Drogué·e·s durant la nuit ?
Au Mad, à Fri-son ou encore au Bikini Club, des femmes ont-elles été droguées à leur insu ? Des informations ont circulé ce début de semaine sur les réseaux sociaux. « Mais dans quel monde vit-on ? »
À la suite de plusieurs soirées ayant eu lieu en Suisse romande ce week-end, des rumeurs signalant que des jeunes femmes auraient été droguées ont circulé sur les réseaux sociaux. En effet, lundi matin une rumeur indiquait que cinquante-neuf femmes auraient été droguées au Mad house lors d’une soirée privatisée pour les étudiant·e·s de la Haute école hôtelière de Lausanne. Une situation similaire a été rapportée à la Chaux-de-Fond, dans le club le Bikini Club.
De même, lors de la soirée Halloween organisée à Fri-son à Fribourg par l’association Mille Sept Sans, des indications similaires ont circulé. Elles ont été rapportées par le personnel de sécurité de la salle de concert. Loraine, de Mille Sept Sans, décrit ainsi la soirée : « À deux heures du matin, des securitas sont venus nous informer que des personnes ont été droguées à leur insu. Notre équipe a alors immédiatement réagi par une réunion de crise et une amie du collectif fribourgeois Genre nocturne a proposé de prévenir le public. Nous avons alors interrompu la musique et fait une annonce sur scène pour informer de la situation et appeler à la prudence et à la coveillance ».
La soirée s’étant terminée à trois heures, aucun autre événement n’a été rapporté. Loraine explique également que le collectif Mille Sept Sans n’a reçu aucun témoignage depuis lundi. Elle explique : « Mille Sept Sans n’accuse pas Fri-Son pour ces faits déplorables mais nous invitons les structures festives à repenser leurs concepts de sécurité et à redoubler d’efforts en prévention et en contrôle ». Fri-son a d’ailleurs réagi lundi sur Instagram en indiquant prendre la situation au sérieux. Ces différents éléments rappellent alors la crise similaire qui a éclaté récemment dans les médias britanniques.
Un phénomène venu de Grande-Bretagne ?
En Grande-Bretagne, un phénomène de plus grande ampleur a été rapporté ces dernières semaines par les médias britanniques tel que The Sun ou le Daily Mail: des milliers de femmes ont été droguées en discothèque au GHB ou à la MDMA, ainsi que par un nouveau type de drogue injecté par aiguilles hypodermiques. Laissant la sensation d’une piqûre de moustique, ces injections provoqueraient des effets divers tels que la paralysie, la perte de conscience ou des douleurs aiguës à l’endroit de la piqûre.
Ce phénomène est authentifié et la police britannique a reçu des centaines de plaintes et a procédé à des premières arrestations. Certaines étudiantes ont témoigné et partagé des photos révélant les marques des piqûres qu’elles avaient reçues. Cette situation a d’ailleurs donné vie à un mouvement de protestation nommé Girls night in. Les manifestant·e·s exigent que les responsables des boîtes de nuit et le gouvernement britannique prennent des mesures visant à les protéger. Une pétition récemment mise en ligne et soutenue par plus de 170000 personnes demande au gouvernement de mettre en place une loi pour rendre les fouilles obligatoires à l’entrée des clubs. Ce type de pratique est donc bien réel en Grande-Bretagne.
Et que se passe-t-il en Suisse ?
La récente agitation causée dans les trois villes romandes et le phénomène observé en Grande Bretagne amènent un certain nombre de questionnements. Différents éléments sont à prendre en compte : tout d’abord, les drogues telles que le GHB ou la MDMA sont très difficiles à détecter dans le sang car elles disparaissent rapidement. Ainsi, si les victimes ne vont pas directement se faire tester à l’hôpital, il est difficile de confirmer qu’elles ont réellement été droguées. Les différentes polices cantonales sont donc en train d’étudier la question mais il s’agit de situations extrêmement délicates. Spectrum cherche donc simplement à sensibiliser son public. Quand bien même il s’agirait de rumeurs, celles-ci sont toutefois fondées sur des craintes réelles liées au harcèlement et aux violences que subissent les femmes. Il semblait donc essentiel de proposer un article rappelant les comportements à adopter si vous vivez ou assistez à une situation similaire.
Comment aider une personne qui selon toi a été droguée ?
- Informer le personnel du bar ou les agent·e·s de sécurité
- Rester avec la personne, continuer à lui parler et à la rassurer
- Appeler les urgences si son état se détériore
- Ne pas la laisser rentrer seule chez elle ou avec quelqu’un que vous ne connaissez pas ou en qui vous n’avez pas confiance
- Essayer de l’empêcher de boire davantage d’alcool
- Lui proposer de l’emmener à l’hôpital afin de faire une consultation et des analyses (car la drogue disparaît rapidement)
- Demande de l’aide si tu te sens plus ivre que tu ne devrais l’être, si tu ne tiens plus debout, si tu as des vomissements, que tu te sens confus·e ou somnolent·e, tu as très chaud ou ta boisson te semble anormale (plus pétillante, brumeuse ou changeant de teinte).
- Reste avec une personne de confiance et demande de l’aide.
- Cesse immédiatement de boire.
- Évite de rester seul·e.
Ainsi, Spectrum ne cherche pas à prendre position sur la véracité des faits mais désire ici vous encourager à vous informer sur les comportements à adopter en cas de situations similaires. Il ne s’agit pas de se positionner, mais de signaler une crainte qui a été réelle à la suite de ces soirées d’Halloween et qui est liée à l’arrivée de ce nouveau type de drogue par piqûres ou à la présence, déjà attestée, de drogues telles que le GHB ou MDMA. Il est primordial d’apprendre à se protéger et à protéger les autres.