Cette semaine, FriScènes convie tous·tes les amoureux·ses du théâtre fribourgeois·es (et les curieux·ses d’ici ou d’ailleurs) à son rendez-vous annuel, qui se tient du 10 au 17 octobre. Le Festival International de Théâtre de Fribourg a concocté une 13e édition adaptée mais réjouissante, pour permettre à son public de profiter pleinement d’une semaine de représentations… masquées. Petit tour d’horizon.
C’est la troisième fois que l’équipe bénévole – et donc passionnée – est sous la direction du duo formé par Kristel Huguet et Renaud Lambert. En revanche, c’est bien la première année que le délai d’inscription a dû être prolongé. Pour cause, la faible quantité de projets reçue alors que la pandémie battait son plein. Quelques semaines plus tard, dès que les mesures se sont assouplies, une vague de candidatures a soufflé sur le festival. Soulagement !
Le travail de sélection a lui aussi été empêché par le confinement. Il n’est en effet pas évident de dénicher des pièces originales et innovantes sans les voir dans les salles de théâtre. Davantage de créations sont donc programmées cette année, mettant en lumière le travail des artistes présenté·e·s. Deux des quatre pièces Hors Compétition sont d’ailleurs coproduites par les Teintureries, pour renforcer les liens déjà tissés avec cette école supérieure basée à Lausanne. Vous pourrez ainsi découvrir Face au mur et Déjà hier, respectivement des Cies tmsta (Yann Hermenjat) et Larmes de Job (Stéphanie Barbetta et Giulia Crescenzi), dimanche après-midi au Nouveau Monde.
Le festival s’ouvrira sur la seule farce de l’œuvre de Jean-Paul Sartre, Nekrassov, mise en scène par Audrey Bertrand (Cie Les Hauts Plateaux). Dix personnes sur scène – un fait rare – pour livrer une critique acerbe des fake news, thème plus que jamais d’actualité. En vous rendant au Collège de Gambach pour assister à cette première représentation, vous aurez même l’occasion d’admirer l’expo photo réalisée par Chloé Wilhem, intitulée No Vacancy. Une mise en scène de l’actrice Marta Gil dans le rôle d’une actrice courant après le rêve américain, à qui tout sourit ou tout échappe. Ce qui n’est pas sans rappeler Mulholland Drive, film dont l’histoire similaire se déroulait aussi à Los Angeles – sans le casse-tête! La photographe fait du reste partie du collectif artistique Noctua, qui a fait l’objet d’un article paru sur notre site en septembre.
En guise de clap de fin, le public sera embarqué dans une réflexion sur une problématique sensible et actuelle, soulevée par Djihad, écrit et mis en scène par Ismaël Saidi. D’après le synopsis, « il s’agit avant tout de tourner en dérision le dogmatisme, la victimisation des arabes, le racisme ordinaire qui règne dans les banlieues ». Avant cette représentation, la table ronde intitulée « Sommes-nous tous·tes ‘acteurs·trices’ de la prévention de la radicalisation » sera l’occasion pour le public de débattre des questions soulevées par Djihad en compagnie de plusieurs expert·e·s, le tout modéré par Géraldine Casutt du Centre suisse Islam et société. Cette même pièce servira également chaque matinée de support pédagogique à destination de plusieurs classes de cycles d’orientation. Ce nouveau projet scolaire permettra ainsi au jeune public d’échanger avec la troupe franco-belge, menée par Ismaël Saidi, qui tient à se définir comme un « Belge musulman, mais de culture judéo-chrétienne. »
En Hors Compétition, on retrouve donc au total quatre pièces jouées par des troupes professionnelles, dont celles mises en scène par deux membres du jury, à savoir Audrey Bertrand et Yann Hermenjat. Le duo sera présent aux côtés des personnalités fribourgeoises bien connues – et reconnues – que sont Nicolas Couchepin, écrivain et dramaturge, et Anne Jenny, comédienne et médiatrice culturelle.
Le festival a à cœur de renforcer l’échange entre les mondes amateur et professionnel du théâtre, c’est donc naturellement que des masterclass sont proposées aux troupes amatrices, en récompense à leur inscription en Compétition. Si une troupe nantaise a dû annuler sa venue en raison de la situation sanitaire, le public pourra tout de même découvrir quatre pièces jouées par des troupes amatrices, en semaine, à 20h tapantes. Une première, inspirée du mythe d’Orphée et d’Eurydice, sera jouée en anglais avec des surtitrages en français par la MOTH Theatre Company qui regroupe des personnes rencontrées à l’Université de Lausanne, à l’origine autour de Shakespeare. Deux figures mythiques, Bonnie & Clyde, ont inspiré les personnages des deux comédiennes de la Cie jurassienne Vol de Nuit, qui interprèteront plusieurs morceaux. Deux autres figures, du dix-huitième siècle cette fois-ci, livreront leur correspondance : Marie-Antoinette et le chevalier d’Eon ; une comédie dramatique jouée par la Cie française L’Oncion Théâtre. Enfin, si vous appréciez Xavier Dolan, vous serez ravi·e·s de (re)découvrir Tom à la ferme, imaginé cette fois-ci par la Cie Nacéo, d’origine elle aussi québécoise.
Et si vous préférez rester en extérieur, quoi de mieux qu’une promenade au Jardin botanique pour découvrir des créations fribourgeoises ? Sept créations originales seront présentées en Hors Scène dans ce lieu aux multiples visages, autour d’une seule thématique : « Habiter le monde ». Plusieurs horaires de départ sont possibles pour profiter des installations visuelles et/ou sonores.
Alors ramène ta frimousse à FriScènes !
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