Odezenne enflamme Fri-Son avec son nouvel opus envoutant

Ambiance électrique, paroles hypnotiques et poésie parfois crue, le trio bordelais a fait danser les fribourgeois.e.s ce week-end à Fri-Son avec leur dernier album 1200 mètres en tout. Leur singularité et leur talent les propulse vers le haut depuis 14 ans déjà !

Salle comble et billets sold out en quelques jours, les fribourgeois.e.s attendaient avec impatience l’arrivée du trio bordelais. Après avoir enflammé Genève, Alix Caillet, Jacques Cormary et Mattia Lucchini ont déposé leur valise le temps d’une soirée à Fribourg. Connus pour leurs titres provocateurs, le groupe de musique alternative revient avec un opus honnête et touchant. C’est plus précisément 16 nouveaux morceaux plus pop que d’habitude que le trio est venu interpréter sur la scène du mythique Fri-Son. En première partie, on retrouvait la pop singulière de Moussa mêlée à des sons électroniques envoutants. Une heure plus tard c’est la voix grave d’Alix qui raisonne, puis les premières notes électro se font entendre, les lumières se tamisent et virent au bleu nuit et le public est, en quelques secondes, happé par l’univers singulier d’Odezenne.

O2zen, l’origine du groupe

Le groupé né de la rencontre de Mattia et Alix qui apprennent à se connaitre au collège, en classe de cinquième. Ils forment alors à l’époque un groupe de rock nommé Satanic Spirit. Brève aventure musicale puisqu’ils se séparent peu de temps après lorsque Alix part vivre à l’étranger. Les deux amis d’enfance se recroisent seulement quatre ans plus tard à Bordeaux. Alix écrivant déjà un peu, ils décident de former O2zen : « Odezenne, c’était le nom de notre ancienne proviseure, on l’a utilisé dans un freestyle, ça nous a fait marrer, on l’a gardé », confiait alors Alix à FranceInfo. De fil en aiguille, ils enregistrent leur premier morceau en 2004 juste avant de rencontrer Jacques, à l’époque Jaco H17, qui viendra compléter le groupe. En 2007, un ami leur propose une première partie à l’Inca, une cave-concert à Bordeaux : le trio fait salle comble et y retourne par la suite à trois reprises ce qui leur donne l’occasion de rencontrer et de recruter le dernier membre du groupe, le DJ Lodjeez. En 2008, ils multiplient les concerts, enregistrent un premier disque « Sans Chantilly » et montent leur propre label Universeul.

Un cinquième album poignant

« Musique romantique, botanique et pathétique « 1200 mètres en tout » », c’est ce qu’on peut lire sur la page Instagram du groupe. Odezenne se livre à cœur ouvert dans cet album rythmé par les évènements marquants de ces deux dernières années. Toutefois, malgré des titres assez sombres mêlant la mélancolie à la désillusion, le groupe confiait en ce début d’année à FranceInfo, se sentir de plus en plus libre : « On commence vraiment  maintenant à s’amuser dans des délires. Mais jusqu’à présent, on constatait le lendemain du studio ce qu’on avait fait sans trop avoir d’emprise dessus. Après plusieurs disques, on commence à avoir un peu plus de lâcher-prise. On est moins scolaire quand on est sur le micro. Pareil pour Mattia, quand il est sur ses instruments, on est plus libres. En fait, on est de plus en plus libres ».

« 1200 mètres en tout », c’est un album né du confinement ! Deux ans seulement sépare ce nouvel opus du dernier, « Pouchkine ». A peine rentrés de leur tournée en 2020 et après plus de 80 concerts à travers sept pays en une année, Odezenne n’a aucune envie de se replonger dans un album. Pourtant, le confinement va en décider autrement puisque ce dernier conduit Jacques, Mattia et Alix à se retrouver dans leur studio parisien. Et puis les jours défilent et sans s’en rendre compte, l’inspiration et la création prennent doucement le dessus sur les évènements privés qui sont venus chambouler le quotidien des musiciens. A la fin du confinement, ils font le constat d’un opus achevé : album exutoire ou rétrospective des dernières années ? Ce qui est certain, c’est qu’avec son esthétique sonore si particulière, Odezenne n’a pas fini de surprendre la scène musicale francophone.

#MariePriska

Cet opus touchant, délivre une nouvelle sensibilité mise en avant notamment dans le morceau « Vu d’ici » rendant hommage à Marie-Priska Caillet, la sœur d’Alix qui avait apporté sa touche à plusieurs morceaux, et qui est décédée en octobre 2021 des suites d’un cancer. Priska, danseuse professionnelle les a accompagnés dès leurs débuts : chorégraphe du groupe, styliste et chanteuse, la jeune femme incarnait l’optimisme et la joie de vivre.

« Dans la vie j’me défends

C’est une question de poings
Vu d’ici tout va bien
J’avance avec les miens
Un jour peut-être on sera mieux
Inch’allah on sera vieux »

– Vu d’ici

Le clip poignant du morceau est né d’une idée de Priska, alors en rémission d’un cancer et très impliquée dans l’aventure du groupe. Elle réalise un mini-film célébrant la vie et l’espoir. Ajustant son foulard sur sa tête au début de la vidéo, on l’aperçoit rayonnante et s’envolant à grande enjambée jusqu’à la plage profitant de cet instant de répit pour pouvoir profiter de la vie. Un hommage fort qui mêle mélodie mélancolique et jeux de mots subtils et qui confirme le fait que le titre « Vu d’ici » est déjà un des morceaux les plus emblématiques du groupe, clôturant ainsi l’album avec émotion. Le groupe a d’ailleurs eu l’idée de créer le hashtag #MariePriska qui a pour but « d’archiver ces fragments de mémoire sous une même bannière ».

©Pinterest
Illustration : Manon Becker

 

 

Franceinfo. « “On est de plus en plus libres” : Odezenne sort son nouvel album, “1200 mètres en tout” », 7 janvier 2022. https://www.francetvinfo.fr/culture/musique/on-est-de-plus-en-plus-libres-odezenne-sort-son-nouvel-album-1200-metres-en-tout_4907961.html.