Grandir, c’est choisir, et choisir quelque chose c’est aussi en refuser d’autres. La révolte, et ça dès le plus jeune âge, c’est refuser certaines choses pour se consacrer à d’autres.
La révolte, loin d’être simplement un acte de désobéissance, est cruciale dans notre processus de développement. Plus que la simple expression d’une opinion ou d’un refus, c’est un moyen par lequel nous affirmons notre identité et nos préférences individuelles. Ce cheminement instinctif est fondamental pour la construction de soi, et il s’étend bien au-delà de l’enfance, se prolongeant tout au long de la vie. En effet, il est intéressant de noter que cette inclination à la révolte peut se manifester dès l’âge précoce d’un an !
Comprendre au-delà des apparences
On a tou·te·s en tête l’image – et surtout le son – d’un bébé criant dans un avion… À première vue, un enfant en pleine révolte peut sembler mal éduqué ou capricieux. Cependant, cette perception superficielle ne rend pas justice à la complexité sous-jacente. Théodore Dix, dans un article publié en 2007 dans Child Development, aborde cette question avec perspicacité. Il souligne qu’un enfant âgé d’environ deux ans et présentant des tendances « révolutionnaires » est en réalité un enfant qui bénéficie d’un environnement de sécurité et d’amour propice à l’expression de son individualité naissante. Loin d’être un signe de discorde, cette révolte précoce témoigne du début d’une affirmation de soi positive et d’un pas vers la construction d’une identité autonome.
Cette identité doit malgré tout être encadrée par les parents qui doivent pouvoir inculquer à leur descendance une manière de gérer sa frustration ainsi qu’un certain degré de contrôle sur ses impulsions afin de pouvoir vivre en société et selon certains standards.
Je t’en colle une maintenant ou après ?
Seulement, comme le souligne Marshall Rosenberg dans son livre Élever nos enfants avec bienveillance, derrière l’étiquette d’enfant, il y a surtout un être humain. Tout comme les adultes, les enfants ont un besoin intrinsèque d’autonomie, et plus on voudra nous imposer un choix, plus on résistera. Ainsi, c’est aux parents qu’incombe la tache ardue d’éduquer son enfant tout en posant des limites.
L’usage de la force peut alors être en certains cas nécessaire. Il faut cependant distinguer l’usage de la force protectrice et celui à des fins punitives. Par exemple, lorsqu’un enfant court imprudemment sur la route, le retirer brusquement de la situation est essentiel pour le protéger. En revanche, en ce qui concerne des tâches domestiques telles que sortir les poubelles, une approche punitive risque de créer des sentiments de crainte plutôt que d’enseigner des valeurs constructives. Veut-on vraiment d’une relation digne de Machiavel où notre enfant fait par crainte plus que par envie ? L’inverse est également vrai pour la récompense.
On reste de grands enfants
Cet enfant et cet adulte, nous les avons intériorisés. C’est peut-être aussi pour cela que l’on manque parfois de motivation. Notre adulte en nous est toujours dans l’exigence et on se force à faire tout ce que l’on « doit » faire. Alors, notre enfant intérieur et insatisfait, nous court-circuite, on ne fait rien ou avec bien moins d’entrain ce qu’on exige de nous car cela ne répond pas à nos besoins profonds. Mais qu’est-ce que l’on veut vraiment faire ? Qu’est-ce qui nous motive ? Pour ceux·elles qui s’écoutent, la révolte pacifique et forte de leur enfant permet de se lancer dans un dialogue qui aboutira à une solution qui remplira les besoins de tou·te·s.