La relève cinématographique suisse est à l’honneur au Festival du film de Locarno. La nouvelle génération croque la jeunesse suisse dans trois courts-métrages. Sans fard, mais avec brio.

La relève du cinéma suisse fait des siennes au Festival du film de Locarno. Trois réalisateurs de la nouvelle génération, Lawrence Blankenbyl, Kaspar Schiltknecht et Luca Ribler, offrent trois visions différentes de la jeunesse suisse. Leur outil commun: le court-métrage. Corrosifs et sans tabous, ils brossent un portrait sombre et contemporain de la société.

Loin du cliché de la Suisse idyllique

Dans «Skinny Boy», Blankenbyl se plonge dans le monde paysan de la Suisse profonde. Vivant seul avec son père tyrannique (Manfred Liechti), un maigre adolescent (Joel Basman) s’en amourache de sa jeune voisine. S’ensuivent des rencontres secrètes dans des prairies embrumées qui n’ont rien à envier aux Highlands. Poussé à la confrontation avec son père d’un côté, et avec le frère de sa dulcinée de l’autre, sa relation amoureuse se trouve compromise. «Skinny Boy» est sans conteste le court-métrage le plus amer du trio.

Schiltknecht, lui, s’attaque au monde des foyers pour adolescents difficiles dans «Bonne Espérence». Stéphanie (Céline Cesa) est assistante sociale. Toute sa vie tourne autour de son métier. Mais sa vocation est ébranlée par le contact avec Tamara (Amélie Peterli), une fugueuse de 16 ans à la sexualité désordonnée. Face à elle, Stéphanie se retrouve désarmée. Schiltknecht esquisse sans pitié l’atmosphère des foyers, et cela sans tomber dans la caricature.

Réalisme effrayant

Ribler s’établit comme le plus réaliste des trois espoirs du cinéma suisse. Son film «Freunde» met en scène trois amis, Sandro (David Werner), Tanner (Roger Bonjour) et Sabine (Steffi Friis), assis dans un appartement. L’ennui les travaille. Maniant une petite caméra, ils se lancent des défis. Mais rapidement, les facéties érotiques laissent la place aux choses sérieuses. La séance de divertissement dérive jusqu’à dans l’éclatement du groupe.

Ribler signe un court-métrage étonnant. Surprenant d’abord dans le sujet traité – pour le moins dérangeant. Puis aussi dans l’utilisation rigoureuse des règles classiques. Respectant l’unité du temps, du lieu et de l’action, l’œuvre de Luca Ribler se laisserait facilement transposer sur une scène de théâtre. C’est d’ailleurs ce qui fait sa force. Surprenant finalement par la force des dialogues, plus vrais que nature.

Tous les trois courts-métrages sont en course dans la section «Pardi di domani» du Festival du film de Locarno, destinée à reconnaître et soutenir les jeunes espoirs du cinéma suisse. La nomination permettra au court-métrage victorieux de se présenter aux European Film Awards 2013.

Skinny Boy, 2013, 11’

Director : Lawrence Blankenbyl

Catégorie « Pardi di domani » Festival del film Locarno

Bonne Espérence, 2013, 19’

Director : Kaspar Schiltknecht

Catégorie « Pardi di domani » Festival del film Locarno

Freunde, 2012, 12’

Director : Luca Ribler

Catégorie « Pardi di domani » Festival del film Locarno

Blaise Fasel

Le Suisse Luca Ribler signe « Freunde », un court-métrage troublant - DR