Les premiers étudiants de master en médecine arriveront à Fribourg lors du semestre d’automne 2019. La mise en place de cette nouvelle voie d’études ? Un gros challenge.

Tous les responsables l’affirment, il ne reste maintenant plus que quelques détails à peaufiner avant le lancement du nouveau master en médecine. Cependant, comme le montre l’exemple de ce nouveau master, de nombreux obstacles administratifs doivent être surmontés avant de pouvoir commencer à planifier le contenu exact d’un nouveau cursus.

De novembre 2013 à mai 2014, l’Université de Fribourg a réalisé une étude de faisabilité en collaboration avec l’Hôpital cantonal de Fribourg (HFR), le Réseau fribourgeois de santé mentale (RFSM) et une consultante externe. L’ensemble des interrogés s’est positionné en faveur du projet. Les coûts, le financement et le besoin en chambres ont été analysés en détail. Après l’octroi d’un prêt par le Grand Conseil l’année dernière, la réalisation concrète du projet a pu être lancée.

L’écriture d’une nouvelle page

Ce nouveau master est avant tout l’opportunité de concrétiser plusieurs idées. Et c’est plus facile à faire en partant d’une page blanche que si certaines structures existaient déjà, affirme Isabelle Charrière, secrétaire générale du nouveau master en médecine. La dernière phase de planification a débuté l’automne dernier, avec son lot de questions : comment diviser et attribuer le budget ? Les étudiants de Fribourg devraient-ils être admis en priorité, ou faudrait-il recruter des étudiants d’autres universités ? Il y a-t-il assez de places disponibles pour les étudiants à l’Hôpital ?

Les attentes sont élevées, puisque l’objectif sera d’avoir des diplômés au moins aussi bons que leurs camarades de Berne et de Bâle. De plus, l’un des aspects centraux de ce master reposera sur la médecine de famille. Ce choix a été motivé par la forte pénurie de médecins de premier recours dans le canton : pour dix mille habitants, Fribourg n’en compte que six.

Quand opportunité rime avec défi

Les autres universités suisses intègrent également de plus en plus d’éléments de médecine générale au programme de leurs masters. « Nous essayons toutefois de créer quelque chose d’unique avec ce master », précise Madame Charrière. Mais elle souligne qu’il s’agira essentiellement d’études générales de médecine, qui ne seront donc pas si différentes des autres universités, surtout en ce qui concerne l’examen fédéral en médecine humaine. Un étudiant effectuant son master à Fribourg pourrait donc tout aussi bien devenir chirurgien cardiaque. Les étudiants de Fribourg seront cependant particulièrement sensibilisés et encouragés à se spécialiser en médecine familiale. Une attention toute particulière sera portée à l’enseignement de connaissances inhérentes à différentes disciplines médicales ; l’Université et l’Hôpital de Fribourg espèrent ainsi éviter une concurrence entre les facultés de médecine et les hôpitaux universitaires. Un autre défi conséquent concernera l’embauche de professeurs. Douze chaires avec postes cliniques associés devront être créées d’ici 2019, entre autres dans les domaines de la médecine générale, de la didactique médicale ou encore des services de santé. C’est en la personne de Raphael Bonvin, médecin chef de file ayant participé à la conception du nouvel examen fédéral, qu’a déjà été trouvé un contributeur compétent au nouveau cursus.

Soutien massif au projet

Le nouveau programme de master vise également, entre autres, à favoriser les compétences sociales et communicationnelles des étudiants, ainsi que l’interprofessionnalité, les besoins de la population étant au centre de la formation. L’HFR et le RFSM sont également partenaires du projet fribourgeois, unique en Suisse. L’Université de Berne a elle aussi déjà accepté une coopération. Il y a près d’un an, le Grand Conseil a approuvé ce nouveau master en médecine humaine à 94 voix contre 0. Il a par ailleurs accepté un budget initial de trente-trois millions de francs en septembre 2016. L’objectif serait d’avoir intégré cette opération au budget total de l’Université dès 2023. Afin de parfaire les connaissances des étudiants en médecine familiale, les cabinets de médecins généralistes devraient leur être ouverts et servir de lieux de formation, tous comme des médecins de premier recours devraient être amenés à faire des conférences à l’Université.

 

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Traduction : Andréa Savoy