85 mesures, 405 millions de francs économisés, mais de nombreux métiers touchés. Vous l’avez vu dans les journaux, à la télé, et même dans la rue : Spectrum vous fait un topo.
Unifr s’en mêle
Si vous vous baladiez sur le campus de Miséricorde dans la matinée du 1er octobre, vous avez sûrement remarqué un attroupement devant le bâtiment 01. Si vous vous êtes attardés un peu, vous avez peut-être entendu un ou deux discours enflammés, voire pris un morceau de pain, une brochure ou une assiette de frites.

Ces manifestants, principalement des élèves ainsi que quelques professeurs, étaient là depuis huit heures du matin. Selon Lionel Roche, à dix heures et demie ils étaient près d’une centaine. Leur plan, nous informe-t-il, était d’attendre leurs collègues de l’hôpital cantonal, puis de marcher jusqu’à la fondation le Tremplin, à la route des Arsenaux.
Soudain arrivent à point nommé leurs collègues de l’HFR, qui débarquent en brandissant des drapeaux rouges au logo de la SSP, ainsi que des pancartes aux divers slogans. Ils se regroupent en demi-cercle devant le bâtiment, scandant « On est là, même si l’État ne veut pas nous on est là ! Pour défendre nos valeurs, et pour tous les travailleurs, même si l’État ne veut pas nous on est là ! » en chœur.
Leur but ? Convaincre le Conseil d’État de ne pas mettre le PAFE en marche.
Le PAFE, c’est quoi ?
Le Programme d’Assainissement des Finances d’État (PAFE) est d’abord une réponse aux mesures d’économies du Conseil fédéral, elles-mêmes pour pallier des problèmes de financement et d’endettement que l’on craignait déjà depuis 2023 selon les rapports budgétaires de l’AFF. L’État de Fribourg se retrouve donc contraint à son tour d’élaborer un programme d’assainissement des finances de 2026 à 2028. Celui-ci vise une amélioration de 405 millions de francs sur cette période en augmentant les revenus et réduisant les dépenses. En effet, dans les années à venir, Fribourg perdrait certaines mesures de compensation, notamment par une diminution du revenu provenant de la péréquation[1] dès 2026 et son arrêt en 2034 au plus tard, ainsi que l’arrêt du financement additionnel de l’AVS en 2030.
[1] Répartition des ressources entre cantons plus ou moins économiquement forts.
Conséquences pour la population fribourgeoise
Cette liste, accompagnée d’explications et tirée du document officiel, présente une sélection de certaines de ses mesures. Ainsi, sous ce projet, nous verrions :
- Une réduction de la déduction des frais de déplacement dans le cadre professionnel, le plafond passant de 12’000 à 8’000 CHF.
- Une suspension de l’indexation des salaires pour ces deux ans, sauf si l’inflation dépasse un certain seuil.
- Un décalage de l’augmentation du palier de huit mois : de 2026 à 2028, les travailleurs publics soumis à la Loi fribourgeoise sur le Personnel de l’état (LPers), c’est-à-dire une majorité d’entre eux, ne pourront pas demander d’augmentation de salaire entre le 1er janvier et le 1er
- Une augmentation du coût des EMS, passant de 13 à 23 CHF par jour.
- Une augmentation de 20% de la charge financière des communes dans le domaine de l’aide sociale en réduisant de moitié les subventions de l’État.
- Une augmentation du revenu considéré dans le calcul des bourses d’études : l’on prendrait une plus grande partie des revenus en compte, ce qui réduirait le montant de la bourse octroyée.
Mentionnons aussi la limitation du soutien financier dans les structures d’accueil extrafamilial, comme les crèches, les cantines, les colonies et les accueils extrascolaires. Financée par le même canal, la prise en charge du soutien à la construction des bâtiments scolaires pour l’école primaire et enfantine sera aussi supprimée. Les frais d’écolage et taxes d’examens finaux pour le secondaire 2, quant à eux, se verront augmentés.
Et voici finalement la section dont l’on entend beaucoup parler : les mesures en matière de personnel. L’État prévoit de renoncer aux mesures pénibilité (c’est-à-dire les compensations données aux métiers considérés comme physiquement pénibles), aux primes de reconnaissance en faveur du personnel et aux salaires des élèves de l’EMF et à l’Eikon. Il est prévu de geler les diverses indemnités versées aux employés. Les institutions spécialisées, l’ORS, l’HFR et le RSFM sont également touchés.
Les conséquences financières du côté environnemental risquent aussi d’être importantes : il s’agit de réduire l’aide pour l’agriculture et les subventions en faveur de la biodiversité et du développement durable, ainsi que de renoncer à la compensation des baisses des aides fédérales pour l’environnement.
Taxes étudiantes
En tant qu’étudiants, vous avez sûrement entendu parler d’une augmentation des taxes d’études. C’est en fait une mesure au niveau fédéral. Pour citer le plan d’allégement budgétaire 2027, « L’estimation de l’allègement induit par cette mesure repose sur les revenus supplémentaires que les hautes écoles pourraient percevoir en doublant les taxes pour les étudiants indigènes et en les quadruplant pour les étudiants étrangers » (p.58). Il est important de noter que ce plan est une version provisoire, et que seule la version qui sera publiée dans la Feuille fédérale fera foi.
Et maintenant ?
À la mi-octobre, le Parti Socialiste Fribourgeois (PSF) a fait la demande d’un référendum pour le projet, qui sera donc suspendu jusqu’au 26 avril prochain, date de la votation populaire.
Sources utiles
