Il avait fait une entrée fracassante dans le monde de la fantasy avec son cycle « Les Bannis et les Proscrits ». La nouvelle série de James Clemens « Chroniques des Dieux » égalera-t-elle le succès de la Sor’cière?
Nous plongeons dans un monde fantastique, les « Neuf Contrées », où le pouvoir appartient à 100 dieux. Chacun est à la tête d’une ville différente et veille au bien être de ses sujets. Sang, glaire, bile jaune ou noire, ces fluides divins nommés humeurs sont imprégnés de pouvoir et permettent aux divinités de créer des « Grâces » qu’ils accordent à leurs sujets. Ainsi, le sang permet d’influencer sur la réalité, la sueur d’intensifier un sortilège et ainsi de suite.
Nous suivons les aventures de Tylar. Cet Ancien « chevalier d’Ombre » a été répudié de son ordre et tente de survivre dans une ville inhospitalière… Jusqu’au jour où il est témoin du meurtre d’une déesse. On le prend pour le coupable et il est contraint de fuir pour éviter la mort. En cavale, Tylar est rejoint par une servante de la déesse trépassée ainsi que par voleur plein de malice qui vont se révéler plein de ressources. Aventures, combats et découvertes seront au rendez-vous.
Originalité est le maître mot pour définir «L’Ombre de l’Assassin». Qui aurait pu imaginer allier anciennes croyances de médecine (théorie des humeurs), mythologie et fantasy? Rendre de la bile jaune ou noire attractives, il fallait y parvenir! Quant à faire vivre des dieux parmi les hommes, cela avait encore été rarement tenté dans la fantasy.
L’imagination de James Clemens ne s’arrête pas là. Ses «bateaux à nageoire», ou la ville océane de la déesse Fyla sont autant de merveilles qui cisèlent le roman. Tout comme dans «Les Bannis et les Proscrits», l’auteur réussit à créer un monde complexe et cohérent. Il a même poussé plus loin l’exercice, ce monde-ci ne ressemblant que très peu à nôtre ancien Moyen Âge, sans pourtant perdre une miette de réalise. Seul bémol, des personnages un peu moins attachants, plus tourmentés, que ceux que nous connaissions dans «Les Bannis et les Proscrits». Et si la violence qui caractérise les écrits de Clémens est également présente, elle semble parfois gratuite…
James Clemens: «Chroniques des Dieux: l’Ombre de l’Assassin», tome 1, Paris, Bragelonne, 2005, 564 pages.
Lise-Marie Piller