Manger sain et sauf que…
D’abord péché, ensuite vertu. On ne s’en sort plus. La gourmandise évolue, ses vices, ses vertus avec. Si le catholicisme n’est plus omnipotent, ce péché a-t-il pour autant disparu ? Ou aurait-il encore changé de forme… En bref, qui clament connaître ce qu’est la pire des gourmandises ?
Non non non, marre de culpabiliser devant des lasagnes ou une glace Ben&Jerry’s. Petit retour en arrière : la gourmandise est d’abord un péché, ensuite sujet au questionnement (pendant quelques siècles), puis même considérée comme une vertu en France dès le 19ème ! Tant de plaidoyers pour, contre, sur la question. Et parmi les 7 vices relevés par le catholicisme, il est sans doute l’Inéluctable : en dehors des quelques « nymphomanes » peu honnêtes de votre entourage qui vous diront que vivre sans sexe est impossible, s’abstenir de nourriture (sucre et graisse d’autant plus !) une vie entière paraît peu vraisemblable. Du moins, la technologie n’a pas encore prouvé le contraire….
Au lieu de déblatérer sur l’art et la manière qu’à la gourmandise de nous conduire vers tel ou tel fastfood ou encore sur ce qu’a pu en penser l’Eglise, considérons certaines idéologies qui assaisonnent nos plats aujourd’hui, parmi les plus populaires et pour exemple : le véganisme, le végétarianisme ou encore l’alimentation exclusivement à base de produits biologiques.
L’assiette ou le combat des idées
Après les papes et leurs péchés, je remarque que la question d’une alimentation éthique recueille un intérêt grandissant. Car oui, la robe de l’homme moral s’est racornie, a jauni. Elle est même d’un passé de mode… Tandis que celle de l’homme éthique virevolte, chique et fringante ! Au 21ème, alors que l’on mesure les dégâts de l’agriculture intensive et du traitement infâme fait aux animaux dans les abattoirs, toute personne un tant soit peu consciente devrait adopter un comportement éthique sur ses habitudes alimentaires. Des alternatives sont déjà possibles comme consommer des aliments produits biologiquement, diminuer son apport en graisse poly-saturée, réduire sa dose de fructose de synthèse, voir même ne plus manger de viande, etc…
Sensées élever notre conscience sur l’environnement et notre qualité de vie, j’observe certaines idéologies véhiculées par nos papilles grandir. La preuve : le premier festival végane à Genève ouvrira ses portes au mois d’octobre prochain !
Le véganisme comme le végétarianisme se veut, à sa manière, développer une individualité plus consciente d’elle-même et de ce qui l’entoure. Mais ces régimes, aussi trendy soient-ils, sont-ils suffisants ? Le cœur du débat se situe, désormais, à distinguer la part de progrès réel possible -et il y en a- de ces régimes.
Car bon… Qui peut être fondamentalement contre l’idée d’une planète saine et contre le bien-être animal ? Et les débats sur Internet constatent les difficultés des mangeurs de viande à prouver empiriquement que manger de la viande, c’est aussi bénéfique pour l’environnement. N’empêche qu’aucune des parties – les mangeurs de viande aussi bien que ses détracteurs- réussit à me convaincre. Car à y penser… Peut-on être en harmonie avec la planète -et si oui, comment ?- si l’on surexploite et pollue ses sols pour nourrir nos bovins, porcins et autres juste pour manger leur viande ? Et à l’inverse : si je ne mange que des aliments issus de la permaculture, viande comprise : suis-je quand-même une ploutocrate qui ne prend pas ses responsabilités ? Car, oui. Que faire des bêtes si nous ne les mangeons plus ? Créer des grands parcs animaliers ? Introduire les animaux de la ferme dans les villes et campagnes, à la manière du sacre de la vache en Inde ?
« Tuer les animaux est cruel. » « Le lait est un meurtre. »*
In fine, la notion d’éthique prend tout son sens au moment de considérer les progrès concrets que le véganisme apporterait à un pays tel que la Suisse. Et il y en aurait, c’est certain. Même quelques-uns qui changeraient plus durablement notre monde que notre simple manière de le voir. Mais, lesquels sont-ils ? Quels seraient les progrès sanitaires, économiques, environnementaux, sociaux, technologiques à constater si l’on devenait tous véganes ou végétariens?
Avec comme principe de souhaiter aux autres ce que je souhaite pour moi. Si je deviens végane ou végétarien c’est donc que je souhaite implicitement que d’autres adhèrent à cette philosophie. Mais comment me rendre compte des conséquences d’une adhésion de l’Europe entière à l’un de ces régimes ? Quelles vertus, -si je puis me permettre- pour l’Humanité ?
*Slogans végans