La hausse des taxes universitaires en Grande Bretagne n’a cessé de défrayer la chronique. Le triplement des frais d’écolage à charge des étudiants a provoqué mouvements de foules et indignations du monde politique. Dans ce vif débat, deux camps s’affrontent. Le premier s’appuie sur le marasme économique dont souffre le pays pour justifier une augmentation. Le second dénonce une université à deux vitesses, à laquelle seules les classes aisées auront accès. Le point sur la gestion de cette crise des crédits d’études en Angleterre.

Le 9 décembre dernier, le Parlement britannique a voté en faveur d’une hausse des taxes universitaires, qui passent de 3290 à 9000 livres (environ 14 mille francs suisses) par an. Proposée par le gouvernement conservateur du Premier ministre David Cameron, cette augmentation a suscité un vaste débat en Angleterre. La voix des professeurs et étudiants, qui s’était élevée contre une telle décision, n’a pas suffit à faire fléchir le Parlement. En guise de représailles, toute une série d’actes provocateurs ont secoué le pays: occupation du siège du parti conservateur à Londres, sit-in dans les universités, attaque de la voiture princière, sans compter les innombrables manifestations de force dans les différentes villes du pays.

Les arguments en présence

Le gouvernement justifie cette hausse des taxes par une politique d’austérité budgétaire en période de crise. Il s’appuie, également, sur une hausse constante du nombre d’étudiants.
John Denham, ancien secrétaire d’État à l’innovation et à l’enseignement supérieur, soutient que cette politique d’augmentation poursuit un but caché moins avouable, celui du désengagement progressif des pouvoirs publics en matière de soutien à la formation.

Clivage gauche-droite

Sur la question du financement des universités, le traditionnel fossé en travaillistes et conservateurs se retrouve. Ainsi, le ministre conservateur David Willetts a déclaré à l’Ireland’s Business News du mois de janvier que cette hausse des tarifs universitaires «tenait compte de la nécessité d’assainir les finances des hautes écoles». Le leader du parti travailliste, Eddy Miliband, dénonce une manœuvre visant à dissuader les pauvres de suivre une formation supérieure.

Vers un retour au flegmatisme?

Si le vote montre une classe politique divisée (323 voix pour et 302 voix contre), les sujets de sa Majesté, eux, semblent se ranger du côté estudiantin. Comme le souligne Aaron Porter, président de l’Union nationale des étudiants, dans une interview pour la BBC: «si nous avons perdu à la chambre des communes, nous avons gagné la bataille de l’opinion publique». À cela, s’ajoute l’embrasement populaire aussitôt les résultats de la votation annoncés. Mettant le célèbre flegme anglais en ébullition, le flot contestataire semble cependant être quelque peu retombé. Au niveau médiatique en tout cas, puisque les prises de position dans la presse nationale se font plus rares. Les sessions d’examens alliées à l’intersemestre, synonyme de retour des étudiants chez eux, seraient-elles à l’origine de ce retour au calme?

Par Maude Bonvin (version intégrale de cet article dans notre édition papier de mars 2011)

Sources :
Site internet de la BBC: http://www.bbc.co.uk/
Site internet de l’Ireland’s Business News Website: http://www.insideireland.ie/
Site internet de la TSR: http://www.tsr.ch/info/