Démystifions Time Out

Une structure semi-fermée pour les adolescent.e.s en « rupture ». Qu’en est-il réellement ?

 

L’image d’un établissement pour des jeunes en difficultés ou en rupture avec la société pâtit souvent des fausses croyances de la société elle-même. Si Time Out accueille effectivement des adolescent.e.s sous mandat civil ou pénal, ce n’est guère une structure carcérale.

Time Out c’est quoi ?

Avec la collaboration de la responsable pédagogique et de la psychologue de l’établissement, Spectrum se propose d’éclaircir certains points sur cette structure “semi-ouverte”, accueillant des adolescent.e.s pendant 16 semaines. Le principe de Time Out est avant tout d’établir une évaluation de la personne admise et de sa situation. Ce n’est pas un endroit à visée carcérale malgré le côté semi-fermé de la structure et la nécessité d’une ordonnance de placement d’une justice civile ou pénale pour y séjourner. Comme l’explique la responsable pédagogique de l’établissement : « les 16 semaines c’est ce qui définit le temps qu’il nous faut pour l’observation, l’évaluation et l’intervention et puis après pour concrétiser les projets et la suite pour qu’elle soit pérenne ». L’interdisciplinarité est de mise puisque les jeunes admis.e.s bénéficient notamment de l’accompagnement d’éducateur.trice.s, d’une psychologue, d’une art-thérapeute, d’un enseignant spécialisé, mais également d’une  pédopsychiatre consultante.

Comment  travaille-t-on à Time Out ?

©Marie Schaller

S’il y a une chose primordiale et fondamentale pour les professionnel.le.s qui  travaillent dans l’établissement, c’est d’établir un lien de confiance avec le.la jeune. En effet, la psychologue de Time Out, Madame Uva insiste sur ce point : « Le lien social est notre premier outil de travail. C’est un peu ça qui permet de proposer des choses à ces jeunes et de faire en sorte qu’ils.elles y adhèrent. C’est quelque chose qui se crée au fil des semaines. Au début, lorsque le.la jeune arrive, il.elle est plutôt dans la contrainte et plus on avance dans le placement, plus il.elle accepte l‘aide. Il y a même des jeunes qui ont de la peine à partir car le lien est assez intense, parce qu’ils.elles sont tout le temps là, les éducateur.trice.s sont tout le temps avec eux.elles et la “semi fermeture” permet aussi ce lien. Sinon certain.e.s seraient dans la fuite ». À cela, la responsable pédagogique, Madame Brunisholz ajoute : « Certain.e.s’imaginent que Time Out est une structure carcérale, et ils.elles se demandent comment dans un cadre fermé comme celui-là -parce que nous sanctionnons parfois les jeunes -, on peut être dans le lien ». Elle met l’emphase sur l’effet catalyseur qu’un cadre normatif peut avoir : « tout le temps dans la fuite, ça ne les aide pas à être des adolescent.e.s ou des adultes épanoui.e.s. Il y un aspect comportementaliste et prédictible, ils.elles savent que quand il y a un « non », c’est un « non ». Et quand le lien prend, c’est fort. Dix ans après, certain.e.s nous donnent encore des nouvelles et viennent ici nous voir ».

Pour ce qui est du quotidien à Time Out, les journées sont toutes rythmées de la même manière. Il y a des heures fixes et des activités diverses qui sont entrecoupées par des moments en chambre. Les repas sont pris en commun et les activités sont proposées en groupes de deux, trois au maximum. Elles permettent d’établir une évaluation des jeunes et ne sont pas purement occupationnelles. « Elles servent à faire un premier bilan d’observation et d’évaluation des jeunes et, dans un second temps, ces mêmes activités seront reprises dans des projets personnels.

De plus, elles sont souvent des découvertes pour eux.elles et les aident à trouver aussi ce qu’ils.elles aiment. »

Les jeunes ont également des entretiens individuels et adaptés à leurs besoins et leurs compétences.

Après Time Out

Selon la responsable pédagogique : « ici on essaie de les outiller pour la suite. Mais on doit aussi faire face aux réalités extérieures de ce qu’on leur propose. Certains bénéficiaires auront encore besoin de professionnel.le.s autour d’eux ». À cela sa collègue ajoute : « c’est aussi pour ça les seize semaines, ils.elles ont besoiet les interventions avec eux.elles leur permettent aussi d’être un peu plus solides à leur sortie de Time Out et la transition vers autre chose peut se faire plus en douceur également. Car au final, c’est quand même très protégé comme contexte, même si les jeunes ne le disent pas. La “semi-fermeture” fait un peu un effet « cocon » et la réalité extérieure peut aussi être violente parfois. »

Finalement, tout ceci montre bien que l’image de Time Out et des “jeunes en rupture” est altérée par des stéréotypes finalement assez éloignés de la réalité…