Le premier long métrage du réalisateur canadien Jeff Barnaby était projeté au FIFF dans la section « nouveaux territoires ». Il dénonce avec brutalité le mode de vie dans les réserves indiennes.

En 1976, dans la réserve de Red Crow, un décret gouvernemental oblige les enfants de moins de 16 à être scolarisés à l’internat St-Dymphna. Ils y subissent la violence du sergent Popper. Alia, jeune dealeuse au tempérament rebelle, décide de s’opposer à cet individu sadique.

Avec un réalisme impitoyable, Rhymes for young ghouls dresse un portrait très sombre des réserves indiennes. Il met en scènes des personnages en proie à des problèmes d’alcool, de drogue et de violence. La critique est cependant peu acerbe, le film manquant d’intensité et de profondeur. Son schéma très classique rend l’action très prévisible, de telle sorte que les divers rebondissements peinent à surprendre.

Certaines scènes sont rendues très superficielles par l’utilisation de nombreux clichés. La jeune héroïne voit à plusieurs reprises apparaître le cadavre décomposé de sa défunte mère et a des visions lui rappelant les beaux moments passés ensemble. Cette mise en scène superficielle, au lieu d’instaurer une tension dramatique, confère au film une certaine lourdeur.

La violence du film dérange, car elle est omniprésente. La jeune Alia se fait notamment brutaliser à plusieurs reprises. Si ce déchaînement de violence a pour but de dénoncer la brutalité régnant dans les réserves indiennes, elle dérange car elle s’avère totalement gratuite. L’on a l’impression qu’elle revêt plus une fonction de divertissement que de dénonciation. Le scénario exaspère en outre par sa vulgarité. Les « fucking » et « shit » ponctuant chaque phrase rendent les dialogues extrêmement lourds et discréditent le propos du film.

Si Rhymes for young ghouls s’avère décevant dans sa manière de traiter son sujet, il n’en demeure pas moins divertissant. Les nombreux rebondissements, aussi prévisibles soient-ils, empêchent le rythme du film de faiblir et permettent malgré tout de passer un moment agréable.

MARIE TORELLO

Crédit photographique: FIFF, Rhymes for young ghouls