L’Ensemble Ouroboros est un orchestre symphonique fribourgeois formé de jeunes musicien∙ne∙s amateur∙rice∙s ainsi que de quelques professionnel∙le∙s qui occupent les positions de chef, solistes et renforts. Consuelo Salvadori, présidente de la commission musicale, nous a révélé l’histoire qui se cache derrière la programmation 2023-2024.

L’Ouroboros, mythique symbole d’un serpent se mordant la queue, représente le cycle éternel du temps, de la vie et de la renaissance, ainsi que le lien qui unit l’ancien et le nouveau. C’est cela qui a donné son nom à l’Ensemble Ouroboros, un orchestre symphonique fribourgeois fondé il y a cinq ans. En effet, sa particularité est de rassembler, d’une part, des jeunes musicien∙ne∙s amateur∙rice∙s et étudiant∙e∙s, provenant de différents cantons suisses et même d’autres pays, et, d’autre part, des professionnel∙le∙s issu∙e∙s de Conservatoires ou de Hautes Écoles de Musique. C’est notamment le cas du chef d’orchestre, Frédéric Zosso, ainsi que de plusieurs musicien∙ne∙s renforts et solistes. Alliant rigueur et plaisir, l’Ensemble Ouroboros propose des concerts de qualité puisant dans un répertoire varié.

Des œuvres teintées de liberté

Outre le comité, présidé par la fondatrice Donia Hasler, l’Ensemble comprend une commission musicale, constituée d’étudiant∙e∙s en musicologie, qui s’occupe de l’élaboration du programme. Consuelo Salvadori, doctorante et présidente de cette commission, nous a révélé tous les secrets de la programmation 2023-2024. Voici donc : le thème n’est autre que la liberté ! Au fil de ses concerts, l’Ensemble Ouroboros nous fera voguer sur les ondes sonores d’œuvres écrites à travers l’histoire de la musique occidentale, offrant des aperçus de ce que signifiait se sentir libre selon le compositeur et son époque.

Le voyage musical débutera les 26 et 27 mai prochains avec un concert en deux parties. La première sera consacrée à l’Ouverture d’Egmont, op. 84, composée par Ludwig van Beethoven entre 1809 et 1810. Cette œuvre a originellement été écrite pour la pièce de théâtre éponyme de Goethe, qui raconte le tragique destin des comtes hollandais d’Egmont et Hornes, exécutés après s’être opposés au régime tyrannique de Philippe II. Le récit constitue un manifeste pour la justice, l’autodétermination et la liberté face à l’oppression politique, choses auxquelles Beethoven a su donner corps dans sa composition. Dans la seconde partie du concert, l’orchestre interprétera la Symphonie n°9 en mi mineur, op. 95, ou « Symphonie du Nouveau Monde », de Antonín Dvořák. Composée en 1893, alors que l’artiste vivait à New York, l’œuvre reflète ses réflexions au sujet de sa nouvelle vie et évoque ce vent de liberté qui soufflait alors d’Est en Ouest. Il y a combiné le romantisme tardif de l’Ancien Monde (l’Europe) avec des influences de la spiritualité afro-américaine et amérindienne, telle qu’il la percevait.

Le thème de la liberté sera toujours au rendez-vous un an plus tard, avec pas moins de cinq dates prévues en mai 2024 ! Lors de ces concerts, l’Ensemble Ouroboros joindra ses forces à celles de l’Orchestre lausannois Qui Passe Par Là, afin de nous faire profiter de la Symphonie n°5 de Gustav Mahler. Quand le compositeur a écrit celle-ci, entre 1901 et 1902, il passait proche de la mort à cause d’une grave hémorragie intestinale. Aussi, l’œuvre commence par une marche funèbre, mais elle évolue malgré tout vers une « Lied ohne Worte », une lettre d’amour musicale adressée, probablement, à l’âme sœur de Mahler, Alma Schindler. Il y est donc transmis un sentiment de renouveau faisant suite à sa victoire face à la mort, une métaphore de son cheminement vers un amour libérateur.

 

Un projet d’envergure

Cette Symphonie de Mahler est LE projet de l’Ensemble Ouroboros. En effet, cela fait déjà deux ans que les membres de l’orchestre travaillent à réunir une centaine de musicien∙ne∙s pour faire honneur à cette œuvre si riche et délicate. Cela va de soi, des fonds solides sont également requis pour organiser des événements d’une telle ampleur. Par conséquent, les concerts qui auront lieu cette année auront pour but de soutenir le projet. À ce propos, tendez l’oreille, car deux autres concerts, dédiés au Requiem Londinium de Louis Schornoz, sont prévus les 14 et 15 octobre 2023… Pour l’heure, venez soutenir l’orchestre les 26 et 27 mai prochains à 20h, à l’Aula Magna de Fribourg ! L’entrée y sera libre et une collecte aura lieu à la fin. Croyez-moi, vous ne serez pas déçu∙e∙s !

 

Texte : Léa Chabaud

Photo : Nicolas Schmid