Charlotte Volery, 21 ans. BFTout le monde connaît «La Liberté», le fameux «Quotidien romand édité à Fribourg». Mais comment fonctionne vraiment le journal préféré des Fribourgeois francophones? L’étudiante Charlotte Volery nous ouvre les portes de sa rédaction régionale.

Charlotte Volery, âgée de 21 ans et habitant Gruyères, est inscrite en Histoire des sociétés contemporaines et Journalisme et médias à l’Université de Fribourg. Après son stage d’été dans la rédaction régionale de La Liberté, elle a accepté de répondre aux questions du magazine Spectrum.

Tu as passé cet été un stage à La Liberté dans la rédaction régionale. As-tu postulé pour obtenir cette place?

Oui, j’ai envoyé mon CV avec une lettre de motivation à La Liberté. En septembre, j’ai reçu une première réponse: négative, il n’y avait plus de place. Heureusement, ils m’ont rappelé et j’ai pu rencontrer le rédacteur en chef, Louis Ruffieux. Il m’a alors proposé un stage d’été dans le bureau bullois de la rédaction régionale. Comme j’habite Gruyères, ça m’arrangeait.

Comment se déroule un stage de ce type?

Tous les matins à 9h15 a lieu une conférence téléphonique entre toutes les rédactions régionales de La Liberté (Fribourg, Bulle, Romont et Payerne, ndlr). On commence par faire une critique du journal du jour, et ensuite on annonce le journal du jour suivant. A la fin de la réunion, on reçoit par fax le plan des articles pour l’édition du lendemain. Là, le travail peut commencer.

Dès le premier jour, j’ai pu écrire des articles. Tout le mois de juillet, j’ai écrit des brèves. C’est difficile, parce qu’il faut être assez court, tout en restant intéressant à lire. Le mercredi de ma première semaine, je suis allée toute seule à la conférence de presse de la Fête du livre à Gruyères et j’ai pu en écrire l’article. Pour d’autres conférences de presse, comme celle du 9 juillet sur les plans de fusions des préfets du canton de Fribourg, j’étais accompagnée. Dans ces cas-là, j’écrivais un article à blanc, qui recevait un commentaire mais qui n’était pas publié. En général, la journée se terminait vers 16h30, avec parfois des prolongements jusqu’à 18h00. C’est très flexible! Et à la fin du stage, j’ai reçu un certificat de travail. Sinon, un chose m’a interpellé: c’est la fréquente utilisation du téléphone par les journalistes. Au début, ça me faisait un peu peur de téléphoner à des inconnus, mais ma coach de la rédaction m’a dit «Charlotte, tu n’y échapperas pas». (Rire)

Au-delà de ces aspects, y avait-il des côtés négatifs?

Comme il faut faire beaucoup de téléphones, on se fait parfois rembarrer par les personnes qui n’ont pas envie de répondre à nos questions. C’est dur! Sinon, je restais dans une actualité régionale, voire exclusivement gruérienne. Au début, je craignais que ça devienne un peu rébarbatif, mais maintenant je comprends que c’était très formateur.

D’un point de vue professionnel, veux-tu t’engager dans la voie journalistique? Et qu’en est-il des autres médias, comme la radio et la télévision?

Oui, c’est une possibilité parmi d’autres. Les médias écrits m’intéressent le plus mais la radio m’attire aussi. J’aimerais bien une fois pouvoir travailler pour Couleur 3, ce serait génial!

Tu étudies «Journalisme et médias» dans ton domaine secondaire. Selon toi, cette branche t’a-t-elle préparé pour le stage à La Liberté?

Pas vraiment. C’est un métier qui s’apprend sur le terrain. J’ai toutefois déjà pu me familiariser avec certains aspects théoriques grâce aux cours, comme les règles de déontologie ou encore l’agencement d’un article, ainsi que le vocabulaire journalistique.

Il existe deux écoles quant à l’apprentissage du journalisme. L’une préconise absolument des études en journalisme, l’autre pas forcément. Que conseilles-tu aux jeunes qui veulent se lancer dans ce domaine?

A mon avis, ce n’est pas une obligation de faire des études dans le journalisme. Mais ça peut être un plus. A Fribourg, les cours intègrent aussi l’aspect de la communication d’entreprise. C’est une perspective intéressante. On fait aussi des exercices de journalisme télévisuel, par exemple.

J’ai posé la question à Louis Ruffieux, et il m’a dit qu’il ne se focalisait pas sur cet élément-là quand il engageait des collaborateurs. Et pendant mon stage à Bulle, aucune des personnes qui travaillaient avec moi n’avaient fait des études de ce type. Donc je pense que ce n’est pas essentiel, tout en constituant un petit avantage.

On spécule souvent sur la possible disparition des médias traditionnels au profit des nouveaux médias, comme les réseaux sociaux. Est-ce que tu souscris à cette thèse?

Je ne pense pas. Le support papier pourrait disparaître au profit d’un support électronique, mais il y aura toujours des journalistes professionnels derrière les articles. On ne s’improvise pas journaliste, c’est tout un processus qui forge la personne. Et puis personnellement, Facebook ne me parle pas trop. Les réseaux sociaux ont sûrement un intérêt pour la communication d’entreprise, mais moins pour le reste. D’ailleurs, les réseaux sociaux informatifs se basent souvent sur les médias traditionnels, et pas sur des sources de première main. Il y a un problème d’objectivité. La recherche de la vérité des médias traditionnels ne se retrouve pas dans les réseaux sociaux.

Blaise Fasel