UN DES ATTRIBUTS PRINCIPAUX DES FILMS DE GENRE EST LEUR CAPACITÉ À PARLER DE PROBLÈMES SOCIAUX. LES TROIS FILMS SUIVANTS S’ATTAQUENT AU PATRIARCAT ET CÉLÈBRENT L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME.

COLOSSAL

Ayant du mal à gérer l’alcool et sa vie, une femme se fait larguer par son copain condescendant new-yorkais et retourne dans son village natal. De retour d’une cuite, elle s’aperçoit que les gestes qu’elle exécute correspondent à celle d’un monstre qui sème la terreur en Corée du Sud.
Colossal fait partie de ces films dont il vaut mieux ne rien savoir avant de le regarder. Sachez seulement que son script a été écrit par le réalisateur pour s’exorciser de ses problèmes d’alcoolémie, mais sans succès. Un second sujet qu’il aborde est celui de l’empowerment de la femme, une sorte de « coming of age » tardif de la protagoniste qui reprend le dessus de sa vie au lieu de la subir.
Ce long-métrage semble donc assez sérieux, mais la présence de monstres géants (kaijū) rend le propos beaucoup plus original, drôle et surtout jouissif, réveillant l’enfant qui est en nous. Colossal est en définitive un film fantastique dans tous les sens du terme : Il nous émerveille autant par ses éléments surnaturels que par son traitement pragmatique d’un sujet trop souvent enjolivé.

PREVENGE

Une femme enceinte est souvent confrontée aux caprices de son bébé. Dans le cas de ce long-métrage, le fœtus en question oblige sa génitrice à tuer des gens, mais pas n’importe qui. Il s’agit d’exterminer des égoïstes, allant du crâneur qui ne veut pas prendre de responsabilités à la cheffe qui n’hésite pas à congédier tous ses employés.
Si ce pitch est déjà prometteur, il est sublimé par le fait qu’il s’agit d’une production anglaise, incluant une insensibilité totale à l’égard des autres ainsi que des réparties bien sèches comme seuls les Britanniques savent le faire. Mère et petit être en devenir forment un duo comique où le fœtus s’en prend à l’adulte par des contractions et l’adulte punit le fœtus par de la musique de relaxation pour femmes enceintes.
Prevenge n’est pas que comédie horrifique, mais aborde également le rapport au corps dans la maternité et la torture psychologique du deuil avec sincérité. En ce sens, ce film va plus loin que le titre ne le laisse supposer.

MARLINA THE MURDERER IN FOUR ACTS

Indonésie, dans une pampa au milieu de nulle part. Une jeune veuve reçoit la visite inattendue d’un vieil homme qui lui annonce son intention de la violer avec ses amis et de voler tout son bétail. Non sans dégâts, elle parvient à le décapiter, mais les conséquences seront dures. La femme devra reconnaître que la justice ne peut parfois être exécutée que par soi-même et que les hommes sont voués à répéter les erreurs de leurs aînés.
Beaucoup ont comparé Marlina à du Tarantino de par le thème du film appartenant à la catégorie « Rape & Revenge », l’esthétisme de sa photographie et sa structure explicite en quatre parties. Cependant, on y parle beaucoup trop peu pour assimiler cette œuvre à celles du cinéaste américain. Sans compter le réalisme, car dans ces contrées lointaines, les traditions hors du temps dominent toujours les individus.
Ce long-métrage a été présenté à Cannes cette année dans la section Quinzaine des Réalisateurs et est un coup de cœur du NIFFF. Situé en Indonésie, ce genre de film est difficile à produire en termes de ressources et sans portée commerciale à cause de l’absence d’acteurs connus.

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