La 10e édition de la Semaine contre le racisme a commencé ! Elle se déroule principalement en ligne et pour quelques événements en extérieur à titre individuel.

Une petite introduction

Le 21 mars 1960 en Afrique du Sud dans la ville de Sharpeville, lors d’une manifestation pacifique qui protestait contre l’apartheid, la police ouvre le feu. L’altercation résulte en un massacre qui a fait 69 morts et au moins 180 blessés. Un événement marquant pour lequel le gouvernement sud-africain est condamné par la Communauté Internationale pour « massacre humain ». Par la suite, en 1966, l’ONU déclare le 21 mars comme « la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale ». Depuis, chaque année dans le monde entier, des pays organisent lors de la semaine du 21 mars des événements pour aborder la thématique du racisme.

« La Semaine contre le racisme reste un moment important de sensibilisation. D’une part parce que le racisme, au niveau structurel, traverse jusqu’à ce jour notre société. D’autre part ce moment annuel réuni et renforce les personnes et organisations qui œuvrent dans la lutte contre le racisme durant toute l’année. » explique Lisa Wyss, collaboratrice scientifique du Bureau de l’intégration des migrant·e·s et de la prévention du racisme (IMR).

Le bureau propose aux organisations publiques ou privées, des moments de sensibilisation aux enjeux liés au racisme tout au long de l’année. Lisa Wyss raconte : « lors de ces moments de sensibilisation et de formation, nous abordons les mécanismes du racisme, son histoire et ses différentes manifestations jusqu’à aujourd’hui au sein de notre société. » Ils s’organisent souvent conjointement avec le service fribourgeois de consultation et de prévention du racisme « se respecter » vers lequel peuvent se tourner, en tout temps, les personnes ayant été victimes ou témoins d’actes de discrimination raciale. [voir encadrer]. Lors de la Semaine contre le racisme, en revanche, le bureau tente de sensibiliser la population dans son ensemble, notamment en collaborant avec les médias traditionnels et en investissant les nouveaux médias, sur la thématique de la discrimination raciale et du racisme. Cette année à Fribourg, la Semaine contre le racisme a lieu exceptionnellement du 12 mars au 16 avril.

© Semaine contre le racisme.

Un spectre d’activité

Cette année l’édition de Fribourg fête ses 10 ans, ainsi que les 5 ans du service de prévention du racisme « se respecter » [voir encadrer]. Les événements prévus s’articulaient autour d’une exposition prévue au Musée d’Art et d’Histoire de Fribourg (MAHF) : Nous les Autres – Des préjugés au racisme. Malheureusement, il a fallu trouver une alternative pour respecter les restrictions sanitaires. L’exposition au MAHF est donc repoussée au printemps 2022. C’est une exposition itinérante ce qui peut permettre à des écoles ou des associations, notamment universitaires, de l’organiser avant/ après le MAHF en leur sein. Quant aux événements, ils restent prévus et se dérouleront en ligne ou en extérieur mais ce de manière individuelle.

L’une des activités proposées est une visite guidée organisé par Coopéraxion (une coopérative qui s’engage pour le développement durable et l’échange interculturel sur les anciennes routes transatlantiques du commerce d’esclaves) : Sur les traces du colonialisme à Fribourg. L’organisation propose une visite guidée de la ville pour comprendre le passé colonial de celle-ci. Certes, la Suisse n’a pas eu de colonies mais reste impliquée, intellectuellement et économiquement dans l’entreprise coloniale. Un bon moyen d’allier balade en ville de Fribourg tout en découvrant une autre facette de son histoire. Par exemple, une des étapes vous amène à Miséricorde pour parler de l’église catholique, ses missions et les représentations stéréotypées et racistes de la personne « africaine » qu’elle a contribué à véhiculer. Ou encore vous êtes conduit·e devant le théâtre Équilibre où, il fut un temps, se trouvait un magasin qui vendait des denrées coloniales, un commerce qui a favorisé l’enrichissement des industries nationales. Fin du spoiler, pour le reste je vous invite à le découvrir en vous inscrivant sur : info@cooperaxion.org pour la prochaine visite le 9 avril.

Plusieurs conférences vous sont proposées. Vous trouvez par exemple une conférence suivie d’un débat le 16 avril concernant les facettes de l’activisme contre le racisme. Elle est organisée par l’ONG corpus qui a pour but d’implanter des activités favorisant le développement et l’encadrement de la jeunesse en Suisse. Les invité·e·s de cette soirée sont des personnes impliquées dans la lutte contre les discriminations et le racisme, dont l’association des étudiant·e·s afro-descendant·e·s de l’Université de Lausanne (AEA Unil-EPFL).

L’objectif

La semaine contre le racisme est un travail collectif avec différents partenaires associatifs et institutionnels. Elle sert à réfléchir tant à l’attitude individuelle d’une personne, qu’au système général de la société. Ce qu’on appelle un racisme structurel qui permet de catégoriser les gens et de stigmatiser, de manière systématique, des groupes de personnes. Par exemple, les Noirs subissent plus fréquemment un contrôle de police qu’un Blanc (le fameux contrôle de « délit de faciès »), donc iels sont plus souvent considérés comme suspects. Cependant, amener le sujet et parler des différentes thématiques que touchent la discrimination raciale et le racisme c’est le premier pas vers une meilleur égalité, car comme l’a si bien écrit la journaliste et sociologue Anja Glover : « Tant que le racisme sera invisible, il existera. Tant qu’on le niera, tant qu’on lui trouvera des circonstances atténuantes, il perdurera. Pour lutter contre le racisme, il faut donc d’abord reconnaître son caractère universel. »

Appel à projet ! 
Vous êtes un collectif / une association / un groupe de personne intéressé·e·s par participer à la prochaine édition de la Semaine contre le racisme, ou porteur·se d’un projet qui s’inscrit dans la lignée du Bureau l’intégration des migrant·e·s et de la prévention du racisme (IMR). Alors contactez-les pour mettre en place votre projet : integration@fr.ch
« Se respecter »
C’est un service d’écoute et de conseil juridique vers lequel les personnes ayant été victimes ou témoins d’actes de discrimination raciale peuvent se tourner en tout temps. Iels proposent différents services comme des renseignements sur le droit ou des conseils juridiques, un service de consultation et de témoignage, ainsi que des formations sur la prévention de la discrimination raciale.
Site internet : https://www.serespecter.ch/fr. 
Email : serespecter@caritas.ch 
Numéro de téléphone de la centrale : 026 425 81 00