Mauvaise nouvelle pour les adeptes de l’Égypte antique : les cours traitant du sujet pourraient disparaître d’ici la fin du semestre de printemps 2018. Cette décision, récemment prise par les responsables du domaine d’Histoire de l’Antiquité, a été l’objet de plusieurs indignations ces dernières semaines.

La nouvelle s’est d’abord répandue comme bruit de couloir : le contrat de la Dr. Habil. Cathie Spieser, chargée de cours en égyptologie depuis maintenant dix ans, n’a pas été renouvelé pour les semestres à suivre. Cet enseignement se retrouve ainsi supprimé du programme des cours en Histoire de l’Antiquité, ceux-ci se concentrant majoritairement sur les civilisations gréco-romaines, mais également sur les cultures qui ont eu une influence ou ont été en contact avec la Grèce et la Rome antique. Les cours en égyptologie occupent à ce jour la fonction d’option pour les étudiants en Histoire de l’Antiquité et n’ont de ce fait pas l’obligation d’être suivis afin que le parcours d’études soit considéré comme complet. Cependant, malgré le fait que ces cours soient relégués au deuxième plan, nombreux sont ceux qui déplorent la décision de leur suppression.

Mobilisation estudiantine

Si l’idée d’enlever définitivement l’égyptologie du programme d’études semble à première vue injustifiée, c’est surtout à cause du manque de communication de la part des décisionnaires envers les différentes personnes concernées qui a été qualifiée de déplorable. En effet, alors que les étudiants assistant aux cours sur l’égyptologie sont relativement nombreux (on parle d’une centaine d’intéressés chaque semestre), ils n’ont pas été informés de la nouvelle concernant leurs études et les Fachschaft non plus.

Selon Cédric Brélaz et Tanja Itgenshorst, les professeurs à l’origine de la démarche, l’égyptologie peut tout à fait être mise de côté pour les besoins des études sur les mondes grec et romain. Ces raisons ont pourtant été considérées comme étant trop maigres de la part des étudiants qui estiment que l’égyptologie est un domaine qui doit avoir sa place au sein de l’Histoire de l’Antiquité, de par la richesse de la civilisation égyptienne et son influence non-négligeable sur le monde gréco-romain. De plus, les membres de la Fachschaft ont estimé que la manière d’agir des deux professeurs responsables n’était pas adéquate vis-à-vis de l’enseignante en question : « Cela fait dix ans que Mme Spieser est chargée de cours, que sa situation est par définition instable et qu’elle ne bénéficie pas de beaucoup d’heures chaque semestre afin de donner ses cours. La manière dont elle est aujourd’hui traitée est déplorable ».

Nous n’en savons pas plus concernant les motifs qui ont poussé à la suppression des cours d’égyptologie, mais la situation semble tendue. Mme Spieser a d’ailleurs été sollicitée sur la question mais a préféré ne pas se prononcer sur le sujet dans le contexte actuel et tant que les discussions ne seront pas terminées. C’est ainsi qu’une mobilisation a rapidement été mise en place afin de trouver une solution. Après un premier Conseil de Faculté ainsi qu’un deuxième réunissant les membres de l’IAB (l’Institut du monde Antique et Byzantin), la FS-SCANT (Fachschaft des sciences de l’Antiquité) a décidé de prendre position en faveur de l’égyptologie tout en représentant les intérêts des étudiants désireux de maintenir ces cours en tant qu’option. Des informations sont encore à venir mais un groupe de travail est déjà en train de se constituer dans l’espoir de trouver des solutions pour le futur de l’égyptologie à Fribourg, et une pétition est actuellement disponible sur la page Facebook du comité.

Un domaine sans importance ?

Lorsque l’on regarde la salle, on remarque que les cours d’égyptologie sont loin de manquer de public. Cet enseignement rencontre en effet un certain succès aux yeux d’étudiants de différentes facultés : tout d’abord l’Histoire, mais également la Philologie classique, la Théologie, la Science des religions ou encore tous ceux qui choisissent cette branche en CTC. De plus, il faut également penser aux collégiens qui, eux, ne seront pas impactés directement par la suppression de l’égyptologie à Fribourg, mais qui en subiront les conséquences. Ils peuvent en effet choisir cette branche en option complémentaire et dénoncent le fait de ne pas avoir la possibilité de poursuivre cette voie à Fribourg. Enfin, en plus des étudiants, c’est aussi le musée Bible+Orient qui sera pénalisé par la nouvelle en raison de son importante collection égyptienne et donc de sa collaboration étroite avec Mme Spieser.

De par la richesse de la civilisation égyptienne et l’importance de son influence sur la construction de nos sociétés occidentales, l’étude de cette période antique et cette culture revêt pour bien des étudiants une importance primordiale.Rappelons qu’au temps des pharaons, le but final de la momification (qui durait quand même septante jours) était de redonner vie aux défunts ; il n’est donc pas encore temps d’enterrer l’égyptologie !

Crédits photo: Canalblog