UNA, l’association qui fait le lien entre le monde universitaire et des personnes migrantes
Lisa est membre du Comité de l’association estudiantine UNA, qui a pour mission de favoriser les échanges entre les étudiant·e·s de l’Université de Fribourg et des réfugié·e·s résidant dans cette ville.
Engagée depuis près de deux ans dans ce collectif, Lisa gère actuellement l’organisation des cours de langue, elle nous explique comment s’articule et se déploie l’action de l’association.
Spectrum : De quelle manière votre association soutient-elle les réfugié·e·s ?
Lisa : Nous nous rendons régulièrement dans des foyers pour y organiser des activités, nous proposons également des cours de langue dans les locaux de l’Université et des événements ponctuels, généralement au Centre Fries, qui nous permettent de récolter des fonds, mais surtout de favoriser les échanges et de gagner en visibilité. Par ailleurs, nous donnons la possibilité aux personnes intéressées de faire des visites dans des institutions culturelles. Ainsi nous avons eu la chance d’aller au palais fédéral et avons organisé des visites dans des musées fribourgeois (Fri-Art, MAHF) ainsi que des promenades et des sorties à la piscine ou la patinoire.
S : Et quelle est leur réaction face à ce que vous leur proposez, sont-il·elle·s motivé·e·s par ces activités ?
L : Ces personnes n’ont aucune obligation de venir. Elles sont là parce qu’elles ont choisi de s’investir. Ce sont des gens qui ont vraiment envie de s’intégrer et qui sont donc toujours très motivés par les activités que nous organisons. Par exemple, pour les cours de langue – que je supervise – cela a presque posé un problème (elle rit), parce que nous proposons des cours à plusieurs niveaux, et certaines personnes viennent à tous les cours, même lorsqu’ils ne sont pas adaptés à leur niveau. Mais il est important que tout le monde (même des étudiant·e·s de l’Université) soit le bienvenu à nos cours, nous ne demandons aucune inscription car le but est aussi que ces cours favorisent les rencontres et le mélange des cultures.
S : Concrètement, comment s’organisent ces cours ?
L : Des cours sont dispensés chaque semaine pendant le semestre. Ils ont lieu le soir pour que le plus de monde possible puisse y participer. L’enseignant·e donne un cours qui dure généralement une heure à une heure et demie. Nous proposons des cours de français, d’allemand, d’arabe, d’anglais, d’espagnol et d’italien, mais cela dépend aussi des enseignant·e·s. Certain·e·s d’entre eux·elles sont en lettres, d’autres en biochimie, d’autres en maths. Et quelques-un·e·s ne sont même pas à l’Université. C’est vraiment ouvert à tout le monde. D’ailleurs je trouve étonnant qu’il n’y ait pas plus de personnes qui soient en Français langue étrangère ou en Allemand langue étrangère.
S : Est-ce que vous travaillez à partir d’un programme particulier ?
L : Nous préconisons l’approche FIDE (Français, Italiano, Deutsch en Suisse) qui vise à favoriser l’intégration des réfugié·e·s par le biais d’un enseignement des langues nationales orienté vers la pratique. […] Ainsi, à la fin du programme d’enseignement, l’apprenant·e doit être capable de réaliser des actes utiles pour la vie au quotidien, par exemple demander son chemin ou acheter un titre de transport. Chaque enseignant·e détermine le programme qu’il·elle souhaite proposer en fonction d’objectifs de cet ordre, mais nous ne nous basons pas sur des manuels. Les bénévoles sont libres de choisir la façon dont cet enseignement est dispensé car il est évident que la plupart d’entre eux·elles n’a pas 45 heures par semaine à consacrer à la préparation de ces cours. Par ailleurs, nous essayons, dans la mesure du possible, de permettre aux enseignant·e·s de travailler en binôme, afin qu’il·elle·s puissent se soutenir mutuellement et se remplacer en cas d’absence.
S : La plupart de vos enseignant·e·s étudient à l’Université. Comment arrivent-t-il·elle·s à faire l’écart entre la formation souvent très théorique qu’il·elle·s reçoivent et le caractère beaucoup plus concret de l’enseignement qu’il·elle·s doivent dispenser ?
L : C’est vrai que c’est souvent difficile pour les étudiant·e·s. Il faut savoir que la plupart n’ont pas de formation d’enseignant. Moi par exemple, lorsque j’ai commencé, même en étant étudiante en Français langue étrangère, j’avais une idée assez vague de ce qu’il fallait que je fasse. Cela peut être extrêmement déstabilisant de se retrouver devant une classe sans avoir de programme précis. Je me souviens que l’on m’avait dit : « Tu peux y aller sans rien préparer, il suffit de parler avec eux et de répondre à leurs questions ». Mais pour être capable de faire ça il faut déjà avoir une certaine expérience. Ce qui m’a aidé, c’est d’avoir commencé à travailler avec une amie, avec laquelle j’ai réalisé mes premières fiches. Je lui demandais souvent son avis et nous pouvions collaborer activement. Et surtout je me sentais moins seule (elle rit).
S : De quelle manière l’association s’intègre-t-elle dans la vie universitaire ?
L : Nos cours de langue ont lieu dans les locaux de l’Université et sont accessibles à tous les étudiant·e·s intéressé·e·s, comme le reste des activités que nous proposons. Par ailleurs, nous faisons partie de l’AGEF, qui contribue en partie à notre financement, et sommes visibles sur son site internet. Nous avons aussi l’habitude de tenir un stand lors de la journée d’information organisée en début de semestre. En outre, nous organisons des conférences à l’Université pour sensibiliser les jeunes aux enjeux liés à la migration ainsi que de nombreux événements au Centre Fries. L’objectif est de gagner en visibilité auprès des étudiant·e·s, de trouver des bénévoles mais surtout de faire le lien entre des personnes migrantes et les étudiant·e·s. C’est le but principal de notre association.
S : Et en plus d’une vie sociale, vous permettez à ces réfugié·e·s d’avoir une vie culturelle particulièrement riche… Quelle est la fréquence des événements que vous organisez ?
L : Nous avons environ cinq événements par semestre au Centre Fries, auxquels participent aussi des personnes qui sont ou qui étaient dans des foyers auparavant. D’ailleurs, certaines d’entre-elles sont maintenant au Comité. À côté de cela, nous nous rendons une à deux fois par semaine dans des foyers (au foyer de la Poya, au foyer du Bourg et au foyer Ste-Elisabeth). Nous apportons à manger et à boire, échangeons avec les réfugié·e·s, organisons des jeux ou des activités récréatives, par exemple la confection de biscuits. Nous proposons également diverses activités sportives. Ainsi, pendant ce semestre les réfugié·e·s auront notamment l’occasion de suivre des cours de boxe. Par ailleurs, des cours de grimpe sont proposés à chaque semestre et des activités culturelles ont lieu une fois par mois.
Nous leur souhaitons bon vent et vous invitons à consulter la page Facebook de l’UNA pour vous tenir informé·e·s des activités de l’association !