Lors du spectacle Dance Juke-Boxe, organisé dans le cadre de la Fête de la Danse de Fribourg, ce sont les spectateurs qui ont choisi l’ordre des 12 performances exposées dans le programme.

Le Nouveau Monde. Devant la porte de la salle de spectacle, une foule patiente. Les uns sirotent un verre de vin tandis que d’autres bavardent. Tous abordent un tatouage sur le poignet et un badge frappé d’un pantalon. Normal, ils sont venus pour la Fête de la Danse, et plus précisément pour le spectacle Dance Juke-Box.

Les portes s’ouvrent et les gens s’engouffrent dans la salle, après avoir reçu un résumé des différentes performances. Est aussi distribué un petit papier sur lequel figure un numéro. Eh oui, il s’agit là du principe du spectacle. Comme l’explique Danilo Cagnazzo, organisateur de la Fête de la Danse à Fribourg, un tirage au sort va avoir lieu. Ce sera ensuite au propriétaire du numéro élu de choisir la performance qu’il souhaite voir. Danilo, ajoute qu’il y aura un spectacle supplémentaire, Radar, à l’instant où… une brunette délurée déboule sur scène, accompagnée par une musique tonitruante. Déboussolé, le pauvre M. Cagnazzo ne sait plus que faire, alors que l’intruse commence à enchaîner les mouvements de gymnastique. Le jeune présentateur finit par se résigner et fuit dans les coulisses.

Coup de théâtre, la gymnaste se révèle en fait être la main innocente qui animera la soirée. Elle tire un premier numéro… Le spectateur gagnant fait sont choix et c’est parti pour « Un truc qui claque », un numéro rondement mené par une bande d’amazones rigolotes et déchaînées, qui – cerise sur le gâteau – se prennent pour des déménageuses. Côté musique, c’est claquements et battements en folie. Le public exulte. Puis les choses prennent un tour plus calme avec deux danseurs de lindy hop, qui, au son joyeux des trompettes, virevoltent sur une musique d’antan.

Le groupe suivant pratique le hip hop. Deux danseurs, particulièrement, magnétisent la salle. Leurs mouvements coulent, fascinent. Ils évoluent avec grâce et sauvagerie, prouvant que la danse des rues a aussi sa place sur une scène de spectacle.



Tribal Fusion. C’est le style de danse qu’exerce le groupe suivant, composé de deux filles. Parées d’or et d‘argent, le ventre bien en valeur, elles ondulent  avec grâce et sensualité. Tout aussi féminine que ses deux consœurs, l’artiste suivante exerce la danse contemporaine. L’ambiance se colore de rouge et de noir, se craquelle autour de mouvements déchirés. Hasard ou coïncidence, c’est une discipline voisine qui prend le relais. Légère et aérienne, une danseuse classique vole sur les notes de la chanson d’Edith Piaf: La Foule avant de céder la place au spectacle « J’ai dit à ma grand-mère que je fais de la gymnastique », une performance imaginative et théâtrale. La mise en scène est encore à l’honneur avec « à contresens », où l’histoire d’une sourde s’entremêle avec celle d’un musicien et d’une danseuse.

Le tirage au sort frappe encore, élisant un groupe qui ressemble… à la personnification d’un tableau de Hopper. Une jeune fille en rouge danse tantôt la beauté tantôt la laideur. Ses traits se confondent avec ceux d’Eva Green ou de Kristen Steward. Puis après le rouge, place à l’azur, avec le groupe « Bleu » qui clôturera cette soirée. Leur technique n’est pas sans rappeler celle des clownesques Frères Taloches, mais en version musicale…

Derrière « Dance Juke-Boxe » se cache l’imagination fertile de Danilo Cagnazzo. Celui-ci reprenait les rênes de la Fête de la Danse à Fribourg pour la troisième année. Explications:

Spectrum: Le Juke-Boxe est une des nouveautés de l’édition 2014 de la Fête de la Danse. Comment  t’es venue l’idée?

Danilo Cagnazzo: « Fribourg compte un bon potentiel d’artistes, danseurs, compagnies, chorégraphes… Il y a beaucoup d’idées, de créativité et une grande diversité de styles de danse. Je voulais mettre ces artistes en valeur de façon ludique. D’où l’idée du Juke-Box.

S: Le public a donc pu devenir acteur du spectacle?

DC: Tout à fait. De plus, le fait que les spectateurs doivent choisir le programme les rend beaucoup plus attentifs aux artistes, à leur performance ou à l’école dont ceux-ci sont issus.

S: Avec deux éditions derrière toi, as-tu jugé plus facile d’organiser une telle manifestation?

DC: Je me dis toujours qu’avec l’expérience, « l’année prochaine, ce sera plus simple », mais en fait ce n’est pas du tout le cas. J’essaie d’offrir un programme novateur et souvent, cela demande beaucoup de logistique. Par exemple, Juke-Boxe rassemble 33 interprètes et 12 différents spectacles. C’est beaucoup d’organisation, mais quand je vois le plaisir du public, je me dis que le jeu en vaut la chandelle.

Lise-Marie Pliller