“On sort ce soir ?”

Fribourg n’est dans l’inconscient collectif pas synonyme de vie nocturne intense, même aux yeux des fribourgeois.e.s. Mais cette vision est-elle en accord avec la réalité ?

Lorsque l’on évoque la vie nocturne en Suisse, Fribourg est rarement la première ville qui vient immédiatement à l’esprit. Pourtant, la capitale du canton n’est pas avare en propositions culturelles variées. L’office du tourisme référencie ainsi 13 clubs et bars et pas moins de 71 restaurants, sans compter les salles de spectacle et les galeries d’exposition. Si le dynamisme et la vitalité de l’offre culturelle fribourgeoise ne fait donc pas de doute, les raisons de cette relative indifférence sont à chercher, selon Régis Bürki, responsable de la vie culturelle à l’AGEF, dans un manque de valorisation et d’accessibilité : “Il n’y a quasiment pas de bus la nuit, les taxis coûtent cher en plus d’en effrayer certain.e.s et il n’y a pas vraiment de pistes cyclables non plus. La vie culturelle est là, on n’arrive juste pas y accéder. Toute cette offre incroyable et diverse reste limitée aux gens de Fribourg. Ce n’est pas une ville comme Lausanne qui attire des gens de l’extérieur.”

Réorganiser la vie nocturne

C’est probablement un constat similaire qui a motivé la préfecture de la Sarine à ouvrir les Assises de la Vie nocturne. Le but du projet lancé le 23 mars 2021 est de convier tous les acteur.trice.s de la vie nocturne fribourgeoise afin de discuter des possibilités d’amélioration et de valorisation du dispositif actuel. Régis, dont le rôle à l’AGEF consiste à mettre en contact la vie estudiantine avec l’offre culturelle de la ville, s’est rendu aux 5 soirées des Assises. Il témoigne: “Il y avait 50 à 60 personnes. C’est un échantillon très large qui va des tenancier.ère.s de bar aux représentants de la police cantonale, en passant par les associations de prévention et les sécuritas.”

Organisées autour de plusieurs axes thématiques, les soirées des Assises ont donné lieu à une effervescence d’idées. Des thèmes comme les horaires d’ouverture, la prévention en milieu festif, les mesures de sécurité ou encore la mobilité ont été discutés : « Les dialogues étaient très intéressants car il y avait toujours plusieurs points de vue différents pour un aspect précis de la vie nocturne, décrit Régis : “Ce qui est compliqué, c’est qu’une idée en amène toujours une autre. Typiquement, les associations féministes et les sécuritas vont avoir une vision différente de ce qu’est la sécurité. Notre défi a été de considérer les apports de chacun.” Pour ce faire, un document de synthèse a été rédigé afin de dresser les priorités identifiées par les participant.e.s et proposer des pistes d’action pour exécuter les idées discutées. Un exercice dont s’acquitte le comité de pilotage au sein des Assises.

Yvan Pierri

Les Assises et la jeunesse

Si la vie nocturne a sans aucun doute été l’un des secteurs les plus touchés par la pandémie de Covid-19, son activité repart de plus belle. La jeunesse joue un rôle-clé dans cette reprise. Représentant le quart de la population fribourgeoise, la population estudiantine constitue l’un des plus gros blocs de clientèles des clubs et des bars de la ville: “Je pense qu’il est vraiment important qu’il y ait une partie estudiantine au comité de pilotage des Assises.” estime Régis,  “Les tenancier.ères de bars en particulier sont à l’écoute de la jeunesse et c’est particulièrement agréable.”

 

En attendant la prochaine réunion du comité de pilotage, Régis Bürki partage ses espoirs pour l’avenir: “Je souhaite vraiment que la vie nocturne fribourgeoise soit plus inclusive. J’aimerais que personne n’ait plus peur d’aller en soirée, qu’il y ait le moins de harcèlement possible. Je voudrais également faciliter l’accès à ces fêtes, que le plus de monde possible puisse venir, même quand on vit au fond de la campagne fribourgeoise”

Il ne reste maintenant plus qu’à voir à quel point les efforts mobilisés par les Assises de la Vie nocturne porteront leurs fruits et si Fribourg sortira enfin de son image de ville “où il ne se passe rien.” pour pouvoir à terme bénéficier de l’aura culturelle qu’elle mérite.