La jalousie et l’envie : aspects purement féminins de la concurrence ?

Si la concurrence se fait toujours plus présente dans notre société actuelle, qu’en est-il des sentiments et des comportements qu’elle induit en nous ? Y a-t-il une différence entre les hommes et les femmes ? C’est ce que Spectrum se propose de découvrir dans cet article.

 

Certain.e.s s’accorderont facilement pour dire que nous vivons dans une société qui en demande toujours plus, et ce, dans tous les domaines. Il en résulte que la concurrence n’a de cesse de s’accroître également, que ce soit pour trouver une place de travail, entrer dans une école ou même pour trouver un appartement. Arrive alors l’inévitable comparaison et le lot de sentiments qui l’accompagne, l’envie et la jalousie en étant des exemples particulièrement récurrents.

Afin de mieux comprendre ce phénomène humain qu’est la comparaison et dans l’optique de confirmer ou d’infirmer d’une manière plus scientifique si l’envie et la jalousie sont des caractéristiques surtout féminines, l’intervention de Sarah Kiani, maître-assistante en études genre de l’université de Neuchâtel guidera ce thème.

La comparaison : fait social ou comportement inné ?

Pour mieux comprendre le fonctionnement de la comparaison, il faut revenir aux origines de ce phénomène. Le Dr. Sarah Kiani explique la chose suivante : « Se comparer est un phénomène de la vie en société et donc un fait social. Dès lors qu’un individu agit au sein d’un groupe et en fonction d’autres individus, il ne peut pas être pensé en-dehors du social. L’individu n’existe que parce qu’il implique plusieurs individus. Seul-e, il lui serait impossible de se comparer ».

L’envie et la jalousie : une affaire de femmes. Réalité ou idée d’un imaginaire collectif ?

Les scènes de films, où les protagonistes de sexe féminin se crêpent le chignon et se font des crises de jalousie viennent directement à l’esprit à l’évocation d’un tel sujet. Mais est-ce vraiment juste de penser que ces états émotionnels, certes exagérés dans les médias, n’appartiennent qu’aux femmes ?

© Marie Schaller

Pour le Dr Sarah Kiani, ce serait trop réducteur que d’affirmer une telle pensée : « Il me semble qu’il s’agit là bien plus d’une vision de sens commun et de stéréotypes de genre. Des dynamiques de concurrence par exemple sont décrites dans des univers fortement masculinisés – dans le domaine professionnel, le sport, pour ne donner que quelques exemples. Je me méfierais donc de reproduire et de nourrir des stéréotypes de genre en traitant de cette question au féminin ! » affirme -t-elle en s’interrogeant plutôt sur la description systématique de la concurrence comme une problématique féminine : « Pourquoi ces dynamiques de concurrence sont-elles souvent pensées comme féminines, alors que la compétitivité par exemple ferait largement partie de descriptions d’un monde masculin ? ».

Une hypothèse peut répondre à cette interrogation : l’influence des médias sociaux. La mode, c’est de s’y montrer sous son meilleur jour tout en s’inspirant souvent de personnes influentes et populaires. Côté esthétique, l’exemple de femmes très connues via les télé-réalités comme Kim Kardashain est édifiant. Il n’est pas imprudent d’affirmer que ce sont plutôt des femmes et des jeunes filles qui se comparent à elles et qui désirent leur ressembler. Partant du principe que pour une large part de ces filles-là, l’esthétique joue un rôle important dans leur vie, la concurrence aux « j’aime », sur Instagram, par exemple, sera par conséquent virulente. Il semble alors naturel de penser qu’elles sont fortement tentées de se comparer entre elles et, par la force des choses, de ressentir de la jalousie les unes envers les autres.

Conclusion

Les hommes, tout comme les femmes sont amenés à se comparer, puisque la comparaison est un fait social. Les émotions suscitées par la comparaison, ou du moins leur démonstration, surtout chez les femmes, font partie d’un imaginaire collectif influencé par les médias comme les médias sociaux ou le cinéma. C’est pourquoi, parler de concurrence spécifiquement entre femmes et faire des différences ontologiques entre hommes et femmes, semble fortement réducteur.