Amateurs de japanimation et de films de super-héros préparez vous: « 009 Re: Cyborg 3D » va réconcilier les deux genres! Cette version nippone des Avengers dépeint un monde secoué par des attentats – bombe, missile de croisière et arme atomique – contre les gratte-ciels les plus prestigieux de notre planète. Les mystérieux terroristes obéissent à « Sa Voix » et veulent donner « un nouveau départ à l’Humanité ». Pour faire face à cette menace, neuf cyborgs de différentes nationalités joignent leurs forces et mènent l’enquête de Dubaï à Washington en passant par Istanbul.

Inspiré du manga de Shotaro Ishinomori – best-seller japonais –, ce film d’animation se distingue par la richesse des effets spéciaux. Si depuis une décennie la 2D s’est pliée aux contraintes de la 3D, les studios d’animation Production I.G. ont ici une démarche novatrice en adaptant la 3D au savoir faire nippon en matière d’animation. Et cela marche à merveille! Le spectateur est immédiatement plongé dans un déluge de combats aériens très fluides et qui gardent néanmoins la marque de fabrique de l’anime japonais.

Le scénario ravira ceux qui ont aimé « The Avengers » tout en le trouvant trop américain. Une des forces de ce bijou d’animation: c’est un film de super-héros tout ce qu’il y a de plus classique, mais abordé sous un angle asiatique. Ceci s’illustre dans un passage particulièrement savoureux où le suspect principal se trouve être… la NSA! Contrairement aux très patriotes Avengers, les cyborgs proviennent des quatre coins du monde et vont de la jolie Française, au flegmatique Anglais en passant par un Chinois maître en arts martiaux et un Allemand de la RDA dont le corps est une arme. Le film est très orienté autour de la coopération internationale, ce qui change agréablement du messianisme américain.

Néanmoins, l’atout de 009 Re: Cyborg peut aussi être une de ses principales faiblesses pour un public européen: ce film est résolument japonais et peut donc agacer les personnes peu familières des codes cinématographiques de la japanimation. En effet, les stéréotypes et les incongruités s’enchaînent, comme par exemple le porte-jarretelle de la cyborg française plus ou moins subtilement dévoilé dans un plan sur trois. Même combat pour le héros principal qui promène sa frange d’adolescent blasé d’un bout à l’autre de la planète sans qu’on puisse dire en quoi cela lui donne un air héroïque. Notons encore les digressions philosophiques des héros qui citent Mircéa Eliade et Freud dans des intermèdes qui se voudraient drôles mais qui cassent un peu le rythme du film.

Il s’agit donc là d’un film intéressant, qui permet d’aborder les super-héros d’un angle différent de la coutume hollywoodienne mais par là même, il peut aussi en déstabiliser certains.

Florian Mottier

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