Chronique.
Angelique Eggenschwiler était présente à «La réunification des deux Corées». Cette pièce de théâtre de la troupe des Apostrophes est en représentation cette semaine au théâtre de la Cité. Notre journaliste vous partage ses impressions.

Un sanglot dans une robe de mariée ou l’au revoir sur la conscience du fugitif ; un parfum d’encens dans le dortoir d’une prostituée et cet amour précaire, absolu qui dessine en creux le vide de l’Homme; la solitude en porte-à-faux et le besoin d’exister qu’on dépose sur le cœur de l’autre, sa chair qu’on déchire au détour d’une rupture.

Avenue de la Séparation, des âmes se brisent dans le mutisme d’une baby-sitter négligente : les enfants chimères ou ceux qu’on regarde partir en soufflant sur les braises des souvenirs heureux, l’ambiguïté d’une caresse pour les réconforter.

affiche_coreesCrédit Photo: Les Apostrophes

Une nuit trop courte qui s’ouvre sur des lendemains incertains, quand l’amour ne suffit pas ; quand il suffit trop et grandit dans le ventre rond de l’attardée crédule, des entrailles pleines de promesses et de tragédies.

Les mots de Joël Pommerat sont un baiser, tantôt rugueux, lorsqu’il écorche nos illusions et moque la candeur humaine, tantôt tendre, quand les jardins des asiles accueillent les premiers amours éternellement rejoués d’une amnésique qui s’éprend sans fin de son mari.

L’amour fugace ou compulsif, sa révolte fragmentée, déclinée en passions qui froissent et bousculent les cœurs secs résolus à sa fiction. Le verbe acide et contemporain s’habille d’une subtile pudeur dans le jeu précis des Apostrophes. Jusqu’au 27 mai, dans l’intimité du Théâtre de la Cité, la troupe vous invite à contempler ces fièvres aliénées, corrosives et essentielles. Une fresque doucement cynique qui, à la frontière du vaudeville, arrache larmes et éclats de rires au public séduit par la mise en scène et la spontanéité de l’interprétation de la troupe des Apostrophes.

ANGELIQUE EGGENSCHWILER

La Réunification des Deux Corées
Sam. 23 mai 19.00
Mar. 26 mai 20.30
Mer. 27 mai 20.30
Théâtre de la Cité, Grandes-Rames 36, Fribourg
Plus d’infos et réservations sur le site des Apostrophes