Spectrum est allé dénicher dans ses archives un article sur l’initiative au sujet de l’égalité homme-femme. Commentaire.
Être ou ne pas être une femme libre
Le « Dossier Femmes » du numéro qui nous intéresse commence par une présentation du MLF (Mouvement de Libération de la Femme n.d.l.r.) et du Centre Femme à Fribourg. Réunions, créations de centres de discussions, d’expositions mais surtout manifestations : telles sont les activités des deux groupes dont les adresses des Q.G.nous sont données en fin d’article. Les femmes se battent et manifestent pour une égalité des droits entre elles et les hommes.
Aujourd’hui, ces centres semblent avoir disparu, on trouve bien différentes associations de solidarité envers les femmes battues ou consacrées aux femmes immigrées mais aucun groupe ne questionne l’égalité des sexes.
Le problème est donc réglé ? Du point de vue de la loi peut-être puisque l’initiative dont il est question dans la deuxième partie du dossier a été acceptée. Cependant, encore aujourd’hui, bien qu’amoindries, les inégalités de salaires entre hommes et femmes, notamment dans le secteur privé, subsistent.
L’initiative pour l’égalité hommes-femmes
Le deuxième article du dossier interroge les différences de droits entre hommes et femmes pour démontrer l’utilité de l’initiative. Cette dernière vise à compléter l’article 4 de la Constitution fédérale « Tous les Suisses sont égaux devant la loi » en tâchant de préciser que la notion « les Suisses » comporte la catégorie « femme ».
Les principaux domaines concernés par les inégalités sont exposés : la famille (répartition des tâches ménagères), le domaine juridique (touche à tous les domaines et contient « une liste de discriminations bien trop longue pour un seul numéro de « Spectrum » ») et finalement, la formation. A nouveau, on peut se demander où en sont désormais ces inégalités aujourd’hui, car comme cela est souligné dans l’article : « […] ce n’est […] pas une règle constitutionnelle qui fera disparaître les inégalités. »
En effet, si l’on se penche sur le domaine de la formation, on constate que même si les écarts se sont réduits et que le nombre de femmes accédant à des formations universitaires est à peu près identique au nombre d’hommes, elles sont néanmoins toujours à l’écart des spécialisations dites techniques et plus nombreuses dans le secteur tertiaire[1].
Et maintenant ?
Les termes de l’édito de ce numéro de 1981 s’inscriront dans notre conclusion : « Il faut lutter contre ce vent froid qui souffle dans les couloirs. Une brise peu réjouissante nommée apathie. » Il s’agit d’une sorte de prémonition du peu de considération accordé aujourd’hui à l’égalité homme-femme qui est loin d’être complètement acquise mais qui semble apparaître comme un sujet démodé.
Le mouvement des femmes anti-féministes le montre bien, avec des slogans tout à fait pertinents du type : « Je ne suis pas féministe parce que j’aime bien faire des petits gâteaux à mon namoureux ». Notre époque peut être fière d’avoir créé la femme-qui-se-tire-une-balle-dans-le-pied-toute-seule. Alors, évidemment, la situation s’est améliorée depuis les années 80 mais nous avons une fâcheuse tendance à oublier que cela ne s’est pas fait par magie. Une chose reste certaine : lire cet article paru il y a 35 ans, en plus de nous rappeler par où les femmes sont passées, questionne le chemin que nous prenons aujourd’hui : progrès continu ou grosse régression ?
Lire l'intégralité du Spectrum du 19 juin 1980:
Coralie Gil
[1] Confédération suisse: statistiques suisses « Niveau de formation de la population résidante selon le groupe d’âge, en 2014 » http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/20/05/blank/key/gleichstellung_und/bildungsstand.html