Ce putsch ne pouvait pas être justifié
[/quote]Pour nous il était hors de question que le processus démocratique qui était en cours et qui devait nous conduire aux élections le 11 Octobre soit remis en cause. Cette résistance n’a pas été facile car les militaires à l’origine du coup d’état ont fortement réprimé la manifestation, la violence était à son paroxysme. C’était vraiment l’horreur. Nous étions obligé d’entrer dans la clandestinité avec des camarades. C’était le cas pour beaucoup de leaders et d’autres ont vu leurs maisons vandalisées par les militaires. J’ai vu des camarades tomber sous les coups des balles assassines des putschistes, beaucoup de blessés que nous avons transportés sur des brancards de fortune. Cette répression sanglante s’est poursuivie jusqu’au 21 Septembre ou l’armée loyaliste à quitté les différentes bases militaires en province pour marcher sur Ouagadougou afin de libérer le peuple.
Ainsi le mercredi 23 septembre, le président de transition Michel Kafando a été remis en selle ; marquant la poursuite de la transition et l’échec du putsch, lui-même qualifié comme étant le putsch le plus idiot de tout le temps ou du moins du l’histoire du Burkina. J’étais très ému par le dénouement de cette crise en ce sens que le peuple burkinabè et sa jeunesse ont démontré aux yeux du monde qu’elle prendra en main sa destinée. Pendant cette crise j’ai été profondément touché par la solidarité internationale qui s’est manifestée à l’endroit du peuple burkinabè.
Nous avons également voulu connaitre sa position sur ce qui pouvait être les causes de cette tentative de putsch.
Les auteurs de ce putsch ont posé des revendications politiques qui ne relèvent pas de leur prérogative. Pour eux le putsch est dû au fait que certains proches du président déchu ont été recalés aux élections conformément au code électoral en vigueur. (En rappel le code électoral interdit les personnes qui ont soutenus un changement anti constitutionnel). Cela veut dire que l’attitude des putschistes, qui d’ailleurs sont très proches du président déchu, était de permettre le retour d’un système que le même peuple entré en résistance avait rejeté lors de l’insurrection des 30 et 31 Octobre 2014.
En somme les caciques de l’ex-parti au pouvoir se sentant privés des privilèges dont ils jouissaient depuis près de trois décennies, ont instrumentalisé leurs bras armés afin de prendre le pouvoir et le remettre à leur disposition.