En février 1946, le diplomate américain George Kennan rédigea un « long télégramme » à l’attention du Secrétaire d’État James Byrne afin de défendre une nouvelle manière d’envisager les relations entre Washington et Moscou. Ce document marqua la naissance de la doctrine de l’endiguement, notamment portée par le président Harry Truman pour limiter la montée en puissance de l’Union soviétique. Aux États-Unis, les responsables politiques d’alors avaient la conviction qu’en faisant la promotion active du modèle démocratique et en réunissant tous les États qui s’en réclamaient, il leur serait possible de circonscrire le développement de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Cette stratégie, qui visait à assurer la marginalisation progressive de Moscou et des États qui lui étaient alliés en accordant un soutien militaire et financier aux peuples libres, joua un rôle décisif dans la victoire des États-Unis sur le monde communiste. Si, après la dissolution de l’URSS en 1991, le triomphe du libéralisme politique et économique ainsi que l’émergence d’un système de relations interétatiques de nature multipolaire incitèrent l’Amérique à rompre avec cette approche de la diplomatie, l’essor actuel de la République populaire de Chine (RPC) a conduit les stratèges du Département d’État à reprendre cette doctrine pour en faire l’une des boussoles de la politique étrangère des États-Unis.