Le 30 mars, après 5 mois d’occupation, quelques 200 activistes ont été expulsé·e·s de leur zone à défendre. À peu près le même nombre de policier·ère·s sont intervenu·e·s pour une opération qui a duré 2 jours.

L’événement était prévisible, c’était chose sue que les policier·ère·s interviendraient fin mars. Mais la date s’est précisée quand sur leur page Instagram une alerte a été publiée le 23 mars, annonçant la grande probabilité d’une intervention à l’aurore du lendemain et appelant à la mobilisation d’activistes supplémentaires. Ainsi, on a pu assister à la venue d’une dizaine de militant·e·s les rejoindre avec le train le soir même de l’annonce. Au petit matin, quelques voitures de polices patrouillaient nerveusement dans les villages aux abords de la colline occupée, et des journalistes préparaient leur matériel photo. Ce n’est cependant qu’à 8 heures que la rumeur s’est confirmée avec l’arrivée des premiers fourgons de policiers. Une photo Instagram a alors immédiatement été publiée annonçant froidement : « la police débarque. »

Une foule de policier·ère·s en équipements noirs s’est alors attroupée à côté des dernières habitations au pied de la colline. Iels se sont mis en marche et ont alors fait face à un premier barrage d’Extinction Rebellion au pied de la colline auquel iels ne s’attendaient pas. Après une première sommation et des tentatives de négociation, les premier·ère·s activistes ont été évacué·e·s et ont ensuite avancé progressivement avec l’aide d’un ratrak et une tronçonneuse en déblayant la route d’accès jonchée de troncs. Ils ont notamment déplacé une tour de bois alors même que 2 activistes étaient encore à l’intérieur.

© Delphine Guinchard.

Puis, après cette longue procession, iels se sont arrêtés à une trentaine de mètres de la barricade principale de la zone à défendre. Iels firent une nouvelle sommation offrant aux activistes la possibilité de se rendre pacifiquement afin d’éviter une intervention trop contraignante. Mais cet appel semblait plus formel qu’efficace car les militant·e·s criaient plus fort que le mégaphone. Iels hurlaient régulièrement sur un fond de tambour : « Rentrez chez vous ! », « Vos enfants ne vont pas vous aimer » ou encore « Holcim finance des terroristes. » Mais les casques noirs cuisant au soleil sont restés stoïques devant ces ultimes tentatives d’intimidation.

L’attente s’est éternisée, puis à 12 heures l’affront a démarré. Avec un effet de surprise, l’assaut a commencé non sur la barricade principale, mais du côté d’un flanc de la ZAD, plus vulnérable et, en moins de deux minutes, les policiers étaient à l’intérieur. Quelques cailloux et bombes colorées ont bien été jetés sur les forces de l’ordre, et l’un d’entre eux·elles a été blessé, mais globalement, comme le voulait le mot d’ordre, aucune résistance violente n’a été utilisée de la part des activistes. La scène n’en restait pas moins impressionnante, pour cette région de campagne habituée au calme (abstraction faite des tirs de mine dans la carrière). Entre les deux camps, la presse et les curieux sont restées en retrait pour observer l’action avec attention, certain·e·s chantaient même pour soutenir les zadistes dans leur martyr. Les activistes au sol ont ensuite été amené·e·s de force à la gare de la Sarraz, pour qu’iels rentrent en train à Lausanne, et les moins coopératif·ive·s ont été emmené·e·s au poste de police.

© Delphine Guinchard.

L’opération a néanmoins été plus compliquée pour les plateformes et les tripodes en hauteur, ce qui a fait durer l’opération jusqu’au lendemain après-midi. En Parallèle, diverses manifestations ont eu lieu à La Sarraz et à Lausanne, en témoignage et en soutien aux activistes en garde-à-vue. Depuis, des plaintes sont régulièrement formulées sur la page Instagram de la ZAD, reprochant à la conseillère d’État Verte Béatrice Métraux (dirigeant le Département de l’Écologie et de la Sécurité) sa passivité face à l’évacuation et exigeant sa démission.