Niki de Saint Phalle, artiste complète et engagée
De sa première œuvre “Tirs” au “Jardin des Tarots”, en passant par “Nanas”, Niki de Saint-Phalle fut une artiste aux multiples facettes et pleine d’originalité.
Bref portrait de l’artiste
Niki de Saint Phalle, née Catherine Marie- Agnès Fal de Saint Phalle, est une artiste franco-américaine aux techniques multiples. Elle naît à Neuilly- sur- Seine en 1930 et, entre 1933 et 1951, grandit aux Etats-Unis. Elle entame d’abord une carrière de mannequin, puis, après un mariage avec l’écrivain américain Harry Mathews, elle se lance dans ses premières œuvres. Ce n’est cependant que quelques années plus tard qu’elle accédera à la notoriété. En effet, en 1960, ayant quitté son premier époux, Niki de Saint Phalle rejoint Jean Tinguely dans son atelier où tous deux se mettent en couple. C‘est en 1961 que la plasticienne se révèle au grand jour avec “les Tirs”. Cette même année, la jeune artiste adhère au groupe des Nouveaux Réalistes (1960-1966) dont César et Yves Klein font partie. Durant cette période, la peintre et sculpteuse crée les assemblages “accouchées” et “sorcières” et produit ses premières sculptures “Têtes” et “Nanas”, après les avoir conçues d’abord en dessin puis en collage. En 1971, Niki de Saint Phalle épouse Jean Tinguely. En 1978, son projet de construire un grand jardin de sculpture, “le Jardin des Tarots” abouti et les travaux commencent. Les deux artistes collaborent ensuite en 1982 avec les premiers travaux de la fontaine Stravinsky à Paris. Lorsque Jean Tinguely décède en 1991, son épouse réagit avec la série des “tableaux éclatés”. Puis, en 1996, grâce à la donation de Niki de Saint Phalle, le musée Tinguely de Bâle ouvre ses portes. En 1998, vingt ans après le début des travaux, “le Jardin des Tarots” est inauguré ainsi que l’espace Jean Tinguely-Niki de Saint Phalle. L’artiste complète et engagée décède en 2002 aux Etats-Unis.
Des oeuvres entre le néo-dadaïsme et le nouveau réalisme
Si tout au long de sa carrière, Niki de Saint Phalle a marqué le 20ème siècle avec des œuvres engagées et féministes, son art lui servait également d’exutoire. En effet, la série de tableaux “Tirs” en est l’exemple parfait. Le principe et l’originalité de cette œuvre résident dans le fait que la peinture s’applique sur la toile à l’aide d’une carabine et non pas d’un pinceau. Le tableau s’anime donc de couleurs grâce aux jets expulsés par la carabine. L’artiste, au moment de tirer, pense à son père qui en a fait la victime de .
Avec la série de sculptures “nanas”, l’artiste engagée met en avant le corps féminin et ses rondeurs et célèbre la féminité de par les couleurs chatoyantes de ces femmes géantes. Ces deux premières œuvres s’inscrivent dans le mouvement néo-dada des années 1950 à 1960, puisqu’elles revendiquent toutes deux certaines valeurs néo-dada. A savoir, un mouvement artistique qui s’efforce de combler le vide entre l’art et la vie réelle, de manière ludique et grinçante. Contrairement au dadaïsme, cet art ne cherche pas de controverse et se concentre plus sur le processus de création d’une œuvre plutôt que l’effet qu’elle produit. Il s’oppose également à l’art moderne car les dadas ne recherchent pas une pureté formelle dans leurs créations mais tendent en revanche vers un mélange subtil et drôle des matériaux et des médias.
Quelques mots du Kunsthaus Zürich
À l’occasion d’une exposition sur l’artiste qui se tiendra du 2 septembre 2022 au 1er janvier 2023, le kunsthaus Zürich nous parle de Niki de Saint Phalle. Selon les organisateur.trice.s de l’exposition, l’oeuvre de cette artiste engagée dans des combats sociaux et notamment féministes résonne particulièrement aujourd’hui. On peut lire ceci sur la page web consacré à la sculptrice : “ Femme d’une grande élégance, elle a fait figure de solitaire dans le monde de l’art, alors encore dominé par les hommes, mais dans lequel elle occupe une place importante et définitive, que ce soit aux confins du Nouveau Réalisme et de l’art conceptuel en interaction avec le monde ou dans l’œuvre à caractère très intime qui s’exprime dans ses innombrables lettres et dessins.” L’héritage de l’oeuvre de Niki de Saint Phalle est assuré…