« Arrêtez de me dire comment m’habiller »
Sœur, je me battrai pour ton droit au voile, aux talons aiguilles, aux piercings, à porter la croix, aux tatouages, à coiffer et à colorer tes cheveux. Je me battrai pour ton droit de choisir ce que tu mets sur ton corps, corps à partir duquel personne ne pourra jamais déterminer ta valeur.
C’est un débat qu’il faut encore et toujours avoir en 2022. À travers le monde, la politique semble refuser de laisser les femmes et personnes assignées femmes à leur naissance décider de la manière dont elles peuvent se vêtir.
Cet article s’inspire entre autres du triste sort de Mahsa Amini, l’Iranienne de 22 ans morte à la suite de son arrestation par la police des mœurs le 13 septembre 2022 pour ne pas avoir porté son voile « correctement ». Son décès a lancé une vague de protestations, locales et internationales, contre la loi iranienne qui rend obligatoire pour toutes les femmes* dans le pays le fait de porter un foulard et des vêtements amples dans le but de dissimuler leurs silhouettes et ce, depuis la révolution en 1979. Pour contester cette loi, de nombreuses iraniennes retirent leur voile en public. Ce faisant, elles s’exposent elles-mêmes à une amende et à une peine de prison pouvant aller de dix jours à deux mois, mais également aux violences policières.
La situation en Occident
Mais les lois qui imposent certains critères à l’habillement des femmes* ne sont pas qu’une affaire lointaine.
En France, dans le courant de l’été 2016, une femme a été verbalisée sur une plage de Cannes pour avoir porté ce qui a faussement été décrit dans les médias comme un burkini. En réalité, la Toulousaine portait un legging, une tunique et un voile et n’avait aucunement l’intention de se baigner. Il est à noter que le port du hijab en public est tout à fait légal en France malgré un arrêt du maire de Cannes cet été-là, qui interdisait l’accès aux plages et à la baignade à toute personne n’ayant pas de « tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité ».
Pour rappel, le premier article de la constitution française de 1958 dit : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ». L’égalité devant la loi française semble tout de même être à double standard selon la religion.
La Suisse est également concernée puisque le 7 mars 2021, ironiquement la veille de la journée internationale du droit des femmes*, la population a accepté, à scrutin serré, l’initiative anti-Burqa qui interdit de se dissimuler le visage. Malheureusement, l’ironie pour la Suisse ne s’arrête pas là puisqu’en mars 2021 le port obligatoire du masque hygiénique dans les transports publics afin de se protéger du Coronavirus était encore en application.
Et aux États-Unis, centre bouillonnant dont la culture dégouline sur le monde entier, combien de fois a-t-on vu des manifestations et témoignages de jeunes étudiantes des « High School » à qui il a été demandé de sortir de classe à cause de leurs vêtements. Ces filles de 14 à 18 ans sont donc momentanément privées d’éducation pour « avoir montré leurs épaules ou clavicules », selon les établissements.
Sexualisation des corps
Au Japon et au Royaume-Uni, un autre règlement a été mis en place par de nombreuses écoles afin d’éviter le problème américain : les uniformes. Excellente idée dira-t-on, gommant les inégalités sociales et standardisant l’apparence.
Jusqu’à ce qu’on réalise qu’écolière ou « schoolgirl » est un des termes les plus recherchés sur les sites pornographiques. Ces jeunes filles, mineures, sont hypersexualisées au point d’être harcelées dans la rue sur le chemin de l’école.
Au point que certaines d’entre elles, étudiant à Sandbach au Royaume Uni, ont créé une pétition dans le but de bannir les uniformes des sex-shops et des sites pornographiques. Le 1er août 2022 le gouvernement leur a répondu qu’il s’engageait à prohiber la sexualisation d’enfants à travers des mesures déjà effectives, mais qu’il ne comptait pas répondre favorablement à leur demande.
C’est presque comme si, dans tous ces exemples, ce n’était pas les habits le véritable problème, mais la sexualisation du corps des femmes* par notre société patriarcale… À méditer.
* Toute personne pouvant être perçue comme femme dans la société et qui peut être soumise à la misogynie