Pour ses 5 ans d’existence, la NEUF organise plusieurs évènements tout au long de cette semaine du 5 novembre. L’occasion de dresser un bilan pour l’association pour le développement durable de l’Université…
L’UniFr durable!
La NEUF (Nachhaltige Entwicklung der Universität Freiburg) est née officiellement le 24 septembre 2013 sur l’initiative de quatre étudiantes en sciences de l’environnement soutenues par un professeur. Leur objectif : « donner une meilleure empreinte durable à l’Université de Fribourg ». La NEUF grandit, se dote d’un logo et d’une page sur le site de l’Uni (qui bénéficiera sous peu d’un nouveau design).
« Installation de panneaux solaires sur les toits de bâtiments de l’Université », « réorientation des mensas vers des produits végétariens, biologiques et locaux », « gestion des déchets »; dès ses débuts, les idées ne manquent pas. Ces projets suscitent alors chez deux rédactrices de Spectrum la question suivante et peut-être posée pour la première fois au sein de notre institution : « Que se passe-t-il vraiment à l’Université de Fribourg en matière d’écologie ? ». Aujourd’hui, la réponse reste difficile à trouver du côté des instances universitaires, la page de la commission de durabilité restant durablement vide d’informations… De son côté, la NEUF n’attend pas et sensibilise depuis maintenant cinq ans les étudiant∙e∙s et les collaborateur∙ice∙s à la problématique écologique à travers diverses actions.
Alimentation, eau, recyclage …et subway
Les idées lancées, il reste à les concrétiser. Au fur et à mesure des années, certains projets commencent à voir le jour : des gobelets réutilisables sont vendus dans les cafétérias et empruntables pour des évènements, les photocopieuses sont (devraient être) réglées par défaut sur recto-verso pour réduire la consommation de papier, des repas végétariens sont proposés deux jours par semaine aux Mensas, une bourse d’échange d’habits ainsi qu’ un atelier vélo ont régulièrement lieu au Centre Fries et un jardin urbain a vu le jour à Pérolles. Diverses actions de sensibilisation sont également menées, comme Bike2University en 2015 et le Mois de l’eau en 2016. Le blog « Quoi de Neuf » ainsi que des brochures de sensibilisation sur les thèmes de la mobilité et du tri des déchets sont également réalisées, mais le manque de place sur les panneaux universitaires empêchent la NEUF de pouvoir mettre en avant ses activités et affirmer sa place au même titre qu’une Fachschaft, qu’une fraternité ou autre instance de socialisation du type Uniparty ; ses affiches se retrouvant perdues dans le flot d’informations en tous genre, entre les petites annonces d’emploi et les pubs pour stages linguistiques. Les diverses activités de la NEUF jouissent néanmoins d’une certaine fréquentation et d’une bonne popularité comme l’attestent de nombreux articles dans la presse locale, le public étudiant étant réceptif à la thématique de la durabilité. On se rappelle aussi des critiques relatives au prix augmenté des cafés vendus dans des gobelets en « carton » par rapport à ceux vendus dans les tasses (10 ct), bien qu’on oublie que l’augmentation n’était pas une volonté de la NEUF de punir financièrement les étudiant∙e∙s, mais une décision de la Mensa. En octobre 2017, la NEUF rédige une prise de position pour déplorer la fraîche implantation du Subway à la HEG, dans les locaux partagés avec l’Unifr. La continuité de cette opposition à la multinationale et plus largement de la protestation face à des pratiques non durables dans l’espace universitaire constitue un défi pour la NEUF : accompagner la création d’un groupe pour le développement durable de la HEG ou trouver dès maintenant des entreprises locales de restauration, par où commencer ?
Quelle(s) stratégie(s)?
La NEUF est ouverte à tout∙e∙s, cependant, la quasi-totalité des membres de l’association sont des étudiant∙e∙s. Cette sous-représentation des collaborateur∙ice∙s universitaires fait écho à l’affirmation du vice-recteur, qui, en 2013, s’est « réjoui de la naissance de ce groupe » : « Pour ce qui est de l’écologie, les initiatives doivent arriver des étudiant∙e∙s pour les étudiant∙e∙s ». Certes, « les étudiant∙e∙s ne sont pas seulement des consommateur∙ice∙s, mais aussi des membres actif∙ve∙s : ils et elles disposent en effet d’une marge importante de manœuvre pour participer activement dans ce sens », pourtant, afin d’ancrer la durabilité dans les pratiques universitaires, « la collaboration est un facteur clé » selon ses quatre fondatrices. Quelles collaborations la NEUF a-t-elle donc tissées avec l’Université au cours de ces cinq années ? La création en 2015 de la Commission de durabilité de l’Unifr, revendiquée par la NEUF était alors une mesure encourageante, mais dont les résultats ne se laissent trois ans plus tard toujours pas constater. Du côté des enseignements, l’avancée est en revanche plus concrète : les sciences de l’environnement n’ont cessé de se développer, jusqu’à accueillir à la rentrée 2018 une chaire d’humanités environnementales.
Plus largement, les revendications étudiantes en matière de durabilité pour les hautes écoles, rassemblées sur un papier rédigé en 2015 par la Fédération Suisse d’Organisations Etudiantes pour un Développement Durable et l’UNES et soumis à la Direction de l’Unifr par l’AGEF en 2016, vont bien au-delà de ces efforts. Selon les deux faîtières, des mesures fortes au niveau du fonctionnement même de l’université telles que le respect de critères d’investissements durables ou la création d’un poste de commissaire à la durabilité (comme c’est déjà le cas aux Universités de Genève et de Lausanne entre autres) sont nécessaires, pourtant, à l’Université de Fribourg, elles sont encore loin d’être thématisées.
L’Unifr s’est-elle véritablement dotée d’une stratégie de développement durable comme le prescrivent la FDD, l’UNES, l’AGEF et la NEUF ? Le monitoring semble être la tâche la plus difficile à mettre en place, bien qu’indispensable pour mesurer les efforts réalisés et classer les priorités. A titre d’exemple, en 2017, les organisateur∙ice∙s du Mois de l’Eau avaient réussi à convaincre le Rectorat de se déclarer Blue University, l’engageant « à reconnaître le droit de l’homme à l’eau », « à ce que les services liés à l’eau demeurent entre les mains des pouvoirs publics », « à promouvoir la consommation d’eau du robinet au lieu de l’eau en bouteille » et « à entretenir, cultiver et promouvoir des coopérations internationales avec des partenaires publics dans le domaine de l’eau ». Cependant, les étudiant∙e∙s du groupe ayant terminé leurs études respectives, il ne reste cependant plus personne pour vérifier ces engagements pris de manière par ailleurs non-contraignante…
Toutes les activités de la NEUF et de la Swiss Sustainability Week, que des étudiant∙e∙s fribourgeois∙e∙s ont organisées pour la première fois en 2018, bénéficient certes du soutien de l’Université au niveau financier, mais restent étroitement associées à la communauté estudiantine. La place de la NEUF reste auprès de celle-ci, mais il faut espérer d’une part que le travail de sensibilisation fourni a une répercussion sur la communauté universitaire dans sa globalité, et d’autre part que de nouveaux∙elles étudiant∙e∙s seront toujours plus nombreux∙ses à s’y investir. Pour que la NEUF perdure non seulement dans le temps mais remporte également des victoires, elle doit à la fois renforcer son ancrage institutionnel et continuer d’offrir des activités attrayantes, ce qui est, comme on le voit à l’occasion de cette semaine, toujours d’actualité.
Il ne nous reste plus qu’à souhaiter une longue vie à la NEUF!
Plus d’infos sur les 5 ans de la NEUF:
Crédits photo: Jeanne Durafour