Spectrum vous propose une nouvelle rubrique culturelle dans laquelle nos rédacteur·rice·s vous dévoileront périodiquement trois de leurs coups de cœur du moment (une œuvre cinématographique, un livre et un élément musical).

Ma série coup de cœur : rire aux éclats

Kaamelott

Ma série bonne humeur par excellence. Aussitôt que j’ai un coup de blues, je vais sur Youtube (oui, elle y est disponible en intégralité !) et je me mets un des tomes au pif : éclat de rire assuré. Mais attention, Kaamelott, ce n’est pas seulement des blagues de beauf (malgré les apparences). Tout d’abord, Alexandre Astier est un véritable génie qui a respecté la légende historique de la table ronde sur laquelle est fondée la série. Les personnages sont donc bel et bien inspirés de ce qui se nomme la « matière de Bretagne », littérature médiévale anglo-normande (l’un des dialectes du français). Plus encore, la série a véritablement approfondi chacun de ses personnages, qui présentent des personnalités élaborées et travaillées. Le casting, formé d’acteur·rice·s exceptionnel·le·s, permet d’ailleurs d’apprécier les finesses des caractères. Par sa forme particulière oscillant au fil des saisons entre épisodes très brefs (shortcom) et longs épisodes au format plus classique, et le ton aussi bien léger et humoristique que sérieux et mélancolique, Kaamelott propose un ensemble construit avec maîtrise pour se remonter le moral à tous les coups !

© Archibald Gibut-Monzon.

Mon livre coup de cœur : voyager par les mots

Hiver à Sokcho d’Elisa Shua Dusapin

Difficile pour la littéraire que je suis de ne choisir qu’un seul livre. Pourtant, Hiver à Sokcho s’impose largement car Elisa Shua Dusapin est, à mes yeux, l’une des écrivaines les plus étonnantes de sa génération. Ces textes traitent de tout (de la tristesse, de l’histoire, de la boulimie, de la poésie, etc.) alors même qu’ils ont l’air de ne traiter de rien, ce que permet la poésie de sa plume. Dans Hiver à Sokcho, Elisa Shua Dusapin nous emmène dans la petite ville portuaire qui borde la Corée du Nord et présente une jeune femme franco-coréenne n’ayant jamais quitté l’Asie, rencontrant un auteur de bande dessiné français venu chercher l’inspiration dans le froid hivernal. Elisa Shua Dusapin travaille par images (le venin du fugu, l’encre qui coule sur les pages, les corps douloureux) et relate le lien fragile qui se tisse entre deux cultures. Son écriture, qui évoque aussi bien la blancheur de la neige que les traits sombres d’une plume, transporte le·la lecteur·rice dans une atmosphère puissante et dans une réflexion originale. Poétique.

 « Ce qui sculpte une image, c’est la lumière. En regardant bien, je me suis rendue compte qu’au lieu de l’encre, je ne voyais que l’espace blanc entre deux traits, l’espace de la lumière absorbée par le papier, et la neige éclatait, réelle presque. »

Ma musique coup de cœur : ma tempête à moi

Therapie Taxi

J’ai longuement hésité avec Pomme et Videoclub, mais le groupe Therapie Taxi, formé en 2016, a cette vibe indescriptible qui le distingue des autres. C’est une musique presque parlée qui joue essentiellement sur la puissance des mots. Therapie Taxi, c’est les voix de Raphaël Faget-Zaoui et Adelaïde Chabannes de Balzac qui baisent brutalement, observées et soutenues par les instruments. À la fois agressifs et romantiques, leurs morceaux te prennent aux tripes, te secouent, te caressent, t’amènent sur les précipices de l’orgasme, t’enfoncent leurs fines lames et t’emportent indéniablement vers un ailleurs parlant (ou chantant, on ne sait plus vraiment). Coup de cœur pour la violence poétique de « Salop(e) » et la douceur de vacances de « Transatlantique ».

« Mais mon rêve, ma chérie
C’est de me perdre dans tes yeux bleus
D’être en vie
D’être amoureux
De s’en aller un peu »