La révision de la LEPu (Loi sur les établissements publics) s’inscrit dans un processus plus large de consultations, qui devrait aboutir à la tenue d’Assises de la vie nocturne. Les acteur·rice·s du monde de la nuit espèrent ainsi dynamiser la capitale des Zaehringen. Il faudra toutefois rester vigilant·e·s quant aux conséquences économiques et sociales.

Soumission d’un rapport au préfet

L’extension des horaires de nuit votée récemment trouve sa source dans une motion déposée au Grand Conseil par Johanna Gapany et Romain Collaud (PLR). Dans la foulée de son adoption, « l’AGEF a mené un sondage auprès de la population estudiantine pour connaître les besoins, les envies et les freins autour de la vie nocturne fribourgeoise, par exemple en termes de mobilité », nous précise Arnaud Tanner, responsable Vie culturelle au comité de l’AGEF.

« La préfecture de la Sarine a décidé ensuite d’entreprendre des démarches pour redynamiser la vie nocturne à Fribourg. La première étape, c’était la création des Assises de la vie nocturne, qui réunissent des expert·e·s de différents milieux concernés : l’adjudant de la police cantonale pour les questions de sécurité, REPER pour les questions de prévention, des représentant·e·s de GastroFribourg, et des représentant·e·s d’établissements comme Fri-Son et le Mythic. Et moi, en tant que responsable de la vie culturelle de l’AGEF, j’ai été invité à représenter les étudiant·e·s », explique Arnaud.

Le groupe d’expert·e·s ainsi constitué s’est réuni à partir de septembre 2019. Ses travaux ont abouti à la constitution d’un rapport soumis le 21 février dernier au préfet de la Sarine. Le texte propose un ensemble de mesures dans différents domaines, comme la mobilité (covoiturage, développement du réseau nocturne des TPF, etc.), la prévention et la sécurité. Son contenu sera rendu public après validation du préfet.

Une consultation publique fin 2020

« La suite du processus sera gérée sur la base de ce rapport », poursuit Arnaud Tanner avant d’ajouter : « Il prévoit l’organisation d’une consultation publique. Un nouveau sondage sera mené, étendu cette fois à toute la population de Fribourg. »

« Les Assises à proprement parler se tiendront d’ici la fin de l’année, avec des ateliers autour de différentes thématiques. Le but, c’est de réunir toutes les personnes intéressées et de rassembler plein d’idées. À ce moment-là, des lignes directrices seront établies pour le développement de la vie nocturne fribourgeoise sur le moyen et long terme. Ce sera l’aboutissement de ce processus engagé il y a un peu plus d’un an. » Notons que l’extension des horaires d’ouverture sera déjà en vigueur lors de cette consultation.

« L’AGEF prend une part active à ce processus », conclut Arnaud, « parce que les étudiant·e·s sont la population qui va le plus profiter de ces changements. »

L’avis de la rédaction

La révision de la LEPu a été soutenue par l’ensemble des partis représentés au Grand Conseil, de gauche comme de droite. Cependant, rien ne permet d’affirmer pour l’instant que le nouveau cadre législatif se traduira par une hausse de la fréquentation et des chiffres d’affaire. Et il faudra veiller à ce que les conditions de travail des employé·e·s du secteur de la nuit ne se péjorent pas (voir notre article dans le numéro de mars 2020).

Surtout, il faudra s’assurer que les promoteur·rice·s de cette réforme ne voient pas dans cette unanimité de circonstance un blanc-seing pour libéraliser à outrance, car l’extension des horaires nocturnes s’inscrit dans une tendance globale de dérégulation des horaires d’ouverture dans le canton de Fribourg. En juin dernier, les Fribourgeois·es ont rejeté pour la quatrième fois, par 54,6% des suffrages exprimés, une extension d’une heure pour les magasins le samedi. Signe que la population reste sensible à la pénibilité du travail des employé·e·s du secteur de la vente.

Gageons que les partisan·e·s du « toujours plus » et les grandes enseignes en tiendront compte, lorsqu’iels tenteront pour la énième fois de faire passer de telles mesures ou de normaliser l’ouverture des magasins le dimanche.