Le 1er février dernier, un tout nouveau centre de référence pour la chirurgie du pied a ouvert ses portes à la Clinique Générale Ste-Anne, située au centre-ville de Fribourg. Spectrum a rencontré les deux chirurgiens orthopédistes qui ont uni leurs compétences pour créer ce projet.
Précédemment à la tête des départements d’orthopédie et de chirurgie du pied du CHUV, le professeur Xavier Crevoisier est, comme qui dirait, une pointure dans le domaine. De son côté, le docteur Yves Willemin a également des années d’expérience dans la chirurgie orthopédique, discipline qu’il a pratiquée d’abord à l’Hôpital Cantonal fribourgeois, puis en tant que chef de clinique spécialisée à Berne, puis de retour à Fribourg dans une clinique privée. Lorsque son collègue, le Dr Strehle, a pris sa retraite, le Dr Willemin a continué à travailler seul à la Clinique Générale Ste-Anne pendant deux ans, à la suite de quoi il s’est mis en quête d’un∙e nouveau∙elle associé∙e pour faire évoluer son cabinet. Cela tombait bien : le Dr Crevoisier était justement à la recherche d’un nouveau défi. « Je cherchais un projet dans de bonnes conditions », nous dit-il, « le but n’était pas de créer un besoin, mais de pouvoir opérer les patient∙e∙s là où il y avait un besoin ». Fribourg s’est alors présenté comme l’endroit idéal car, si des cabinets spécialisés dans la chirurgie du pied existaient déjà dans les cantons de Vaud, Genève et Zürich, il y avait un réel manque dans notre région. Mis en contact par un collègue orthopédiste de la Clinique Générale, les docteurs Crevoisier et Willemin ont eu l’occasion de réaliser des opérations ensemble. Ils ont vite constaté qu’ils avaient non seulement des compétences complémentaires, mais aussi des approches convergentes dans la manière de traiter les patient∙e∙s. C’était donc décidé : ils travailleraient ensemble à la création de ce nouvel établissement au cœur de Fribourg.
Une infrastructure idéale
C’est au premier étage du bâtiment annexe à la Clinique Ste-Anne que, en quelques mois seulement, des appartements ont été entièrement transformés en une infrastructure de 220 m2. Tout y a été pensé pour favoriser le confort et l’efficacité. Pour commencer, chaque docteur dispose d’une salle de consultation spacieuse ; aspect essentiel pour un cabinet orthopédique, puisque les médecins ont besoin de voir leurs patient∙e∙s marcher. Il y a, en plus de cela, une pièce dédiée à la mise en place des plâtres, chose qui permet de fluidifier la prise en charge des patient∙e∙s. Pour amener un certain calme tout en conservant l’impression de grandeur, le bureau d’accueil est séparé par des vitres d’un secrétariat fermé d’un côté et de la salle d’attente de l’autre. Le Centre dispose également d’une troisième salle de consultation, d’une salle de conférence et d’une salle de pause pour le personnel. Une pièce de rangement contient tout l’équipement requis pour préparer les patient∙e∙s avant une opération, ainsi que de nombreuses atèles, chaussures orthopédiques et autre matériel médical. De plus, docteurs comme secrétaires ont accès au réseau informatique qui regroupe l’agenda des consultations ainsi que les données médicales, chose qui facilite grandement l’organisation. Pour finir, la situation-même du Centre au sein de la Clinique est idéale. Les chirurgiens peuvent non seulement accéder directement au bloc opératoire qui se trouve au même étage, mais il leur est également possible, en montant un simple escalier, d’aller voir les patient∙e∙s qui séjournent à la Clinique. Enfin, le service de radiologie est situé juste en-dessous du Centre, ce qui est fort pratique.
La chirurgie du pied, c’est sacrément spécifique, non ?
Vous vous interrogez peut-être sur la nécessité d’avoir ouvert un établissement dédié à quelque chose d’aussi spécifique que la chirurgie du pied. « Il faut savoir que la tendance moderne, ce n’est plus de faire de l’orthopédie générale, mais spécialisée », explique le Dr Crevoisier, « car chaque domaine s’est beaucoup développé et fait appel à des compétences techniques de pointe ». Le fait d’ouvrir de petites unités hautement spécialisées permet donc, en se concentrant sur un plus petit spectre de pathologies, de développer les connaissances et l’innovation au maximum. « Les problèmes de pied existent depuis toujours », poursuit le Dr Willemin, « mais la spécialisation du pied n’a pas plus de 30 à 40 ans ». De ce fait, les experts dans le domaine sont encore rares, et leur savoir permet de traiter des cas toujours plus complexes. Finalement, la croissance démographique engendre aussi une augmentation de la demande, c’est pourquoi les cliniques spécialisées ont désormais toute leur importance. La preuve : depuis que le Centre du Pied a ouvert ses portes il y a trois mois, les consultations de chaque docteur sont pleines. Le Dr Crevoisier en rigole : « On ne sait plus où mettre nos patient∙e∙s ! »
Il faut dire que, pour le Dr Willemin, ce nouveau Centre est la continuité de son activité au sein de la Clinique Ste-Anne. « Quand Xavier est venu avec moi sur le nouveau projet, j’avais déjà mes patient∙e∙s », indique-t-il. Mais le fait que son cabinet ait déjà été établi a surtout énormément facilité la mise en place du Centre, en fournissant la base logistique sur laquelle s’appuyer. La venue du Dr Crevoisier a en outre permis de réduire le délai d’attente pour les nouveaux∙elles patient∙e∙s. « L’idée, c’est vraiment de s’appeler Centre du Pied, avec deux médecins spécialisés, et de se répartir un travail 50-50 », précise le Dr Willemin.
Associer les savoirs pour couvrir toutes les pathologies du pied
La grande force de ce projet, c’est qu’il permet aux deux chirurgiens d’allier leur expertise, et ainsi de prendre en charge tous types de problèmes de pied, allant des déformations à la traumatologie. « On vient chacun d’une école différente », raconte le Dr Crevoisier, « donc la mise en commun de nos compétences permet de couvrir tout le spectre des pathologies du pied ». En effet, alors que le Dr Willemin est surtout spécialisé dans les troubles de l’avant-pied, il nous dit que « Xavier, c’est un grand bonhomme qui sait tout faire et qui a vu des choses hyper compliquées ! ». Ainsi, en unissant leurs connaissances, les deux médecins peuvent traiter l’intégralité des patient∙e∙s. Les seules limites, ce sont les cas aigus qui nécessitent des soins intensifs, ainsi que certains patient∙e∙s, dits polymorbides, souffrant de maladies concomitantes qui rendent les opérations dangereuses. De plus, le fait que la Clinique Générale soit une structure d’intérêt public permet à tout le monde d’y accéder, contrairement à la plupart des cliniques privées dans lesquelles on ne peut se faire opérer que si l’on a une assurance complémentaire. « On a automatiquement un spectre plus large, puisqu’on peut traiter tous∙tes les patient∙e∙s ! », conclut le Dr Crevoisier.
L’avenir du projet : devenir un centre de formation
A long terme, l’objectif des chirurgiens est d’ajouter une dimension éducationnelle à leur projet. « On ne veut pas seulement faire le travail clinique que l’on fait maintenant », annonce le Dr Crevoisier, « mais on aimerait aussi que ça devienne un centre de formation ». Leur idée est d’engager de jeunes médecins en fin d’études pour qu’ils∙elles travaillent avec eux et soient ainsi en contact direct avec les patient∙e∙s. « Ce sera une solution gagnante-gagnante, car ils vont nous assister dans notre travail et, en contrepartie, on va leur offrir la transmission de ce que l’on sait », ajoute le Dr Crevoisier. Cerise sur le gâteau : la personne qui rejoindra l’équipe aura même sa propre salle de consultation ! Pour le Dr Willemin, terminer sa formation dans un cadre pareil sera une chance inouïe : « C’est un nouveau cabinet avec Xavier Crevoisier qui a une réputation internationale et moi qui ai quand même quelques années d’expérience. Franchement, c’est exceptionnel comme endroit pour apprendre ! ».
Mais avant de demander une accréditation auprès de la Fédération des Médecins Suisses (FMH), chose pour laquelle le Centre doit remplir un certain nombre de critères, les docteurs doivent faire le bilan de leur activité afin d’établir quels sont leurs besoins et leurs possibilités pour le futur. Il faudra donc attendre encore un an ou deux avant que le Centre du Pied n’acquière son statut didactique.