Les adeptes du théâtre ont de quoi se réjouir en ce début mai. La troupe universitaire Les Apostrophes a préparé un spectacle tout à fait original. Après plus de dix ans d’existence et de nombreuses représentations, Les Apostrophes ont choisi d’innover pour nous proposer une pièce 4 en 1.
Le projet présenté cette année par la troupe universitaire de théâtre Les Apostrophes consiste en la mise en scène de quatre petites pièces d’horizons différents. Chaque pièce est assez courte et fait appel à peu d’acteurs. Ce choix a été fait principalement en raison du manque du temps à disposition pour mettre sur pied une grande production – comme c’était le cas l’année passée avec Romulus le Grand –, mais aussi afin de changer un peu la formule apostrophique.
La particularité majeure du projet de ce semestre réside dans ses metteurs en scène. Il ne s’agit pas de professionnels du métier, mais de quatre membres de la troupe, qui ont ainsi eu la possibilité de s’essayer à la mise en scène avec des pièces adaptées à une première expérience. Ce sont de simples étudiants donc qui se sont lancés dans cette expérience avec détermination et envie de créer. Cependant, ils ne sont pas seuls. Chaque semaine, une coach – Sylviane Tille, metteur en scène professionnelle – vient voir les quatre amateurs. Pendant une heure de répétition consacrée à chaque équipe, elle leur donne des conseils sur la manière dont ils peuvent travailler. Ainsi les metteurs en scène ont un certain feedback sur ce qu’ils font avec les acteurs, ce qui permet au travail d’avancer dans de bonnes conditions.
Par Laura Genini
Les Apostrophes, Trubel im Foyer – Le huitième sceau – Gran’peur et misère du IIIème Reich – L’école du diable. Du 3 au 9 mai (relâche le 6 mai) à 20h au théâtre de la Cité, à Fribourg. Infos, tarifs et réservations sur www.lesapostrophes.net
«C’est un rôle dans lequel je me sens plus à l’aise»
Jean Sluka, 22 ans et étudiant en philosophie à l’Université de Fribourg, fait ses premiers pas en tant que metteur en scène dans le cadre du projet lancé par Les Apostrophes. Il est en train de préparer un passage de la pièce de Bertold Brecht, «Grand’Peur et Misère du IIIe Reich». Ses impressions à quelques semaines des représentations.
Spectrum: En quoi consiste ton travail de metteur en scène concrètement?
Jean Sluka: Je suis responsable de ce que je vois sur le plateau et du résultat que cela va donner quand je le présenterai en mai. Je crois que c’est ça le but de chaque metteur en scène: avoir une vision et arriver plus ou moins à l’atteindre. Il faut aussi faire avec ce que les gens t’apportent et avoir un point de vue d’ensemble. Et cela implique autant la scénographie que la direction des acteurs.
Est-ce que vous faites des répétitions chaque semaine?
Oui, le mardi soir on répète à peu près pendant trois heures. Chaque groupe peut utiliser la scène – qui se trouve dans la salle 3014 à Miséricorde – pendant une heure. Il est évident, vu la durée du projet, qu’on sera obligés, si ce n’est déjà pas le cas, de se voir en plus à d’autres moments.
Sur quoi travailles-tu le plus pendant les répétitions?
L’essentiel du travail c’est la direction des acteurs. Donc la manière dont les comédiens occupent l’espace et comprennent le texte. Au début, tu travailles surtout sur la compréhension du texte, la mémoire ou simplement la diction. Puis, tu vas de plus en plus vers un jeu qui ressemble à ce que les gens verront sur scène. Ça dépend un peu des comédiens, parce qu’il en a qui sont plus à l’aise si tu commences de façon assez cérébrale, en bossant vraiment sur le texte et sur la compréhension. Il en a d’autres qui ont besoin de bouger et d’occuper l’espace pour arriver à la même compréhension. Donc il faut être un peu ouvert.
L’année passée tu faisais partie des acteurs. Comment ça se passe d’être dans les coulisses et non pas sur scène?
C’est beaucoup plus agréable je trouve, parce que quand tu es sur scène, tu es toujours dans la représentation, dans le jeu de «comment ça s’est passé». Ça peut être stressant. Et puis c’est frustrant quand ça ne marche pas. Quand tu es metteur en scène tu peux faire semblant que ça se passe bien, donc d’une certaine façon c’est plus agréable. Au final, pour moi c’est un rôle dans lequel je me sens plus à l’aise.
N’ayant pas d’expérience professionnelle en la matière, est-ce que tu trouves tes tâches de metteur en scène difficiles?
Si je dis que je les trouve faciles je vais passer pour un dilettante, si je dis que c’est laborieux j’aurais l’air de me plaindre… Je pense que c’est quelque chose que tu découvres en le faisant. Tu apprends à ne pas faire deux fois les mêmes erreurs.
Ton équipe n’est composée que de trois acteurs. Est-ce un avantage ou un désavantage selon toi?
Euh, là j’ai presque toute mon équipe autour de moi donc je n’ai pas intérêt à parler de désavantages! Personnellement je préfère travailler avec des petits équipes et avoir un rapport de qualité avec ces personnes. Il s’agit d’une question du temps que tu peux donner aux gens. Et tu as besoin de temps au théâtre pour arriver à un résultat.
Comment sauras-tu que la pièce est prête?
Je crois qu’elle ne sera prête que quand elle sera montée. Il y a toujours du travail à faire, et le deadline est toujours trop tôt. Tu es toujours dans la découverte de quelque chose et tu ne peux pas, même deux semaines avant la représentation, avoir une idée totalement fixe de ce que tu vas faire, de la manière dont les comédiens vont jouer. Il faut toujours être préparé à être surpris.
Propos recueillis par Laura Genini