Oil Productions : quand l’éthique rencontre le porno

Le porno représente  l’éducation sexuelle de la plupart des adolescents. La valeur sociale amenée par une meilleure représentation de l’érotisme est énorme. Mahalia Giotto, la “cofondateur” de Oil Productions, nous parle du porno éthique.

Oil Productions

Oil Productions est, selon les termes de ses créateur.trice.s,  un “collectif fluide” lausannois,  un incubateur de productions pornographiques éthiques créé en 2018 par Nora Smith, Mélanie Boss et Mahalia Giotto. Aujourd’hui le collectif compte sept membres. Le code éthique d’Oil Productions se focalise sur plusieurs choses: le consentement, le safe space, la représentation et l’éthique, plus précisément le respect de l’intégrité de chaque être humain. Cela se traduit par la rémunération des personnes impliquées sans discrimination de genre, l’application du droit de ragrd, des conditions de travail saines et valorisantes, une écoute attentive et la valorisation de la parole des artistes interprètes. Ces valeurs, explique Mahalia Giotto, sont présentes dans chaque production que cela soit explicite ou implicite. Le porno éthique ne porte, selon elle,  pas seulement une valeur de bonne conduite qui s’applique aux personnes impliquées dans la production, mais entretient  avec lui une valeur sociale et politique qui touche aussi les spectateurs.

Le porno comme mouvement politique

Souvent le porno éthique est associé au porno féministe en raison de la valeur politique et sociale que le corps de la femme acquièrt. Une association que Mahalia ne rejette pas totalement mais garde à distance des branches transphobes du mouvemetn féministe. L’intérêt du cofondateur pour le porno éthique est né lorsqu’elle s’est aperçue en regardant des films pornographiques, qu’il y avait des femmes qui ne semblaient pas éprouver de  plaisir.  : « Au sein de Oil Productions, on fait du porno éthique avant tout parce qu’on en  a envie, mais cela reste une forme d’activisme. On essaie de montrer qu’ il n’y a pas que les hommes qui peuvent faire du porno pour les hommes. Oil Productions, c’est de l’empowerment. Ici le porno n’est pas une activité dégradante . C’est un moyen de s’approprier un corps qui a été instrumentalisé par des hommes » affirme -t-elle. Le corps  dans la pornographie acquièrt donc une valeur extrêmement importante.

Illustration : Marie Schaller

Le corps dans la pornographie

Le corps, selon le cofondateur Mahalia Giotto, est quelque chose de strictement lié à l’esprit humain, lequel permet de créer des moments de connexion et de partage les uns avec les autres. « Il faut ressentir son propre corps, l’écouter car il nous parle. Le but de Oil Productions n’est pas de montrer que le sexe, ce ne sont que  des corps qui se masturbent,» explique la co-fondateur. C’est dans le porno éthique qu’un corps est censé reprendre sa valeur humaine, et que les thématiques comme la représentation et la découverte du corps acquièrent plus d’importance.

Le porno éthique comme outil à l’éducation sexuelle

Si Mahalia Giotto admet que le but premier de Oil Productions n’était pas de faire de l’éducation, il s’est toutefois avéré que l’enjeu de l’éducation ne pouvait pas être laissé de côté dans le porno éthique. Selon le cofondateur, l’éducation sexuelle devrait se baser sur le consentement et le plaisir à partir desquelles peuvent se construire les relations : « Pas mal des problèmes dans les relations sexuelles des gens viennent d’un manque d’éducation sexuelle.  S’il y avait des cours d’éducation sexuelle à un âge plus propice, comme celui du collège, où on dirait aux adolescents qui doivent se protéger, que non c’est non, que tant que la personne ne dit pas oui c’est non, peut-être que ce serait différent . À cet âge, on n’a pas forcément envie de parler à nos parents et on a tendance à  aller sur internet chercher des réponses. Ce n’est pas forcément la meilleure chose ».  C’est dans ce contexte qu’Oil Productions met l’accent sur le consentement et la diversité, l’objectif de la production est de s’éloigner des chemins binaires hétéronormés en incluant des catégories de pornographie qui sont moins traitées. Mahalia Giotto de conclure : « Le but c’est de montrer le consentement et le plaisir sous diverses formes, montrer que tout peut être beau tant qu’il y a du consentement et du plaisir de la part des performeur.euse.s ».