Selin Vari relate sa rencontre avec une étudiante quelque peu particulière… Portrait de Floriane Moret, une jeune danseuse orientale en pleine ascension à Fribourg.
C’est une étudiante plutôt discrète, et à la gestuelle gracieuse, que j’avais l’habitude de croiser en cours. Son regard, sombre et profond, dévoilait une légère timidité. Elle me rappelait vaguement quelqu’un. Il faut dire qu’elle a un petit air de Marlene Dietrich, avec ses grands yeux rêveurs et ses cheveux blonds, bouclés. Un jour, je suis tombée sur les photographies d’un spectacle de danse orientale. J’y ai reconnu ma «Marlene Dietrich» sur un arrière-fond tout en couleurs, digne des mille et une nuits. J’ai appris par la suite qu’il s’agissait en fait de Floriane Moret, 21 ans, danseuse de la troupe Ahlan, créée en 2008 par Maryam Ribordy.
Sur scène, la timidité de Floriane s’éclipse derrière une vague de sensualité. Dès que la plainte de la musique se fait entendre, Floriane s’exprime de toute son âme. Tel le vent qui affranchit le brasier, le son du darbouka envoûte son corps, tantôt avec audace, tantôt avec douceur. Ce n’est plus la courbe de ses yeux qui envoûte, mais l’ondulation délicate de ses courbes. Sa beauté naturelle est ravivée par des costumes riches en décor. Le temps d’un spectacle de rêve, Floriane se transforme en véritable sirène, tout droit sortie d’un conte, et nous fait voyager dans des contrées fantastiques.
Pourtant, la réalité ne correspond pas toujours à ce mirage du monde de Shéhérazade. Floriane a accepté de nous faire part de l’envers du décor. Cela fait 6 ans qu’elle pratique la danse orientale, qu’elle a découverte lors de vacances en Tunisie. Étudiante en sciences sociales à l’université de Fribourg, elle admet qu’il n’est pas facile de concilier les exigences de la danse et des études. En plus de ses répétitions habituelles, elle doit présenter deux spectacles par année, dont le festival de danse orientale, Esquisse d’Orient, organisé chaque année au théâtre Nuithonie. Il va sans dire que cela lui prend des heures et des mois de préparation.
C’est cependant une passion dont Floriane ne pourrait se passer. Elle n’évoque jamais la fatigue, mais parle de plaisir: «La musique transmet une telle énergie et la danse orientale m’a tant apporté»! Floriane avoue avoir vaincu ses complexes, sa timidité et avoir pris confiance en elle depuis qu’elle pratique la danse. L’éclat de ses yeux en dit long lorsqu’elle parle de la danse orientale.
Floriane a aussi gagné une deuxième famille en intégrant la troupe Ahlan : «Des liens forts se sont noués au sein de la troupe, bien qu’il puisse y avoir, quelques fois, des tensions entre les filles. Nous partageons énormément de choses en dehors de la danse et cela se ressent dans nos représentations».
Quant à l’idée de suivre les traces de sa professeur, Maryam Ribordy, et de faire une carrière dans la danse, elle répond, non sans timidité, en arrangeant une mèche des cheveux bouclés, que ce serait un rêve. Un rêve qui, peut-être, commence à se réaliser. Depuis bientôt une année, Floriane suit une formation de danse tribale, une sorte de danse orientale mélangée à différents styles, qui a vu le jour aux Etats-Unis à la fin des années 60. En septembre 2012, Floriane l’enseignera à l’école de danse Maryam. Une nouvelle étoile orientale verrait-elle le jour à Fribourg?
Varli Selin