Spectrum revient sur un évènement majeur de 2015, vu par un jeune au coeur de l’histoire. Récit.

Le Burkina Faso, pays enclavé de l’Afrique de l’Ouest, a connu il y a peu sa première élection démocratique depuis quatre décennies. Cette réussite n’a pas été faite sans difficultés, car le pays a connu une tentative de putsch avortée durant le mois de septembre visant à empêcher le processus de démocratisation. Le coup d’état a été déjoué grâce aux forces de la société civile qui ont combattu les putschistes. Adama Congo, président du Mouvement des Jeunes socialistes du Burkina, a été un des acteurs de cette résistance démocratique et il a accepté de répondre à quelques questions de Spectrum.

En 2014, le président autocrate Blaise Compaoré est chassé du pouvoir par une révolte populaire. Depuis, le Burkina Faso s’était engagé dans un processus de transition qui aboutira par des élections démocratiques fin 2015. Néanmoins, ce processus a été mis en danger durant le mois de septembre. Le 16 septembre 2015, le gouvernement de transition du Burkina Faso est pris en otage par les troupes du Régiment de sécurité présidentielle, une unité militaire d’élite proche du président déchu. Le jour suivant, les putschistes nomment le général Diendéré à la tête du Conseil national de la démocratie pour modifier le processus de transition politique en leur faveur. C’est alors que la population burkinabè se soulève contre le pouvoir illégitime et engage une guerre d’usure contre les troupes de la Garde présidentielle. Le résultat est impressionnant car le 23 septembre, le Régiment de sécurité présidentielle et le général Diendéré sont forcés à capituler. Ensuite, le gouvernement de transition est solennellement restauré. Le 29 novembre suivant, le Burkina Faso élit Roch Marc Christian Kaboré comme président du pays. Le putsch finit ainsi par devenir un tragique interlude dans le processus de démocratisation de ce pays africain.

Nous avons voulu savoir comment Adama Congo, membre éminent de la société civile, a vécu ces évènements. A cette fin, nous lui avons demandé son récit des jours suivant la tentative de putsch du général Diendéré.

J’ai appris avec consternation la prise d’otage du président du Faso, président de la transition, du PM et des membres du gouvernement Par le RSP (Régiment du Sécurité Présidentielle) proche du Président déchu (Blaise Compaoré) […] pendant l’hebdomadaire conseil des ministres qui se tenait au palais présidentiel de Kossyam.

Au lendemain de la prise d’otage nous apprenons à la télé à travers un communiqué lu par un officier que le président de la transition est démit de ses fonctions, le gouvernement de la transition et l’ensemble des institutions de la transition sont dissoutes. Le coup d’état est consommé.