À quoi ressemblera le futur de l’architecture ? La rédaction de Spectrum vous propose de rêver un peu. Interview.
À quoi ressembleront nos cités dans un avenir proche ? Vivrons-nous tou·te·s dans une cellule standardisée au quarante-huitième étage d’une tour bétonnée au sein d’une ville dystopique, telle la Metropolis de Fritz Lang ? Interview avec le Dr. Sergi Aguacil-Moreno, responsable pour l’EPFL du Smart Living Lab et du Project2050.
En quoi consiste le Smart Living Lab ?
C’est un centre de recherche et développement sur l’habitat du futur installé à Fribourg, dans le site de Bluefactory. Il regroupe trois entités académiques que sont l’Université de Fribourg, la Haute-Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg et l’EPFL.
Sa mission consiste principalement en des expérimentations et en des recherches d’économies d’énergie. Pour ce faire, divers·e·s chercheur·euse.s établissent des maquettes numériques, voire des simulations grandeur nature d’un habitat, en étudiant surtout sa consommation d’énergie.
Est-ce que l’aperçu de nos habitations va-t-il radicalement être modifié ?
À titre personnel, je pense que nos villes seront quand même un peu plus hautes, mais n’atteindront jamais des sommets comme à Manhattan. Les enjeux démographiques et les besoins de l’aménagement du territoire nous forcent indéniablement à accepter une un peu plus grande verticalité dans nos paysages urbains. L’essentiel consiste à tenir compte des besoins des zones urbaines et périurbaines et à densifier au maximum la place disponible.
La mise en place de plus de coopératives d’habitation, comme par exemple la Kalkbreite à Zurich, permettrait indéniablement une concentration plus optimale des besoins en utilitaires et des habitant·e·s. De plus, avec ce mode d’organisation collective, les coûts énergétiques peuvent être partagés, donc optimisés, permettant ainsi une meilleure durabilité.
Du point de vue esthétique, une plus grande sobriété sera de mise, avec notamment un usage accru de matériaux dits « bruts ». De plus, il serait opportun de ne pas trop utiliser de grandes vitres pour des hautes structures, du fait de leur énorme empreinte carbone.
Ceci nous amène à la question des économies d’énergie …
Justement, la pratique idéale consisterait à trouver le bon matériau pour le bon endroit. Tout dépend de l’environnement et de l’insertion locale d’un bâtiment. Il faut ajouter qu’une utilisation plus accrue du bois, du plâtre et de l’argile permettrait de se passer de la prédominance du « tout-béton ».
La production et l’utilisation de ces matières brutes devraient se faire à rendre ces dernières réutilisables, voire être totalement préfabriquées. Ceci permettrait d’importantes économies d’échelle. Les nouvelles infrastructures devraient même respecter les certifications d’économies d’énergies, tel le label Minergie®, comme c’est déjà le cas au Smart Living Lab.
Et la végétalisation ?
Oui bien sûr, elle est pensée pour être mieux insérée dans nos environnements urbains. Une meilleure utilisation des végétaux permettra prioritairement de lutter contre l’effet « îlot de chaleur » des villes. De surcroît, bon nombre de synergies doivent être élaborées avec les habitations. Par exemple, l’emploi de verdure spécifique sous les toitures permet premièrement l’essor d’une meilleure biodiversité et secondement une isolation naturelle pour les panneaux photovoltaïques, augmentant même leur efficacité !
Ainsi, les enjeux pour nos habitats de demain demandent une meilleure concertation des spécialistes sur l’élaboration de projets. Une des clés pour la conception et l’aménagement de nos environnements futurs se révèle être la pluridisciplinarité. Elle permet en effet une meilleure compréhension des différents aspects qu’entraînent une simple construction.
Pour finir, on pourrait tout résumé par ces mots : pour des villes durables et réutilisables, travaillons à l’avenir de concert !
Site du groupe du le Dr. Sergi Aguacil-Moreno:
Building2050: https://building2050.epfl.ch
Site du Smart Living Lab: https://www.smartlivinglab.ch/
© Image mise en avant: Claire Pollin.