En ce samedi 6 avril 2019, les piétons des Grèves pour le Climat et les cyclistes de Faites du vélo manifestent dans les rues de Fribourg, dans le but d’interpeller les politiciens tout comme la population. Spectrum s’y glisse, au milieu des slogans et des corps mouvants. Venez découvrir une jeunesse qui s’échauffe devant la frilosité des considérations écologiques.

Se réunissant à la place Georges-Python, Faites du vélo présente sensibilisations, sports et divertissements depuis 9h30. Le but ? Pousser badaud·e·s et passant·e·s à préférer le vélo à la voiture. La jeunesse de la Grève du climat les rejoint dans l’après-midi pour lancer le cortège à 16h. Avant le départ, Faites du vélo appelle à l’adaptation de nos villes vers une mobilité douce. Les organisateur·rice·s déplorent des routes dangereuses et le manque de pistes cyclables, or et rappellent que garantir la sécurité des cyclistes participerait fortement à favoriser l’utilisation du vélo. Quant à elle, la Grève pour le Climat exprime son mot d’ordre national : la justice climatique. Celle-ci se traduit par une responsabilisation pénale des pollueur·se·s et une législation qui contraint les entreprises à considérer l’impact climatique dans toutes leurs prises de décisions et actions. Pour les grévistes, le temps de l’incitation est passé, les entreprises auraient raté leur chance.

Après les acclamations, le cortège s’ébranle. 2400 semelles et 800 roues (faites le calcul !) pour faire entendre l’urgence du problème climatique tant à leurs concitoyen·e·s qu’à nos élu·e·s Devant l’Hôtel de ville, un groupe de grévistes entonne un chant d’appel à l’action climatique sur la mélodie de la Bella Ciao et les manifestant·e·s reprennent le refrain, une énergie palpable. Toutes les générations se sont rejointes pour cette occasion mémorable.

Cet engagement massif de nos jeunes apprenti·e·s, étudiant·e·s et travailleur·euse·s peut étonner, car l’on n’est pas habitués à voir d’aussi jeunes manifestant·e·s : outre les enfants qui accompaignaient leurs parents, certain·e·s semblaient n’avoir pas plus de 12-13 ans. C’est à se poser des question qui dérangent… les consciences de ceux et celles qu’on décrit facilement comme endormi·e·s par la télé réalité et les réseaux sociaux se montreraient-elles plus engagées que celles des adultes ? Où est la maturité et la responsabilité ? Nous vous souhaitons bons débats dans vos familles à Pâques ! A noter l’increvable détermination des Grands-parents pour le climat, bien déterminés à protéger tout ce qu’ils ont bâtis pour leurs petits-enfants.

Au bord de l’eau, nourritures et rafraîchissements sont offerts par les grévistes. Les prix ? « À votre bon cœur ! », me répond un sourire. A côté, des jeunes pédalent sur des vélos reliés à des micros et des enceintes: leurs efforts donnent de la voix aux porte-paroles qui s’expriment alors devant plus de 1600 personnes. Dans leur discours, ils et elles lient justice pour le climat et luttes contre les inégalités sociales. Les questions s’enchaînent : « Pauvreté et exploitation dans le milieu du travail ? Pollution de l’air et maltraitance animale ? » Selon eux, les coupables seraient les mêmes : le capitalisme, la course au profit et à la consommation. Les grévistes sont d’avis que la richesse que nous produisons suffirait déjà à résoudre nos problèmes et que croître encore ne ferait qu’empirer les choses, et c’est pourquoi nous devrions mieux répartir nos ressources. À leurs dires, d’autres qu’eux auraient fait ce lien : les Gilets Jaunes en France ou encore les Démocrates du Green New Deal aux États-Unis.

Les grévistes appellent finalement à agir localement, partout où l’on peut, pour diminuer notre empreinte écologique et atteindre l’objectif qu’ils se sont donné: la neutralité des émissions carbones en 2030. Plus ambitieux même que le traité de la COP21 ! N’est-ce pas exagéré ? Ils me répondent que ce traité n’est ni assez ambitieux, ni assez respecté. Leur but est de viser plus haut et de nous obliger à nous y tenir, car l’urgence climatique ne nous en laisserait plus le choix.

Le crépuscule tombe alors sur une journée de découverte d’une jeunesse organisée et pleine de ressources. La cause climatique semble s’être gonflée d’un nouveau régiment bien déterminé ! Si nos politicien·ne·s s ne les écoutent pas, il faudra s’attendre à les revoir dans nos rues.

Crédits photo: Linda Mürset