Pour ce semestre, le Cinéclub de l’Université de Fribourg a préparé un cycle autour de la censure au cinéma. En attendant l’ouverture du cycle dès ce soir, Fabio Gramegna, président du Cinéclub, et Adrienne Barras, trésorière, nous parlent de ce programme.

Spectrum: Pourquoi avoir choisi le thème de la censure en particulier?
Fabio: L’idée est revenue plusieurs fois au cours de nos assemblées. On trouvait le thème intéressant et essentiel dans le milieu du cinéma. Ce sujet nous permet de faire un cycle avec davantage d’invités, et donc plus interactif. Car il faut garder à l’esprit que lorsqu’on évoque la censure, il n’y a pas que le film qui est important: le contexte dans lequel il a été produit est essentiel.
Adrienne: Par rapport au cycle du semestre passé, «Les films de boules», qui était plus déjanté, on a eu envie de faire quelque chose d’un peu plus sérieux, et c’est aussi l’occasion de montrer des classiques.

Sous quel(s) angle(s) avez-vous choisi d’aborder ce vaste sujet?
Adrienne: À la base, on avait envie de rester dans le cadre helvétique, mais ça s’est révélé un peu compliqué au moment de trouver des films. Alors on a préféré faire nos choix au niveau international. Aussi, nous ne nous sommes pas arrêtés à un type de film précis. Nous avons pris tout ce qui nous semblait intéressant. Le concept de censure est assez difficile à cerner, car dès que l’on impose des limites à un film, il y a censure.
Fabio: On s’est dit qu’on voulait avoir quelques films en rapport avec les scandales religieux, certains plus violents, etc. On a essayé de varier un peu, mais il faut également tenir compte des ayants droits, regarder ce qui est disponible.

Y a-t-il des films que vous n’avez ou n’auriez pas osé montrer?
Fabio: Il n’y en avait vraiment qu’un seul que je n’avais pas envie de montrer car il est très choquant. Il s’agit de Salò ou les 120 Journées de Sodome, de Pier Paolo Pasolini, qui avait déclenché une grosse polémique à sa sortie. Au-delà de ça, la plupart des autres films datent des années 60-70: depuis les mentalités ont évolué et ce ne sont plus des films qui choquent vraiment.

Quelques experts en la matière sont au rendez-vous, notamment Freddy Buache, ancien directeur de la cinémathèque suisse, et Anaïs Emery, directrice artistique du Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces évènements?
Fabio: Freddy Buache, qui s’est énormément battu contre la censure dans les années 60-70, est quand même le numéro un dans le domaine au niveau Suisse. C’est donc un grand honneur de le recevoir. Comme il connait très bien Jean-Luc Godard, il va présenter Je vous salue Marie, ce sera intéressant. On a choisi d’inviter Anaïs Emery, parce qu’on est plusieurs dans l’équipe du Cinéclub à bien aimer le festival de Neuchâtel. C’est elle qui choisira le film, plutôt un film fantastique.

Quels sont les points forts de ce nouveau programme, les films à ne manquer sous aucun prétexte?
Fabio: Tout d’abord, les deux soirées gratuites. Nida Surber, du domaine Anglais, va présenter Tropicanita, un film Cubain très drôle, dont le réalisateur a pu éviter la censure en changeant un peu l’histoire de base. L’autre film gratuit c’est Orange mécanique, le classique de Kubrick qu’on était presque un peu obligé de mettre au programme! Delphine Vincent, du domaine musicologie et histoire du théâtre musical, va venir présenter la musique du film, ce qui offre une autre perspective. Bien sûr, il y a la venue de Freddy Buache et d’Anaïs Emery. On se réjouit aussi d’accueillir le réalisateur suisse Michel Rodde, pour une soirée hors cycle. Son film Impasse du désir, inédit à Fribourg, a été tourné à Neuchâtel et Düdingen.

Tropicanita, projection gratuite ce soir, 2 mars, à 19h30, à la salle de cinéma de Miséricorde (salle 2030).

Impasse du désir, projection hors-cycle en présence du réalisateur, ce samedi, 5 mars, à 18h, au Rex Cinémotion (bvd de Pérolles)

Infos et programme complet: http://student.unifr.ch/cineclub/

Par Marina Sparti (article paru dans notre édition papier de mars 2011)