A la suite du scandale d’homophobie en 2019, EquOpp lance une plateforme pour sensibiliser sur les thématiques de discrimination. Lara Torbay, membre du comité, élue pour s’occuper du sujet, nous explique le fonctionnement de ce nouvel outil pour dénoncer une discrimination vécue ou vue.
Le déclencheur
En 2019 l’Université de Fribourg a été témoin d’un scandale quant à sa gestion d’une affaire qui concernait une Professeur de la Faculté de Théologie, qui a depuis a été écartée, à la suite des accusations d’homophobie, de la part d’un·e élève. À l’époque, la partie interviewée avait collaboré avec Spectrum pour raconter son histoire et son insatisfaction par rapport aux services de médiation à l’Université de Fribourg. L’article a eu un fort impact et plusieurs étudiant·e·s s’étaient mobilisé·e·s, par des protestes, pour mettre en lumière la gravité de la situation. EquOpp, qui a pour tâche de sensibiliser les étudiant·e·x·s sur les questions concernant l’équité et la justice sociale, a décidé pour donner suite au scandale de s’engager pour chercher un outil afin de quantifier le nombre et le type de discrimination présentes sur le campus et de proposer une alternative aux gens qui assistent ou vivent une situation discriminatoire, à savoir : de la reporter anonymement.
Le questionnaire
Le 30 mars 2021 les étudiants de l’université de Fribourg ont reçu un mail de la part de EquOpp, lequel fournissait la possibilité de remplir un questionnaire pour reporter un cas de discrimination. Lara Torbay nous explique que l’outil est toujours disponible sur le site de l’Université et il est à disposition de toute la communauté universitaire (étudiants, corps administratif, professeurs, etc.). Le formulaire est le résultat d’une collaboration de plusieurs années avec les différents corps de l’Université de Fribourg « Le but du formulaire est de créer une sorte de continuité par rapport aux mouvements qui prennent lieu dans ces jours et d’avoir des données statistiques pour voir si les membre de la communauté universitaire se sentent discriminées. En étant EquOpp, l’association universitaire pour la justice sociale, on devait créer un espace pour donner voix à toute personne, même à celles qui veulent parler mais qui préfèrent rester dans l’anonymat. Voilà la raison principale de la création d’un formulaire qui n’est pas du tout traçable et qui permet une forme satisfaisante d’anonymat ». L’outil ne veut pas se substituer aux services de médiation mais par contre elle tient à apporter une solution aux personnes qui se sentent mal à l’aise de s’engager dans de telles procédures.
Le format
L’élaboration des questions permet de reporter plusieurs types de discriminations, mais pas de reporter quelqu’un. « Le questionnaire a été créé de la façon la plus neutre possible, afin d’obtenir une vue d’ensemble et pas de débusquer un coupable. Le but, en effet, n’est pas de créer une répression, mais d’encourager chaque personne qui fait partie de la communauté universitaire à trouver sa propre voix et créer un espace solidaire » nous explique Lara Torbay. Le questionnaire va être accessible pendant ce semestre. Le Conseil des étudiant·e·s décidera ensuite s’il faudra garder le questionnaire, et ce dans le but de créer une sorte de continuité, monitorer l’évolution et continuer avec la réalisation d’un espace solidaire.
Les effets du questionnaire
Un des premiers effets est celui psychologique de décharge, nous explique Lara Torbay « Quand on est dans la rue et on vit par exemple une situation de harcèlement et on ne sait pas trop quoi faire on peut la reporter sur l’application EyesUp. Ceci nous permet de décharger et prendre conscience aussi de ce qui se passe autour de nous. Le questionnaire permettra donc aux personnes de se décharger un peu du poids et permettra d’agir de façon plus ciblée. Comme par exemple s’il y a X discrimination dans Y Faculté : dans ce cas Le Conseil étudiants, qui sera au courant des données statistiques, agira d’une façon ciblée sur la thématique ». Lara Torbay conclu « S’il y a un cas de discrimination il est maintenant possible de le reporter anonymement, sans aucune procédure. Toutefois si la personne veut s’engager dans une procédure elle peut toujours s’adresser au service de médiation de l’Université de Fribourg et si elle a besoin de soutien, elle peut se tourner vers les associations mentionnées à la fin du questionnaire, notamment vers EquOpp qui est toujours à l’écoute ! ».