, portait sur le thème de la confiance et avait été imprimé à 300 exemplaires, tous vendus en l’espace de 4 mois. Cette deuxième édition sera vernie lors d’une permanence en collaboration avec l’Atelier-Studio 48, qui occupera l’espace fribourgeois de l’ancien Cinéma Alpha et qui a lieu tous les dimanches du 21 mars au 2 mai de 14 à 18h.

Un journal par et pour la jeunesse

En effet, la majorité des médias suisses s’adresse à un public adulte, sans prendre en considération les jeunes qui lisent potentiellement déjà les journaux. Certains médias tentent, certes, de s’adresser à un public moins âgé comme la Page Jeunes de La Liberté, mais sa capacité demeure assez réduite (une page par semaine et traitant uniquement de sujets jeunes). Dans cette perspective, Maxime Barras, directeur général du magazine, explique donc : « ce projet a débuté en fin 2019 à la suite de discussions et d’un constat personnel d’un manque de visibilité et de reconnaissance des jeunes dans les médias ». Désireux de mettre en avant des artistes n’étant pas encore suffisamment expérimenté∙e∙s pour les formes artistiques classiques, telles les galeries, il explique avoir voulu présenter leur travail, leurs réflexions et leurs visions du monde.

Rassembler l’art

© État des choses

Dans État Des Choses, l’objectif est également de regrouper la photographie, le design graphique, l’écriture et l’art contemporain dans une forme mixte désireuse de redonner la confiance et la passion de créer à une génération qui se perd dans la comparaison. Maxime Barras explique avoir longtemps regretté que les médias ne choisissent qu’une forme artistique : « Dans État Des Choses, le mélange des arts présente un résultat éclectique et varié. Le choix d’une thématique unique donne de la force au magazine. Cette recherche de diversité dirige le projet, mais chaque artiste est libre de faire à sa manière ». Les artistes, sélectionné∙e∙s pour la pertinence de leur réflexion, donnent ainsi au magazine sa structure et son équilibre.

Cette diversité artistique permet d’explorer les schémas sociétaux en profondeur, en exposant une variété de points de vue sur une même thématique, mais elle donne aussi au magazine une forme inédite. Fil rouge de la création, le thème du second numéro auquel 37 artistes ont contribué est le confort. Il s’agit donc de s’interroger : « le confort est-il égoïste et individuel ? Est-ce l’objectif sous-jacent des luttes sociales ? Ne faut-il pas s’en affranchir pour répondre aux défis environnementaux, sanitaires et sociaux ? ».

Un objet local

Ces 37 artistes, séléctionné·e·s pour leurs points de vue artistiques, entretiennent tou·te·s un lien avec Fribourg : personnes étrangères habitant Fribourg ou fribourgeois·e·s ayant quitté la ville, la dimension locale se veut donc motrice du projet. Dans cette deuxième édition, Maxime Barras souligne également la présence d’un collectif associatif basé à Vevey, l’Espace 43, ceci grâce à une des membres, fribourgeoise, qui a contacté le magazine à la suite du premier numéro. « On dit souvent que le tissu local n’est pas large à Fribourg mais il contient en réalité une importante variété, que l’État Des Choses souhaite mettre en avant », explique Maxime Barras. Il précise toutefois qu’il serait ravi si le concept s’exportait dans le reste de la Suisse romande ou même de façon plus large et indépendante.

Parler aux jeunes, un succès ?

Le premier numéro a reçu un accueil enthousiaste, « très encourageant » comme le décrit Maxime Barras : « Les gens ont été surpris de voir un nouveau média et de nombreuses personnes nous ont écrit pour collaborer, aussi bien des artistes que des personnes désireuses de travailler avec l’équipe du magazine ». Le vernissage du premier numéro ayant attiré plus d’une centaine de personnes est également représentatif de ce soutien. Le magazine a également été présenté dans les collèges et a reçu des critiques favorables. Maxime Barras souligne l’importance de cette exportation : « Ces jeunes ne sont pas forcément prêt·e·s à être publié·e·s et si ça peut inspirer des jeunes artistes à créer, c’est le but ».

© Séraphine Sallin-Mason

Le prix du magazine a d’ailleurs été choisi de façon à être accessible à tou·te·s (5.- pour la première édition et 10.- la deuxième). L’équipe du magazine désire ainsi montrer que ce n’est pas parce qu’un objet n’est pas cher qu’il n’est pas qualitatif. Maxime Barras précise : « Le fait que les abonnements aux médias soient relativement chers limite l’information aux gens qui ont les moyens de se l’offrir, ce qui me semble un peu dangereux ». Il a donc voulu diffuser le magazine au plus grand nombre. Vendu chez Payot, à Albert le Grand, à la Bulle, au Musée de Morat et à Fri-art, Spectrum vous invite donc à découvrir ce nouveau média, dynamique, complet et poétique.