Les théories marxistes se retrouvent aujourd’hui dans des domaines variés tels que la sociologie, l’économie ou la géographie, ainsi qu’au sein même des universités suisses, comme à Genève. Eclairage.
L’actualité ne cesse de nous rappeler l’essor des mouvements politiques de droite voire d’extrême droite de par l’Europe et les Etats-Unis. Mais le tableau politique n’est pas tout noir (ou tout blanc). Il existe aussi, et notamment en Suisse, des partis ou des associations positionnés nettement à gauche qui se sont formés ces dernières dizaines d’années.
Après s’être intéressé au parti politique SolidaritéS qui vient de prendre ses marques à Fribourg, Spectrum s’est penché sur l’association des Etudiant(e)s marxistes de l’Université de Genève. Cette dernière s’est créée il y quatre ans et a notamment fait parler d’elle lors de la campagne contre la hausse des taxes d’étude à l’Université de Genève en fin de l’année passée. Ce genre d’associations marxistes existent également à l’Université de Berne, Bâle ou de Zürich.
« Nous sélectionnons un texte sur lequel se base notre discussion durant la réunion et nous en débattons. Chacun est invité à y prendre part. »
-Dersu
ASEMA* à l’Université de Genève
Loin de porter une longue barbe touffue, Dersu, étudiant à l’Université de Genève et membre de l’ASEMA m’éclaire sur les activités de l’association : « Nous organisons des cercles de lecture hebdomadaires qui sont ouverts à tout le monde. Nous sélectionnons un texte sur lequel se base notre discussion durant la réunion et nous en débattons. Chacun est invité à y prendre part. ». Leur objectif est de saisir ce que ces écrits peuvent apporter à la société actuelle. Seulement des textes de Marx ? « Non, nous choisissons des auteurs très hétérogènes. Il en va de même pour les participant-e-s qui ne sont pas tous et toutes “de Gauche“», affirme l’étudiant en Relations internationales. L’association organise également ponctuellement des conférences.
Selon les membres de l’association, il n’y a pas de pratique politique possible sans une approche théorique. Ils ont donc choisi les textes correspondants aux trois piliers du marxisme – la philosophie, l’économie et l’histoire pour légitimer leurs actions, notamment au sein de la politique universitaire.
« Les contradictions du capitalisme que Marx découvre au XIXème siècle n’ont jamais été autant d’actualité. […] »
-Dersu
Marx au XXIème siècle ?
Selon les membres de l’ASEMA, les textes de Marx, notamment « le Capital » et « le Manifeste du Parti communiste » sont encore aujourd’hui déterminants pour la compréhension et l’analyse de notre société. « Les contradictions du capitalisme que Marx découvre au XIXème siècle n’ont jamais été autant d’actualité. La crise économique en 2008, les réactions de la classe dominante qui s’en sont suivies ainsi que les inégalités croissantes entre les revenus en sont des exemples concrets », soutient l’étudiant.
Ce dernier avoue que le caractère innovant du capitalisme a permis une avancée technologique et une digitalisation dans notre société. Cependant, ces avancées devraient justement permettre une amélioration des conditions de vie dans le monde, et ce n’est aujourd’hui, selon lui, pas le cas. « La situation s’est certes améliorée d’un côté, mais de l’autre il y a également eu un renforcement des tendances destructrices au sein de la société ».
« En temps de crise, lorsque les partis traditionnels s’effondrent, les masses cherchent des alternatives. Nous devons donc proposer un programme radical et clair »
-Dersu
Socialisme ou barbarie !
Concernant le contexte politique qui est aujourd’hui très souvent houleux, l’étudiant explique ce phénomène à travers un processus de polarisation, avec l’émergence de partis d’extrême droite ou d’extrême gauche. « En temps de crise, lorsque les partis traditionnels s’effondrent, les masses cherchent des alternatives. Nous devons donc proposer un programme radical et clair ». Faut-il donc une révolution comme le promouvait Marx ? « Oui ! Notre mot d’ordre est clair : Socialisme ou barbarie ! », conclut Dersu.
*Association des Etudiant(e)s marxistes de l’Université de Genève