Vendredi 29 novembre, les mouvements Extinction Rebellion et Grève du Climat ont démontré leur rejet du Black Friday en bloquant l’entrée principale de Fribourg Centre. Le but de l’action ? Dénoncer l’hégémonie du capitalisme.

Une action de sensibilisation

Les activistes ne se sont pas contenté·e·s de faire un blocage, mais ont également concentré leur force sur la sensibilisation des potentiel·le·s acheteur·euse·s. « Le premier objectif de nos actions est de sensibiliser les gens à la cause environnementale ! Cela se fait en informant les client·e·s de l’impact qu’ils·elles peuvent avoir dans leur manière d’agir », explique Florence qui a participé à l’action. En effet le matin du 29 novembre, certain·e·s activistes parcourent divers magasins du centre commercial pour disséminer des petits billets avec un QR code dans les vêtements. Une fois scannés, ces derniers renvoient à un manifeste*dans lequel on peut lire entre autres : « Plus de 100 milliards de vêtements sont vendus dans le monde chaque année. En Europe, 4 millions de tonnes de textiles sont jetées chaque année. » Ainsi, d’une part Extinction Rebellion dénonce l’industrie textile et ses conséquences désastreuses, d’autre part le mouvement propose des alternatives en ville de Fribourg pour contrer le « fast fashion ». En somme, les activistes veulent avant tout encourager une prise de conscience sur les problèmes actuels environnementaux.

Une action spectaculaire : la Red Brigade

La Red Bridage déambulant aux alentours du centre commercial.

De son côté, toute de rouge vêtue et le visage peint en blanc, la Red Brigade déambule à Fribourg Centre. Inspirée du mouvement initié à Londres, c’est dans le silence et par des mouvements aériens que leur action veut se faire entendre. Leur marche lente et leurs gestes chorégraphiques se figent pour prendre diverses postures avec, dans leurs mains, un panneau sur lequel il est inscrit : « Keep shopping, everything is fine ! » L’ironie est au rendez-vous. Par ailleurs, la Red Brigade ne se déplace jamais sans ses « peace keepers », chargé·e·s de rassurer le public et d’expliquer les motivations de l’action. En effet, cette démarche se veut également sensibilisatrice et est porteuse d’un lourd symbolisme : « Le rouge des costumes, loin d’être festif, représente le sang des espèces que l’on est en train d’exterminer… l’être humain compris », raconte Léa, activiste du mouvement XR.

Le blocage

Certain·e·s bloqueur·euse·s menoté·e·s à des caddies dans l’entrée de Fribourg Centre.

Vers 17h, un groupe d’activistes se concentre à l’entrée principale du centre commercial pour la bloquer. Pourquoi ce choix alors qu’il existe de nombreux autres magasins en ville ? Clémentine, membre du mouvement, répond : « D’une part, la situation centrale de ce centre commercial permet une meilleure visibilité et d’autre part, il représente un des hauts lieux du commerce à Fribourg. » Pour marquer les gens, certain·e·s bloqueur·euse·s se sont enchaînés à des cadis : « Symboliquement, c’est la métaphore de l’être humain moderne enchaîné à sa consommation », explique Clémentine. En ce qui concerne le but du blocage, Zachary le justifie : « Déranger permet d’obliger les gens à prendre position ou au moins à se questionner sur leur mode de consommation. » Finalement, les partisan·e·s du mouvement souhaitent sensibiliser le·la client·e sur les conséquences de ses achats.

Compte rendu et revendications

La Red Brigade affiche un message teinté d’ironie dans le centre commercial.

Pour une durée totale d’environ deux heures, l’action se déroule sans accrocs majeurs. Le blocage tient jusqu’à la fermeture du centre et sans violence notable, mis à part quelques insultes et bousculades au début. La police, quant à elle, se montre coopérative tout au long en informant et rassurant les passant·e·s. Toutefois, elle a fini par désincarcérer les activistes vers la fin de l’action et pris note de quelques identités. En ce qui concerne le public, la Red Brigade est bien accueillie, contrairement au blocage. Néanmoins, Florence explique : « Ce n’est pas forcément un plaisir de déranger les gens, mais le but est de montrer qu’on doit faire quelque chose. Il s’agit de donner la chance au peuple d’être conscient de ce qui se passe et de choisir les outils pour le changement. » Enfin, la revendication officielle avancée par les activistes consiste en ce que le gérant du centre s’engage à ne plus organiser de Black Friday. Néanmoins, il s’agit avant tout pour eux·elles de dénoncer la surconsommation et les crises qui lui sont liées, comprenant la mise en danger de l’ensemble des espèces vivantes.

*Lien vers le manifeste: https://xr.sideral.ch/ManifesteFastFashion_Fr.pdf

Crédit photos: Léa Chabaud